Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
Plusieurs lecteurs, perturbés par certaines affirmations rencontrées dans différentes lettres précédentes, ont souhaité des éclaircissements. Les questions les plus fréquentes concernent les performances relatives des différents systèmes de chauffage ou de climatisation. L'une des affirmations les plus choquantes pour certains a concerné le mauvais rendement constaté avec certaines chaudières à condensation. Ce qui, pour certains interlocuteurs, paraît impossible …
Comment cela est-il réellement possible ?
D'abord soulignons que ce n'est pas un problème de chaudière : vous pouvez très bien installer une chaudière à condensation performante (aux essais) et obtenir de mauvais résultats. C'est tout simplement dû à une température d'eau inadéquate adoptée dans votre système de chauffage. Nous touchons là l'un de mes refrains permanents : n'oubliez pas la compétence des intervenants. Quels qu'ils soient d'ailleurs, car dans l'exemple que nous avons choisi, il s'agit d'abord du mode de régulation (choisi lors de la conception), des consignes des aquastats (fixées au chantier souvent par le monteur), et des bases de calcul adoptées pour l'installation.
Pouvez-vous vous expliquer ?
Pour ce faire je vais utiliser des données un peu schématiques, mais fort proches de ce qu'on observe réellement. Ces données traduisent l'influence de la température sur le rendement que je prendrai par rapport au pouvoir calorifique supérieur du combustible (ce qui permet d'avoir une idée plus claire de la performance par rapport à 100%). Voila le tableau type (valeurs arrondies) :
température d'eau [°C] : 10 20 30 40 50 60 70 80 90
rendement [%] : 99 97,5 96 93,5 89 86,5 86 85,5 85
Dans cette chaudière, où la condensation n'a lieu qu'au-dessous de 54 [°C] environ, l'influence de la température de l'eau dans l'échangeur est manifeste. Si vous branchez sur cette chaudière un système de chauffage à eau chaude tout ou rien type (températures d'aller et retour types de 80 et 65 °C) vous n'utiliserez pratiquement pas le phénomène de condensation des produits de combustion. Et il ne faudra pas vous étonner que le rendement ne soit pas celui sur lequel vous comptiez. C'est - je pense - l'incident qui s'est souvent produit en Grande Bretagne, incident ayant conduit à la détérioration progressive du marché des chaudières à condensation.
Comment faut-il faire pour l'éviter?
C'est manifestement simple : travailler uniquement à basse température d'eau. Pour ce faire, qu'il s'agisse du neuf ou de l'existant, c'est la compétence de l'intervenant qui va compter. Beaucoup plus que les discours euphoriques, et sans nuance, qui nuisent à cette solution.
Les valeurs que vous donnez sont-elles générales ?
En valeurs numériques strictes non, mais en allure et tendance oui. Ainsi qu'en indication concrète du rôle des températures. Avec une très bonne chaudière à condensation par exemple, selon la température de retour du chauffage, vous aurez, en résultats, les ordres de grandeur suivants (rendements sur pouvoir calorifique supérieur pour éviter d'avoir des valeurs supérieures à 100%) :
température de retour d'eau : 30 °C 35 °C 40 °C 45 °C 50 °C 55 °C 60 °C 65 °C
rendement sur PCS [%] : 96 % 95 % 94 % 92 % 90,5 % 89 % 88 % 87,5 %
C'est dire l'importance de la conception et de la mise en place dans de tels systèmes. Exemple : si, au lieu d'utiliser des radiateurs calés sur 80-65 °C, vous utilisiez des panneaux calés sur 40-30 °C, l'économie de production serait de l'ordre de 10%. C'est dire l'importance du sujet quand on prétend faire des économies d'énergie …
La semaine prochaine nous examinerons les problèmes analogues rencontrés dans le domaine des énergies renouvelables …
Roger CADIERGUES