Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
15 Février 2010
Très curieusement les médias européens se concentrent sur des solutions « vertes » plus ou moins spectaculaires, convaincus qu’il n’y a pas à rechercher des exemples outre-Atlantique dont chacun sait que c’est le pays « anti-Copenhague ». Situation sérieusement à revoir : même si le président des USA rencontre de nombreuses difficultés avec son Parlement, de multiples organes américains – publics ou privés – prennent, eux, bien d’autres initiatives en matière de développement durable. Dont certaines – et au moins l’une d’entre elles, qui n’est pas qu’américaine – vaut d’être notée.
De quoi voulez-vous parler ?
Avant d’examiner cette initiative je voudrais revenir sur la situation européenne, et en particulier française. Nous sommes abreuvés d’articles sur le photovoltaïque. Si nous laissons de côté les aspects trop souvent commerciaux, visant souvent à développer le marché de produits finalement chinois, le point essentiel reste le suivant : la France offre le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque le plus élevé du monde. Ce qui n’empêche que le photovoltaïque ne connaît pas les développements que certains attendaient. Même si, en Allemagne la situation parait un peu différente, le photovoltaïque restant l’une des seules solutions dès que le nucléaire a été abandonné, cela conduit à un courant presque deux fois plus coûteux qu’en France. C’est d’autant plus délicat à interpréter que la politique électrique métropolitaine française est assez maladroite.
Que voulez-vous dire ?
Que nous subissons de plus en plus, sous une forme parfois enfantine, les conséquences dangereuses de ce que certains appellent les « bâtiments à énergie positive » parce qu’ils produisent plus d’énergie qu’ils en consomment grâce à la production localisée. Malheureusement, en matière d’énergie, le problème n’est pas de fournir telles ou telles quantités annuelles : le problème est de fournir cette énergie quand on a besoin. C’est ainsi que le photovoltaïque - tel qu’il est pratiqué en France - ne fonctionne pas les soirs d’hiver au moment où les besoins sont maximums. Bien sûr, cette déficience du photovoltaïque passe inaperçue : c’est souvent, aujourd’hui, sans importance pratique … mais il faut penser à l’avenir.
N’existe-t-il pas des moyens d’obvier à ce défaut ?
Il y a plusieurs décennies, déjà, qu’on a tenté d’obvier au défaut que je viens de signaler. On peut, par exemple, utiliser l'électricité solaire pour fabriquer de l’hydrogène, facilement stockable et pouvant servir à produire du courant en temps utile, par exemple avec une pile à combustible. Mais, jusqu’ici, sous cette forme ou sous une autre, et pour des raisons multiples, la solution est trop coûteuse. Il faut donc songer à d’autres solutions.
Lesquelles ?
Reconnaissons d’abord que les Communautés européennes nous ont placé, avec leur crainte pathologique du manque de concurrence, dans une situation curieuse, où vous pouvez faire appel à de multiples fournisseurs : EdF, Suez-Gdf, etc … sans que vous puissiez garantir que le courant que vous utilisez est bien celui de ce qui semble être votre fournisseur : il faut passer par le réseau public, géré séparément, obligatoirement aveugle dans les conditions actuelles. A mon avis, il n’y a qu’une solution valable, je l’ai déjà dit :
. faire gérer la distribution par le réseau public tel qu’il existe actuellement, ce réseau étant seul chargé des contacts et perceptions auprès de la clientèle finale,
. limiter le rôle des sociétés telles qu’EdF à celui de producteur d’électricité, sans contact avec la clientèle finale.
Bien entendu un tel choix entraînera des protestations multiples, mais il faudra tôt ou tard y venir : le plus tôt serait le mieux. Dans ce cas le réseau lui-même devrait être un réseau intelligent (smart grid), une solution inévitable sur laquelle je reviendrai la semaine prochaine car elle est beaucoup plus avancée qu’on ne pourrait le croire.
Peut-on néanmoins en savoir maintenant un peu plus ?
Actuellement les réseaux électriques partent des producteurs vers les clients finaux : c’est une sorte de schéma monolithique, qui a d’ailleurs prouvé ses mérites. Mais, actuellement, en France, comme je l’ai indiqué, si nous acceptons la distribution unique qui s’imposera de plus en plus, l’urgence est de faire évoluer le réseau vers un réseau « intelligent », c'est-à-dire un réseau qui regroupe intelligemment toutes les productions, nationales ou locales, individuelles ou non. En y ajoutant, bien sûr, la prise en compte des utilisateurs finaux (à travers des conseils instantanés ou des avis d’emploi). Il faut donc passer à un réseau interactif : c’est à mon avis la seule solution raisonnable aux défis actuels. Pour bien montrer ce dont il s’agit, je vais prendre, d’abord et dès la semaine prochaine, deux exemples probants sur lesquels je reviendrai ensuite.
Roger CADIERGUES