Par Jean-Pascal CHIRAT – Vice-président « thermique » de la Fnas
Quel est le marché de l'efficacité énergétique dans la rénovation du secteur résidentiel ? Quels sont les indicateurs, clignotants et marges de progression pour la filière professionnelle du génie climatique ? L'intervention de Jean-Pascal CHIRAT lors de la Convention de la FNAS du jeudi 16 mai 2013 dresse le bilan.
Ce bilan du marché de l'efficacité énergétique s'appuie sur l'édition Bâtiment Edition 2012 – chiffres clefs réalisée par l'ADEME, qui permet annuellement de mesurer les tendances et les évolutions de la maîtrise de l'énergie et de l'environnement dans le bâtiment.
Les objectifs sont de connaître l'évolution des opinions et des comportements des ménages français à l'égard de la maîtrise des consommations énergétiques de leurs logements, de positionner un état des lieux du secteur de l'existant, et d'évaluer les impacts de la politique énergétique menée dans le cadre du Grenelle de l'Environnement et des engagements européens et internationaux.
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- La récente étude de l'Ademe « Chiffres clés du Bâtiment 2012 » met en lumière les enjeux de réduction de la facture énergétique et de l'intensité énergétique finale de notre pays.
- Force est de noter que de vastes programmes d'actions ont été engagés (Plan Grenelle, DNTE – Débat National sur la Transition Energétique) et portent leurs fruits.
- La marge de progression en termes d'économie d'énergie dans le secteur résidentiel reste encore conséquente en raison de l'importance du parc de logements, de son âge et de son niveau de performance thermique.
- Le gisement potentiel d'efficacité énergétique pourrait donc être mieux exploité car le marché de la rénovation thermique des logements évolue peu et le remplacement des équipements vétustes apparaît plutôt statique.
- Les ménages restent cependant sensibles à l'amélioration de leur habitat, leur motivation et leur aptitude à passer à l'acte sont réelles.
- Pour autant que l'offre et la demande puissent se croiser, les moyens d'actions sont entre les mains de la filière professionnelle.
«La facture énergétique continue à croître et représente
à elle seule 88% du déficit commercial de la France»
«L'intensité énergétique finale diminue dans notre pays
mais cela reste encore insuffisant pour tenir nos objectifs.
Il faudrait accentuer la tendance de 30%»
«Le parc résidentiel compte plus de 33 millions de logements dont les 2/3 datent d'avant 1975 (premières RT) et mériteraient différents travaux amélioration»
En 2011, le secteur résidentiel compte 33,3 millions de logements répartis ainsi :
Répartition des 33,3 millions de logements
28 millions de résidences principales |
84 % |
«Les énergies fossiles et le chauffage par boucle eau chaude représentent 62% du parc résidentiel existant avec des équipements souvent vieillissants.
Cela constitue un gisement important d'économies d'énergie»
«Les travaux de rénovation énergétique dans le résidentiel représentent une dépense près de 14Mds € et concernent plus de 2,5 millions de logements»
En 2011, 38,76 milliards d'Euros ont été
engagés par les Français pour des travaux
d'entretien et d'amélioration de leurs logements.
Sur les 7 694 000 logements concernés,
2 533 000 ont fait l'objet d'une rénovation
énergétique pour un montant de 13,49
milliards d'Euros HT, soit plus de 35 % du
marché de l'entretien amélioration.
Le nombre d'interventions se répartit ainsi :
Parts de marché des travaux de rénovation énergétique
«34% des travaux de maîtrise de l'énergie sont destinés à l'amélioration du système de chauffage»
Les travaux sur le chauffage portent
principalement sur une première installation ou
le remplacement d'une chaudière (14 %). A
cela vient s'ajouter l'installation de systèmes de
chauffage ou d'eau chaude sanitaire fonctionnant
avec une énergie renouvelable (bois ou solaire)
(6 %) ou de pompes à chaleur (3 %). Ces trois
postes sont en nette augmentation, tout comme
les travaux sur les radiateurs (7 %).
Types de travaux réalisés par les ménages
«Cela a concerné 812000 logements en 2011 pour 3,52Mds €/an»
«La motivation principale à la réalisation de travaux de rénovation thermique reste la réduction de la facture énergétique; cette motivation prend de l'importance»
En 2011, le souci de réduire le montant de la
facture énergétique, en constante
augmentation depuis plusieurs années, progresse
fortement (37 % vs 31 % en 2010). Parallèlement,
l'amélioration de l'isolation thermique (28 %)
prend le pas sur l'amélioration du confort (26 %).
Cette tendance marque bien l'importance des
considérations d'ordre financière dans un contexte
de crise économique prolongée.
Raison principale pour la réalisation de travaux
«Les incitations financières et les conseils de professionnels constituent près de 2/3 des facteurs décisionnels pour les ménages»
Alors que les ménages restent réticents à s'endetter
pour réaliser des travaux de maîtrise de l'énergie,
l'aide représentée par le crédit d'impôt et la TVA
à taux réduit a un pouvoir incitatif important. Or,
dans un contexte de moindre visibilité sur le devenir
de ces aides et de davantage d'auto production
de travaux, l'incitation représentée par ces deux
aides financières diminue, en particulier pour la
TVA à taux réduit.
Ainsi, même s'il reste en tête, le crédit d'impôt
perd 2 points (27 % vs 29 %). On peut constater
une baisse sensible des demandes concernant des
équipements de chauffage au bois et plus encore
des pompes à chaleur.
En parallèle du moindre recours aux entreprises pour
la réalisation des travaux, le pouvoir incitatif de la
TVA à taux réduit recule de 7 points (15 % vs 22 %).
On note que les conseils de proches et de
professionnels arrivent en troisième place, avec
15 %, désormais à égalité avec la TVA à taux réduit.
Les informations fournies par l'ADEME et par les
Espaces Info Énergie comptent chacun pour
1 % des moyens d'incitation.
Les deux incitations les plus importantes
pour la réalisation de travaux
«Pour autant le parc d'équipements de chauffage existants est peu renouvelé et essentiellement en cas de nécessité»
Le parc de chaudières dans l’habitat individuel et collectif est supérieur à 15 millions de générateurs (toutes énergies et toutes puissances).
Son taux de remplacement se situe entre 2 et 4% selon les matériels installés, correspondant au volume annuel des ventes de chaudières (tous fabricants, environ 500 000 pièces) soit 1 échange tous les 25 à 30 ans.
Cela ne traduit évidemment pas une forte intention de modernisation de ce parc d’autant que le changement de chaudière répond le plus souvent à une nécessité d'urgence (casse ou usure technique) mais encore assez peu à une anticipation planifiée entrant dans un programme de rénovation thermique.
Les distributeurs professionnels, les énergéticiens, les entreprises et artisans, les fabricants de matériel, sont tous embarqués dans le marché de l'efficacité énergétique. Le potentiel est là et réel, et le conseil du professionnel est plus que jamais justifié pour passer à l'acte. Ainsi, pour inciter la demande, les offres de tous les intervenants cités doivent se moderniser, s'adapter pour répondre aux exigences des clients. La profession du génie climatique, tous ensembles, distributeurs compris, ont donc tout intérêt à inventer les nouvelles offres d'Installation et de services.
Téléchargez les documents :
Chiffres clefs Bâtiment 2012 - ADEME
Plan d'action efficacité énergétique
Politiques climat et efficacité énergétique
Par Jean-Pascal CHIRAT
Vice-président « thermique » de la Fnas
SOURCES ET LIENS
- www.ademe.fr
- www.fnas.fr
La distribution professionnelle chauffage-sanitaire, une profession organisée structurée.
Les distributeurs professionnels en sanitaire chauffage sont de 200 à être regroupés au sein de la FNAS (fédération française des négociants en appareils sanitaires, chauffage, climatisation et canalisations). Ils représentent 70 % du chiffre d'affaires de la profession et regroupe plus de 1350 points de vente dont près d'un millier de salles d'exposition en sanitaire et en chauffage ouvertes au consommateur. C'est la FNAS qui a initié et mis en place à certification « EnR Service pro ».