Traitement de l’impact acoustique des équipements d’une cuisine centrale

Y. LEDUC et C.RAMAUGE

Chronique
Publié le

Par Yohan LEDUC et Cédric RAMAUGé – ALHYANGE Acoustique

Cette chronique traite d’un sujet courant : l’impact acoustique dans l’environnement des équipements techniques d’un bâtiment de restauration. Cependant, la configuration du projet donne lieu à une solution acoustique originale pour traiter l’ensemble des équipements.

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Contexte : une cuisine centrale de 900 couverts

Le projet concerne la construction d’une cuisine centrale en liaison froide de 900 couverts, rattachée à l’EHPAD « Au bon accueil » à La Chapelle Saint-Laurent (79). Le projet est mené par le cabinet d’architecture Ad Hoc basé à Nantes, pour le compte de l’EHPAD.

Le parti architectural du projet était de s’intégrer dans son environnement (limite de centre bourg) tout en étant contemporain et dans une démarche de développement durable. Les équipements techniques (3 groupes froids, 2 CTA et 1 extracteur cuisson) ne devaient pas être visibles de l’extérieur et ont été positionnés dans un grand volume technique en toiture (couverture, parois en bardage bois plein ou ajouré).

Le site est implanté en zone urbaine, avec des riverains exposés autour du projet.

« Notons que le projet a été élaboré en BIM ce qui a permis des échanges fructueux avec l’ensemble des interlocuteurs et une optimisation du projet. » Jean-François LEROY, Architecte du projet.

comparaison des indicateurs

Localisation du projet


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Réglementation acoustique applicable

Le décret n°2006-1099 du 31 Août 2006 relatif à la lutte contre les bruits de voisinage limite l’émergence admissible du niveau sonore ambiant (comprenant le bruit perturbateur) sur le niveau sonore résiduel, en période diurne (7h – 22h) et nocturne (22h – 7h).

Émergence globale

Période considérée

Période diurne (7h-22h)

Période nocturne (22h-7h)

Emergence maximale autorisée

+5 dB(A)

+3 dB(A)

Les valeurs maximales de l’émergence globale sont à pondérer en fonction de la durée d’apparition du bruit perturbateur. Pour ce projet, il est considéré un fonctionnement des équipements supérieur à 8h par jour, donc sans terme correctif.

Émergence spectrale
L’émergence spectrale est définie comme la différence entre le niveau sonore ambiant (comprenant le bruit perturbateur) et le niveau sonore résiduel dans chaque bande d’octave. Ces valeurs d’émergences sont recherchées à l’intérieur des logements.

Bande d’octave

125Hz

250Hz

500Hz

1kHz

2kHz

4kHz

Emergence maximale autorisée

+7 dB

+7 dB

+5 dB

+5 dB

+5 dB

+5 dB



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Méthodologie

Afin de définir les objectifs de bruit maximum admissible au voisinage, une mesure acoustique de l’état initial a été réalisée au voisinage du projet.

Par la suite, un modèle 3D du site intégrant les différents bâtiments du projet et du voisinage est réalisé sur le logiciel CadnaA©. Le niveau sonore généré dans le local technique est calculé pour la période jour et nuit sur base des puissances acoustiques Lw fournies par les fabricants. Le rayonnement des différentes faces du local (toiture, ouvertures, équipements qui débouchent directement sur l’extérieur) est pris en compte et modélisé comme plusieurs sources acoustiques indépendantes.

A noter que la plupart des équipements fonctionneront uniquement de jour. Seuls 2 groupes froids seront en fonctionnement en période nuit.

Vue 3D du projet dans CadnaA

Vue 3D du projet dans CadnaA


Vue 3D architecte du projet

Vue 3D architecte du projet


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Traitements acoustiques envisagés

L’ensemble des équipements est regroupé dans un grand volume fermé en toiture, à l’exception des façade latérales du local pour permettre la prise d’air neuf et le rejet d’air vicié.

Etant donné l’encombrement du local technique et l’espace restreint, il n’était pas possible d’envisager de solutions standards de type pièges à son en amont et en aval de chaque équipement. Il n’était pas possible non plus d’envisager de fermer les parties latérales du local technique pour des raisons évidentes de ventilation du LT et d’amenée d’air.

Les solutions retenues pour traiter l’impact acoustique du local sont donc les suivantes :
- Mise en place de 36 « baffles acoustiques » au niveau des 2 grandes ouvertures latérales du local technique pour recréer l’équivalent d’un piège à son sur toute la surface ouverte qui permet le passage d’air mais limite la transmission du bruit.
- Traitement absorbant acoustique du plafond du local technique en panneaux de laine minérale haute densité type Acoustished pour limiter la réverbération du local ;

Acoustished

Acoustished


- Silencieux à baffles parallèles sur l’air-neuf d’une des CTA qui débouche à l’extérieur du local technique ;

Silencieux à baffles parallèles Acouphon sur CTA

Silencieux à baffles parallèles Acouphon sur CTA


Vue 3D du local technique avec traitements acoustiques

Vue 3D du local technique avec traitements acoustiques


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Résultats de l'étude acoustique

Sans les traitements acoustiques décrits ci-avant, les résultats des calculs acoustiques ont montré un dépassement des critères réglementaires sur certaines fréquences en période de jour, et sur l’ensemble des fréquences ainsi que sur le niveau sonore global en période nocturne. Les traitements acoustiques sont donc nécessaires au respect des exigences réglementaires et à la tranquillité des riverains.

Aves les solutions acoustiques dimensionnées, les niveaux sonores calculés au voisinage sont conformes dans toutes les bandes de fréquence et en niveau global, en période jour et nuit. Le gain calculé apporté par ses solutions a été de plus de 10 dB(A) sur l’impact acoustique du projet.

Cartographie sonore en dB(A)

Cartographie sonore en dB(A), à 4 m au-dessus du sol
Période Nuit sans traitement acoustique


Cartographie sonore en dB(A)

Cartographie sonore en dB(A), à 4 m au-dessus du sol
Période Nuit avec traitement acoustique


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Conclusion

L’étude acoustique de ce projet a nécessité de prendre en compte les différentes contraintes d’implantation et d’exploitation des équipements techniques et des locaux. Les solutions acoustiques habituelles de traitement individuel des équipements n’ont pas pu être mise en œuvre (le choix du Maître d’Ouvrage était que les éléments techniques liés au fonctionnement de la cuisine ne devaient pas être visibles depuis l’extérieur), et il a fallu réfléchir à l’échelle du local technique dans sa globalité pour limiter la propagation du bruit.

Les préconisations ont été effectuées en concertation avec l’architecte du projet et le BE Fluides de l’opération afin de respecter les contraintes aérauliques des différents équipements.

Les mesures de réception permettront, à l’issu du chantier, de vérifier l’efficacité des traitements mis en place et de valider la solution acoustique vis-à-vis de la réglementation.


Yohan LEDUC et Cédric RAMAUGé
ALHYANGE Acoustique – Agence Nantes

Yohan LEDUC et Cédric RAMAUGé

SOURCES ET LIENS

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