Deux bâtiments du quartier de l’Arche Jacques Coeur de la ville de Montpellier ont été équipés d’un système couplant climatisation solaire et production d’ECS.
Avec 300 jours d’ensoleillement par an, Montpellier se targue d’être la ville « où le soleil ne se couche jamais ». L’office de tourisme local pourrait y ajouter que le soleil y sert aussi à faire du froid. Pour cela, direction le quartier de l’Arche Jacques Coeur, où deux bâtiments, l’un tertiaire (11 000 m2), l’autre composé de 170 logements, viennent d’être équipés d’un système de climatisation solaire. Un projet porté par la Société d’équipement de la région Montpelliéraine (Serm), volontariste sur l’emploi de technologies exploitant les énergies renouvelables. « Au départ en 2010, nous projetions de réaliser une simple installation de production d’ECS », se remémore Frédérick Cauvin, directeur du département énergie de la Serm. Profitant d’un appel à projets de l’Ademe sur de la climatisation solaire (Emergence ), la Serm étend son projet.
Groupe à absorption
Pour constituer son dossier, la Serm commandite le BE Tecsol, qui préconise une machine à absorption à bromure de lithium « simple effet » (un seul cycle thermodynamique, soit un évaporateur et un condenseur).
« C’est la technologie la plus commune et la plus ancienne dans le domaine de la climatisation solaire », commente Romain Siré, ingénieur du BE Tecsol. « Les machines utilisant le couple eau/ammoniac s’appliquent préférentiellement à la production de froid négatif. »
La machine à absorption de 35 kW (Yasaki) affiche un EER de 0,7. Le COP électrique annuel théorique (rapport de l’énergie fournie au circuit d’eau glacée sur les consommations électriques du groupe et des auxiliaires), calculé lors des simulations dynamiques, est de 16,6. Une tour aéroréfrigérante adiabatique évacue la chaleur sans produire d’aérosols, évitant les problèmes de légionelles. La machine à absorption est associée à 96 capteurs plans vidangeables « haute performance », fournis par Schüco.
Totalisant une surface utile de 240 m2, répartis sur deux terrasses, ces capteurs sont munis d’un double vitrage leur conférant un surcroît de rendement. La surface des capteurs a été volontairement surdimensionnée afin que le système de climatisation solaire puisse également produire de l’ECS, en bipassant le groupe à absorption.
« Le dimensionnement du système est en fait calé sur les besoins en intersaison, moment de l’année où la demande en climatisation est nulle, mais où la ressource solaire devient propice à une production importante d’ECS, précise Romain Siré. En hiver, le système produit seulement de l’ECS à partir de l’énergie solaire.
En été, cette ECS est produite en mettant à profit la chaleur extraite des locaux, à l’aide de la machine à absorption. » Le circuit primaire utilise de l’eau glycolée à faible concentration comme fluide caloporteur. Lorsque celle-ci atteint une température critique, les pompes de circulation sont mises à l’arrêt. Le fluide est alors récupéré dans un réservoir prévu à cet effet. Les frigories produites par le groupe à absorption empruntent le circuit d’eau glacée déjà présent dans les locaux, muni à ses extrémités de ventilo-convecteurs.
La mise en service est prévue cet été.
Idir Zebboudj
UNE TECHNOLOGIE MÛRE…, MAIS CHÈRE
- Pour ses promoteurs, cette installation a plus valeur de démonstrateur que de réel développement, la climatisation solaire mettant en oeuvre des technologies désormais matures…, mais chères. À titre informatif, il en coûtera, selon la Serm, quelque 400 000 euros pour la totalité de l’installation. Les abondements de l’Ademe s’élèvent à 56 000 euros, au titre du programme Emergence, auxquels s’ajoutent 47 000 euros au titre de la production d’ECS. La région Languedoc-Roussillon a également contribué au projet à hauteur de 47 000 euros.