Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
2 Novembre 2010
Nous avons abordé, la semaine dernière, l’examen d’un projet actuel français de plus de quatre milliards d’euros. A mon avis, un projet qu’il est urgent d’annuler : nous allons voir maintenant pourquoi.
Quel est ce pourquoi ?
Il n’est pas illogique, loin de là, de songer à équiper notre pays d’un réseau intelligent : j’y reviendrai plus loin. Mais sur le plan pratique, il est manifeste qu’il ne faut pas commencer par les applications résidentielles. Et qu’il faut, très probablement, privilégier d’abord les applications tertiaires et industrielles, là où la tarification électrique fait jouer un rôle fondamental aux heures d’utilisation.
En quoi est-ce essentiel ?
Il s’agit de réaliser des systèmes électriques intelligents, probablement un seul système au niveau national.
Ce système s’appuiera, matériellement, sur un réseau intelligent alimentant des terminaux intelligents.
Ces terminaux ne sont-ils pas les compteurs que vous avez rejetés ?
Absolument pas, même s’il s’agit de compteurs, là réellement intelligents. Dont le rôle essentiel, en liaison impérative avec la gestion technique du bâtiment, sera de permettre une tarification électrique instantanée valable. Avec une gestion de la demande permettant d’éviter les pointes. Il s’agit donc de mettre au point des terminaux intelligents permettant au système de s’adapter aux besoins instantanés, en particulier pour les répercussions sur la production d’électricité. Il est manifeste que ce n’est possible qu’avec des unités gérant intelligemment les communications avec les installations desservies et leurs régulations et gestions techniques, l’intervention humaine (trop aléatoire) étant exclue sauf cas très particuliers.
Ne sommes-nous pas loin de cette situation ?
Nous en sommes loin si nous continuons en circuit fermé, comme l’impliquent les décisions du CRE, la commission de régulation de l’énergie : ce ne sont pas des décisions technocratiques dont nous avons besoin, mais des décisions industrielles.
N’y a-t-il pas un risque de courir au désordre ?
Certainement, une certaine normalisation est indispensable.
Est-ce vraiment possible ?
Sans aucun doute, et j’en veux pour preuve l’opération en cours aux Etats-Unis. Il s’agit d’un standard (201 P) en cours de mise au point par une action commune deux organisations :
. l’Association américaine des ingénieurs en génie climatique (ASHRAE),
. l’Association des industriels fabricants de matériel électrique (NEMA).
Cette norme commune sera le standard « Facility SmartGrid Information Model », déjà très avancé. Laissons donc les professionnels de l’ASHRAE et de la NEMA régler ce problème : il s’agit essentiellement de communications avec les installations intérieures. Ne cherchons pas à imposer des règlements obligatoires.
Sans doute, mais encore faut-il que le distributeur d’électricité ait la parole
Malheureusement, pour la France je crains bien des difficultés au niveau des pouvoirs publics dont les pouvoirs techniques deviennent excessifs, pouvant rendre impossible de parvenir à une solution simple.
Vous faites là une remarque très sévère …
Peut-être au premier abord, mais réfléchissons un peu. Il y a déjà bien des années, la France a passé plusieurs décennies à regrouper la multitude de centrales et distributeurs électriques répartis sur tout le territoire : ainsi est née EDF. Tout ce montage a été récemment détruit par des obligations européennes, qui se sont voulu le progrès suprême. La France a choisi d’y répondre par des décisions bancales, dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences, se traduisant par des désordres. Il eut mieux valu, sauf à refuser la décision européenne :
. créer un distributeur français unique d’électricité, totalement indépendant d’EDF,
. qui pourrait faire appel aux producteurs de son choix, EDF avec son capital investi restant évidemment l’un des premiers fournisseurs mais n’étant pas le seul. En clair :
1. Créer d’abord une structure nationale intelligente,
2. Ne mettre qu’ensuite en place le réseau intelligent (avec ses terminaux intelligents).
Faire que ce soit l’ensemble qui soit « intelligent » non pas des compteurs ne méritant même pas le qualificatif.
Roger CADIERGUES