Par Jean-Charles BRUNEL, Ingénieur Principal en Fluides chez ALBEDO Ingénierie environnementale
Fin Septembre 2016, un bâtiment accueillant un EHPAD de 84 lits et une crèche de 40 berceaux va être livré à Saint Germain en Laye (78). A travers le déroulement de ce projet, c’est surtout la collaboration entre les intervenants de l’équipe de conception-réalisation qui a permis d’optimiser financièrement et techniquement le bâtiment final.
Contexte
DEMATHIEU BARD IMMOBILIER a été lauréat en Novembre 2012, pour l’opération d’aménagement du lot A3 de la « Lisière Pereire » portée par la Ville de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines – 78), sur une emprise de 6 hectares attenante à la gare SNCF « Grande Ceinture » (desserte : La Défense, St Lazare) et en bordure de forêt domaniale.
Le programme lancé en consultation prévoyait à terme la cession de 9 lots (sur les 10 de la ZAC) pour des programmes de logements (libre, social et étudiant) et activités (bureaux, hôtel, EHPAD).
L’agence d’architecture Jacques Ferrier est architecte urbaniste de l’ensemble du quartier.
Un groupement emmené par DEMATHIEU BARD IMMOBILIER et composé de l’entreprise DEMATHIEU BARD BÂTIMENT IDF, de l’architecte BUREAU 112 et du Bureau d’Etudes Général ALBEDO INGENIERIE ENVIRONNEMENTALE s’est ensuite constitué.
L’objectif : construire un bâtiment comportant un EHPAD de 84 lits pour Médica ainsi que des plateaux de commerces. Demathieu Bard proposera le remplacement d’une partie des commerces par une crèche de 40 berceaux pour Babylou afin de créer un bâtiment intergénérationnel et ne conservera que 2 commerces (dont la surface sera finalement absorbée par la crèche et l’EHPAD).
En plein éco-quartier de la Lisière Pereire, le bâtiment proposé se veut à la fois être un repère visuel, notamment depuis la route nationale à proximité du projet, tout en s’intégrant dans son environnement piéton et les deux barres d’immeubles des sablières qui entourent le bâtiment.
Côté production d’énergie, le projet avait une obligation de raccordement au réseau de chaleur géré par Enerlay (filiale de Dalkia) et en cours de développement sur l’éco-quartier.
Echangeur de chaleur
Description du projet
Le bâtiment dont les entrées principales donnent sur le rue Henri Dunant, s’articule autour d’un patio central, servant de cour intérieure pour la crèche et qui vient égayer les salons d’étage de l’EHPAD. Un sous-sol technique abrite un parking et des espaces techniques de l’EHPAD.
Le bâtiment est organisé comme suit :
Crèche : une coque vide a été livrée à Babilou, qui réalise l’ensemble des prestations intérieures. La crèche possède ses raccordements propres aux réseaux électriques et d’eau potable. La chaleur est quant à elle apportée par un réseau depuis la seule sous-station du bâtiment, équipée d’un sous-compteur permettant une refacturation entre l’EHPAD et la crèche.
EHPAD : Le RDC accueille les bureaux administratifs, la salle à manger pour 60 personnes et la cuisine, ainsi que l’espace PASA. Les 3 étages accueillent chacun 2 groupes d’hébergements de 14 lits, le 1er niveau étant réservé aux personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives. La toiture accueille deux longues pergolas en bois de chaque côté du bâtiment, sous lesquelles viennent se dissimuler le groupe électrogène de secours et l’ensemble des équipements de ventilation. Quelques locaux techniques, dont la sous-station de chauffage urbain, sont situés au sous-sol.
Habillage en clain bois d’une partie des façades
Vues des équipements sous pergola bois
Description technique du projet
Le programme ne recherchant pas de performance supérieure à la réglementation et la source de chaleur étant imposée, le bâtiment a été conçu dans une recherche d’optimisation technique et financière.
Dans un premier temps, une conception architecturale efficace a permis de minimiser fortement les coûts en intégrant une structure béton, organisée suivant une trame répétitive permettant un avancement rapide des travaux gros-œuvre. Une quasi-similitude des trois étages permet également de simplifier les études comme les méthodologies de travaux. Enfin, le nombre important de gaines techniques confortablement dimensionnées permet de limiter les longueurs de réseaux de distribution, limiter les croisements et ainsi les problématiques de synthèse ; tout en assurant un rendu propre de gaines techniques où l’accès aisé à l’ensemble des organes facilite les travaux, les essais et la future maintenance.
De même, le projet en R+3, relativement compact, avec un sous-sol jouant le rôle d’espace tampon est isolé par l’extérieur. Grâce à ce principe et la bonne valorisation du réseau de chaleur dans le moteur de calcul thermique (60% biomasse, 30% cogénération et 10% gaz), une liberté importante était offerte dans le choix des équipements.
D’un point de vue système, l’ensemble des chambres et des locaux à pollution spécifique est traité en VMC autoréglable simple flux à fonctionnement permanent. Les zones administrations et les locaux communs ont une ventilation autoréglable double flux qui est arrêtée la nuit.
La cuisine, équipée de 3 hottes (Fours, cuisson et laverie) est équipée de son propre ensemble de ventilation (1 extracteur hottes four et cuisson avec réseau en acier noir soudé ; 1 extracteur laverie avec réseau aéraulique en inox, 1 centrale simple flux asservi au fonctionnement des hottes, ainsi qu’un caisson VMC à fonctionnement permanent pour les sanitaires et vestiaires).
L’ensemble du projet est chauffé par radiateurs basse température alimentés par 3 départs : Crèche, Chambres et « Administration/communs ». La production ECS semi-instantanée est réalisée en sous-station, grâce au chauffage urbain.
Vue d’une partie de la sous-station avec 3 départs radiateurs et 1 départ production ECS
Les eaux pluviales sont gérées par des cuves de rétention enterrées sous la voirie technique.
Une fusion en plein projet
En cours de projet (finalisation de phase PRO !), l’acquéreur initial de l’EHPAD Médica a fusionné avec Korian, ce qui a apporté quelques difficultés. En effet, Korian et Médica devaient déjà valider la nécessité de construire un nouvel EHPAD au vu de leur parc mutualisé. Finalement, Korian est devenu responsable de l’EHPAD et a demandé d’intégrer son propre programme au lieu de celui de Médica.
Entre réunions techniques et commerciales, le projet a été décalé d’un an environ, le temps de valider l’ensemble des modifications, certains points du programme Korian ne pouvant malheureusement plus être intégrés à ce stade d’avancement du projet.
Retours d’expérience
Changement de programme… changement des têtes de lits
Lors du changement de programme client, de nombreuses modifications avaient été apportées, discutées, validées, négociées, etc. La tête de lit voulue par Korian, différente de celle initialement prévue par Médica, faisait partie de ces modifications. Dans le flot de modifications, un sujet n’a pas été anticipé : la tête de lit Korian était plus large que celle de Médica, laissant sensiblement moins d’espace entre la tête de lit et la façade pour installer le radiateur basse température.
Lorsque l’entreprise a fit sa sélection de radiateurs en fonction des puissances et des largeurs disponibles, les radiateurs se sont retrouvés très grands (jusqu’à 2,10 m de hauteur pour les plus grands radiateurs). A la réalisation du local témoin, la commande du robinet thermostatique se retrouvait donc à une quinzaine de centimètres du sol seulement. Après avoir étudié plusieurs solutions, il a été retenu de mettre en place des têtes de commande déportées, installées en coin de la tête de lit.
Radiateur vers tête de lit
Travail collaboratif sur la régulation
Plusieurs sujets ont donné lieu à des échanges constructifs entre la maîtrise d’œuvre et les entreprises, afin d’assurer un rendu visuel et fonctionnel optimal, tout en maîtrisant le budget, les délais et les consommations d’énergie.
Un des bons exemples de ce travail collaboratif est sans doute la régulation des équipements de ventilation, et surtout de la partie « Salle à manger/salle à manger des familles/salon de coiffure ».
En effet, sans revenir sur l’ensemble des raisons qui ont abouti à faire un système dédié pour ces trois locaux habituellement traités distinctement, il faut savoir que la CTA traitait non seulement le renouvellement d’air, mais également le chauffage des locaux, ainsi que le rafraîchissement. Afin de limiter les opérations de maintenance dans la salle à manger, les seules batteries de chauffage et de rafraîchissement ont été celles de la CTA. Objectif ambitieux dans des locaux à l’usage différent, et donc aux besoins et horaires d’occupation divers.
Le salon de coiffure a ainsi été traité en débit fixe, sans consigne de température particulière.
La salle à manger des familles et le réfectoire ont quant à eux été équipés chacun d’un registre motorisé permettant de gérer une variation de débit, ainsi que d’une sonde CO2.
Extrait du plan de conception CVC
Ainsi, en contrôlant le débit soufflé dans chaque pièce grâce à l’ouverture des registres, et en jouant sur la température de soufflage lorsque cela n’est plus suffisant, il a été possible de traiter ces locaux grâce à un système commun. A noter que les locaux ont également été équipés d’une commande de dérogation : si le personnel appuie sur cette commande en journée, les paramètres horaires et CO2 sont bypassés et la CTA passe automatiquement en mode « occupation », c’est-à-dire en grand débit.
La nuit, le débit de la CTA est réduit autant que possible afin de ne pas créer de gêne acoustique. (Notons que les équipements de ventilation de la cuisine sont également programmés pour s’arrêter la nuit, en cas d’oubli d’arrêt de la ventilation par le personnel de cuisine).
Ce travail sur la régulation a aussi été complété d’une recherche sur l’ensemble des équipements de cette zone, de la CTA aux diffuseurs. La centrale de traitement d’air présente de très bonnes caractéristiques techniques, tant en étanchéité que sur les matériaux composants ces différents éléments. Les diffuseurs hélicoïdes ont été retenus pour leurs performances acoustiques mais aussi leur taux d’induction qui permet d’augmenter l’efficacité du traitement d’air.
Vue de la salle à manger principale
Zoom sur un des diffuseurs hélicoïdes de la salle à manger
Conclusion
Entre la candidature de Demathieu Bard Immobilier et la réception des ouvrages, presque 4 ans auront passé, puisque le chantier doit être réceptionné fin Septembre 2016. Un des éléments importants de ce projet restera le changement de programme en fin de phase PRO, qui a demandé une reprise importante des études de conception et un suivi fin du chantier (les entreprises ayant également travaillé en amont du projet, elles se trouvaient également pénalisées par ce changement et devaient reprendre une partie de leurs études). En pleine période d’OPR et d’essais en début de mois, les travaux avancent bien. Et comme toujours : après livraison, les péripéties du chantier doivent se faire oublier devant le résultat final.
Par Jean-Charles BRUNEL, Ingénieur Principal en Fluides chez ALBEDO Ingénierie environnementale
SOURCE ET LIEN
PROMOTEUR : Demathieu Bard Immobilier
50 avenue de la République 94550 CHEVILLY-LARUE
Site : www.demathieu-bard.fr
ARCHITECTE : Bureau 112
28 Rue Sainte-Croix-des-Pelletiers 76000 ROUEN
Site : http://bureau112.fr
BET Général, acoustique et VRD : Albédo Ingénierie environnementale
45 avenue Robert Hooke 76800 SAINT ETIENNE DU ROUVRAY
Site : www.albedo-hqe.com
Entreprise générale : Demathieu Bard Bâtiment IDF
50 avenue de la République 94550 CHEVILLY-LARUE
Site : www.demathieu-bard.fr
Tres bien sur le principe.
Mais comment vérifier que les promesses de performance soient tenues ?
Qui mesure la performance thermique ?
Celui qui l'annonce et qui l'a vendu ?