Le chauffage collectif au bois est menacé par les baisses des prix du gaz et du fioul
Bruno Léchevin, président de l’Ademe, a souligné lors d’un récent colloque du Cibe (Comité interprofessionnel du bois-énergie) que le bois-énergie pouvait contribuer « fortement » à la lutte contre le changement climatique en France. Pour sa part, Rémi Chabrillat (Ademe) a estimé que la part du bois-énergie serait « de plus en plus importante » dans le mix énergétique français au cours des trente prochaines années. Il a indiqué par ailleurs que le Fonds Chaleur allait commencer à aider financièrement de plus petites chaufferies bois. Toutefois, le colloque a mis en en évidence une certaine inquiétude de la filière du bois-énergie face à la baisse des prix des énergies fossiles. Le bois-énergie est de moins en moins attractif en collectif/tertiaire/industrie, reconnaît-on au Cibe. La compétitivité des réseaux de chaleur alimentés par le bois n’est plus acquise. On ajoute au Cibe que la viabilité de « nombreux projets » de chaufferies bois est aujourd’hui « très difficile ». Mais, d’autre part, on constate au Cibe « une forte prise de conscience » de l’intérêt des chaudières collectives bois à condensation.
Rendant compte, par ailleurs, de récents audits de chaufferies bois, Eddie Chinal (du BET Kalice) a dit avoir observé « de fortes marges d’optimisation », surtout en dessous de 3 MW, et, d’une façon générale, une « médiocrité » des rendements des réseaux de chaleur au bois. Il a regretté une tendance à surdimensionner les chaufferies bois - « souvent de 50% », a-t-il précisé. Il a insisté sur la nécessité, dès les études de faisabilité, d’une « plus grande attention » au dimensionnement des installations, ainsi que sur la nécessité d’améliorer à la fois la formation des personnels d’exploitation des chaufferies bois et la conception de la régulation de celles-ci. Il a souhaité aussi que les réseaux de chaleur proposent à leurs abonnés des interventions sur les réseaux secondaires afin d’obtenir des retours d’eau plus bas. On estime au Cibe qu’il y a aujourd’hui en France 2 125 chaufferies collectives bois à plaquettes humides de 50 à 999 kW (contre 1 928 à fin 2014) et 575 fonctionnant au granulé (contre 368). Et un millier de chaufferies bois de plus de 1 MW (contre 763 à fin 2014), avec une puissance moyenne de 5,8 MW et une puissance cumulée de 5,7 GW.
En matériels de génie climatique, voici quelle a été l'évolution récente du marché français selon les toutes dernières statistiques de l'INSEE, encore provisoires :
INDICES DE PRIX DE PRODUCTION POUR LE MARCHÉ FRANÇAIS :
- Radiateurs et chaudières pour le chauffage central : 94,2 en septembre 2015 (95,7 en septembre 2014).
- Equipements aérauliques et frigorifiques : 109,5 en septembre 2015 (112,2 en septembre 2014).
- Matériel aéraulique : 98,2 en septembre 2015 (99,7 en septembre 2014).
INDICES DE PRIX D’IMPORTATION :
- Radiateurs et chaudières pour le chauffage central : 105,2 en septembre 2015 (106,8 en septembre 2014).
- Equipements aérauliques et frigorifiques : 102,3 en septembre 2015 (103,6 en septembre 2014).
INDICES DE CHIFFRE D’AFFAIRES CVS-CJO :
- Commerce de gros de fournitures pour plomberie et chauffage : 108,2 en août 2015 (106,8 en août 2014).
- Production et distribution de vapeur et d’air conditionné : 104,9 en août 2015 (115,8 en août 2014.
Paris affirme une forte volonté d’investissements en génie climatique
La Ville de Paris vient de présenter un « plan stratégique » pour « accélérer » sa transition énergétique. Elle veut, en particulier, «éradiquer» d’ici 2018 le fioul utilisé aujourd’hui pour le chauffage de ses locaux techniques. Par ailleurs, 65 millions d'euros iront à la modernisation de 2.000 chaufferies municipales d’ici 2020, avec « chaque fois que cela est possible » le recours à des énergies renouvelables et de récupération. Les 300 chaufferies les plus énergivores seront remplacées d’ici 2020, ajoute-t-on. D’autre part, la municipalité engage un projet de supervision énergétique des centres thermiques de ses bâtiments. Par ailleurs, une centaine de sites parisiens potentiels de géothermie ont été identifiés, et le recours à la géothermie sera « démultiplié ». A la municipalité, on ajoute que 170 « dispositifs de récupération potentielle des eaux grises » (égouts, etc.) ont été également identifiés. En matière de récupération de chaleur, des travaux commencent sur une quinzaine de sites. A signaler notamment que, pour réchauffer l’eau du bassin d’une piscine, une récupération de chaleur sur serveurs informatiques sera installée dans le sous-sol du bâtiment. Plus généralement, des piscines municipales vont faire l’objet d’une rénovation énergétique. Et les travaux porteront, en particulier, sur l’amélioration des installations de génie climatique. Par ailleurs, la Ville de Paris prévoit le pose de pieux de géothermie couplés à une PAC pour les fondations d’immeubles de bureaux : 83% des besoins de chaud et 97% des besoins de froid seront ainsi couverts dès 2017, précise-t-on. D’autre part, sera réalisé un réseau caloporteur d’eau glycolée entre un échangeur en égout et une piscine, avec installation d’une PAC de 80 kW pour la production d’eau à 40°C. Ailleurs dans Paris, 200 écoles bénéficieront d’une rénovation énergétique d’ici 2020, en particulier au niveau des systèmes de chauffage. Par ailleurs, la Ville de Paris affirme sa volonté de « saisir toute opportunité de création ou de raccordement à un réseau de chaleur ou de froid ».
- EN BREF - En production de chaleur à partir de biomasse, la future Programmation pluriannuelle de l'énergie visera 12000 ktep en 2018 et 13000 à 14000 ktep en 2023, contre une production de 10700 ktep en 2014, vient d’annoncer la ministre en charge de l’énergie.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 16 Mars 2015