À Nantes, le grand équipement scientifique Aquasim du CSTB se dédie à l’étude de l’eau et de ses réseaux, à l’intérieur et en dehors du bâtiment.
«Les laboratoires travaillent chez eux à l’échelle du bécher et viennent valider grandeur nature leur recherches à l’Aquasim », résume malicieusement Jean- Michel Axès, directeur du département « climatologie, aérodynamique, pollution, épuration » au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et, à ce titre, en charge d’Aquasim. Inaugurées en septembre 2010, les installations sont à la mesure des besoins. Quatre bassins de stockage (dont deux de 200 m3 chacun) récupèrent les eaux de pluie des 15 000 m2 de toitures du centre.
Une vingtaine de cuves (de 1 à 5 m3) visent à reproduire les huit types d’eau (eau potable, eaux usées, eau déminéralisée, eau grises, eau de pluie, eau de voirie, de rivières et eau chaude sanitaire).
« Leurs caractéristiques physicochimiques sont ensuite ajustées pour coller au plus près d’une réalité locale, explique Jean-Michel Axès. Ainsi, pour une étude, nous avons reproduit l’eau de pluie parisienne avec sa teneur en plomb, en zinc, etc. »
L’innovation dans les tuyaux
Aquasim ouvre ses bassins et ses réseaux aux PME innovantes, comme aux gros acteurs industriels (Suez, Véolia).
« Cet équipement se veut un outil de recherche et développement, continue son directeur. Beaucoup d’entreprises viennent nous voir pour améliorer leurs produits. La modularité de l’outil le rend très intéressant auprès des PME. »
Avec sept kilomètres de tuyauteries de toutes natures, pas moins d’une centaine de pompes et 760 vannes réparties sur l’ensemble du site, mais toutes contrôlées de façon centralisée, les possibilités de simulation sont multiples. Idéal pour reproduire des configurations de réseaux et des conditions d’usage spécifiques.
Outre l’équipement, une vingtaine de personnes, dont quinze docteurs (ès hydraulique, microbiologie, …), apportent leur expertise. En temps de disette pour la recherche française, Jean-Michel Axès souligne l’embauche de 13 personnes dédiées à l’eau depuis 2006.
« Nous avons bénéficié de la conjonction de plusieurs phénomènes. D’abord, une prise de conscience collective sur la gestion durable de l’eau et une évolution réglementaire notable. Celle-ci a consisté à rendre les gestionnaires de réseau responsables de la qualité de l’eau au point de puisage principale du logement et non plus seulement au compteur. Ils ont alors dû s’intéresser au réseau interne au bâtiment. On a vu l’émergence de nombreux produits nouveaux et innovants. Les besoins d’expertise, de recherche et de certifications ont crû en conséquence et le CSTB a donc mis ses moyens en adéquation. »
A. H.
DES RECHERCHES QUI VISENT UNE GESTION DURABLE ET SÛRE
- la récupération des eaux de pluie et leurs utilisations potentielles ;
- le recyclage des eaux usées (eaux-vannes) pour des usages non potables ;
- les risques sanitaires dans les réseaux intérieurs dont le risque « légionelle » dans l’ECS ;
- la durabilité des matériaux dans les réseaux intérieurs : comment l’eau agit sur les matériaux et comment les matériaux modifient l’eau ;
- la récupération d’énergie des eaux grises avec la conception d’un banc d’essai dédié, sujet où l’on voit se développer des offres commerciales ;
- la récupération d’énergie des eaux usées, une source d’énergie encore peu explorée.
Voici quelques-unes des thématiques sur lesquelles travaillent actuellement personnels et partenaires d’Aquasim :