Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
22 Février 2010
J’ai, la semaine dernière, parlé de réseaux intelligents : voici ce dont il s’agit. Je ne suis pas l’inventeur de ce concept, loin de là, et je dois souligner q’il s’agit d’un thème de plus en plus souvent cité dans la littérature technique. C’est devenu, par exemple, un thème fondamental dans les démarches américaines actuelles, tous azimuts. Voici pourquoi.
De quel exemple voulez-vous parler ?
Comme il y en a plusieurs je mettrai de côté le lancement, par le gouvernement américain, d’un appel richement doté aux propositions de recherches sur les réseaux intelligents (smart grids). Tant que les résultats ne sont pas connus, il y a peu de conclusions à en tirer, sauf à marquer le centre d’intérêt. Mon second exemple est, lui, en pleine marche : il s’agit des efforts considérables faits actuellement pour ouvrir la norme de gestion technique (BACnet) à l’utilisation de réseaux intelligents. Cette norme, adoptée au moins partiellement en Europe en GTB, est devenue très volumineuse. Elle intègre désormais les réseaux électriques intelligents.
De quoi s’agit-il réellement ?
Alors que, jusqu’ici, les réseaux électriques étaient monolithiques, allant de la génération à l’utilisation, le réseau intelligent veut s’ouvrir à la prise en compte et à la mise en commun d’unités décentralisées, soit de stockage soit de production : microréseaux domestiques (photovoltaïque ou éolien local pour l’essentiel), miniréseaux locaux (universités, usines, etc.), réseaux urbains, centrales « biomasse », centrales « charbon propre », centrales nucléaires, centrales énergies renouvelables, etc.
En quoi est-ce nouveau ?
D’abord une plus facile intégration des productions et stockages extérieurs dans la gestion énergétique des bâtiments. Ensuite une plus grande souplesse de production d’électricité, qui peut être facilement décentralisée et mieux utilisée localement. Et la possibilité d’améliorer le bilan carbone à travers diverses procédures adaptées à ces réseaux.
Tout cela n’est pas spécifiquement américain ?
Au premier abord oui, mais il existe une raison américaine supplémentaire d’agir qu’il est intéressant de noter : la loi de sécurité et indépendance énergétique (Energy Independence and Security Act = EISA) votée en Décembre 2007 fait qu’en principe tous les bâtiments publics devront être « zero energy » à partir de 2030. Pour y parvenir, dès Novembre 2008, le National Institute of Standards and Technology (NIST) s’est attelé à la préparation de normes permettant de traduire les intentions précédentes dans les faits, et ce au sein d’un groupe spécialisé « Building to Grid » (B2G). Le travail de ce groupe est déjà très avancé, quatre familles d’objectifs précis ayant déjà été définies. Même si BACnet tente de s’intégrer dans ce mouvement, il est bien certain que c’est un sujet qui le dépasse. La réalité c’est le poids considérable du bâtiment dans l’utilisation de l’électricité aux USA : 72 %. A traiter de toute façon, GTB ou pas, BACnet ou non.
Peut-on en savoir plus ?
Sans doute, mais c’est pour nous d’un intérêt parfois limité, car il s’agit surtout – du moins très souvent – de fixer le régime des tarifs électriques. Le seul autre objectif du B2G que je citerai est essentiel : il s’agit d’analyser d’abord les différents obstacles (en particulier juridiques) au développement des réseaux intelligents.
La France ne devrait-elle pas s’inspirer de cet exemple ?
Peut-être, mais la France est d’abord – en matière de maîtrise de l’énergie - sous la coupe du Grenelle de l’Environnement. Dans ce cadre les bâtiments neufs sont tous concernés, qu’il s’agisse de bâtiments de l’Etat ou non. Je rappelle que, dans les obligations prévues par le Grenelle de l’Environnement tous les bâtiments neufs devront être « à énergie positive » à partir de 2030. Nous y reviendrons ...
Roger CADIERGUES