PAC : horizon prometteur, mais encore bien des efforts pour y parvenir
Afin de positionner la PAC en tant que système de valorisation de calories perdues ou gaspillées, l’Association française pour les PAC (AFPAC) met en place un partenariat avec l’Institut national de l’économie circulaire, une association qui, parmi ses membres d’honneur, ne compte pas moins de quatre anciens ministres de l’environnement. Lors de la récente Journée de la PAC, le député François-Michel Lambert, président-fondateur de cet institut, a indiqué que ce partenariat pourrait concerner, en particulier, les domaines de la fiscalité, de la réglementation, de la communication et de la formation. Lors de cette Journée de la PAC, Thierry Nille, président de l’AFPAC, s’est dit certain que, alors que, en maison individuelle neuve, les prix des PAC fournies aux CMistes sont aujourd’hui « très bas », une baisse finirait également par intervenir sur le marché de la rénovation, un marché « plutôt stagnant » en 2017, mais où les PAC hybrides (c’est-à-dire intégrant une chaudière) pourraient s’imposer, à terme, comme produit de « substitution », selon Thierry Nille. Par ailleurs, il a souhaité, pour le marché de la PAC, une croissance « régulière, modérée et maîtrisée » dans les années qui viennent. La filière de la PAC a besoin de visibilité, notamment au niveau des aides publiques, a-t-il ajouté. Il a indiqué d’autre part que, en maison individuelle neuve, la PAC double service détenait désormais plus de la moitié du marché, contre « un peu moins de 30% » pour le CET. Il a signalé par ailleurs que, en faveur de la PAC, il y avait aujourd’hui «d’énormes investissements» de R&D en Europe - une véritable « mobilisation » des fabricants, a-t-il dit.
A propos du marché des PAC géothermiques, il a estimé qu’il y avait « une tendance à la stabilisation » du marché, qui, d’après lui, est arrivé désormais « au bout de la décroissance ». Il s’agit maintenant de mettre en place énormément de mesures pour le relancer, a-t-il déclaré. Pour sa part, Jean-Jacques Graff (Association française des professionnels de la géothermie) a souhaité une aide publique spécifique en faveur des PAC géothermiques individuelles, aussi bien en neuf qu’en rénovation, et ce sur le modèle de ce qui a été mis en place dernièrement en Allemagne, où le marché a pu ainsi se redresser. Et même progresser de 21% l’an passé. Au sujet des boucles d’eau tempérée, Jean-Jacques Graff a estimé que cette technologie allait « émerger » et que des mesures réglementaires et fiscales devaient être prises en sa faveur. De son côté, Alexandre Dozières (DGEC) a annoncé qu’était envisagée la mise en place d’un animateur géothermique par « grande région », au sein de l’Ademe, alors qu’il n’y a présentement que trois animateurs régionaux de la géothermie en France.
Soulignant que la PAC est « un des principaux moteurs, et le plus dynamique », pour atteindre les objectifs de la France en matière d’EnR à l’horizon 2030, Alexandre Dozières a estimé, évoquant la future « prime CITE », qu’il n’était « peut-être pas utile de subventionner la PAC air/air », mais que, pour les autres PAC, et tout particulièrement pour les PAC géothermiques, des taux d’aide publique plus favorables que, par exemple, pour certains travaux d’isolation, pourraient être envisagés. En complément du CITE, les PAC pourraient, en outre, bénéficier d’un Eco-PTZ « simplifié », a-t-il ajouté. Il a dit aussi que, d’une façon générale, l’Etat envisageait de « rééquilibrer » ses aides au bénéfice des EnR et au détriment des actions de simple efficacité énergétique. De son côté, Nicolas Doré (Ademe) a déclaré que la PAC devait évoluer vers un « déploiement massif ». Il a ajouté que, d’ici à 2050, les PAC air/eau - qui seront toutes réversibles à terme, selon lui - s’imposeront sur le marché du résidentiel. En résidentiel, a-t-il poursuivi, la part des PAC dans la chaleur renouvelable devrait passer de 34% en 2035 à 47% en 2050, tandis que, en tertiaire, elle pourrait s’établir à 41% en 2035 et à 49% en 2050, et ce pour la seule application de production de chaleur renouvelable.
Pour sa part, Eric Bataille (groupe Atlantic) a présenté un indicateur d’impact des émissions de CO2 des générateurs de chauffage en phase d’exploitation, l’indicateur TEWI, qui fait apparaître que l’émission carbone d’une PAC air/eau à basse température au R410A s’élève à 65 grammes de CO2/kWh (dont seulement 7,4 g pour les fuites de fluides frigorigènes), contre 256 g pour une chaudière gaz à condensation et 339,5 g pour une chaudière fioul à condensation. De son côté, Odile Cauret (EDF R&D) a annoncé qu’était en cours de validation une méthode de mesure des performances réelles, en continu et in-situ, adaptée à tous les types de PAC et développée dans le cadre de thèses de doctorat associant EDF R&D et Mines ParisTech. Cette méthode doit permettre, à terme, un diagnostic «embarqué» à l’intérieur de la PAC. Autre intervenant de la Journée de la PAC, Roland Bouquet (Synasav) a annoncé que le groupe de travail maintenance de l’AFPAC allait prochainement publier un contrat d’entretien type, ainsi qu’une « check list » destinée aux techniciens d’entretien. Ce groupe de travail va rechercher, à présent, la meilleure façon de décider le consommateur à signer un contrat d’entretien de sa PAC. Il va aussi se pencher sur les compétences que doit posséder un bon technicien d’entretien de PAC. De son côté, Christel Mollé (Mitsubishi Electric) a estimé que la PAC au CO2 pourrait se développer en collectif dans les années qui viennent. De son côté, Thomas Nowak (Association européenne de la PAC) a jugé qu’il ne fallait pas viser trop haut en matière de COP saisonnier des PAC et qu’il fallait privilégier durablement un SCOP de 3, afin de ne pas alourdir le prix des machines. Si le marché européen des PAC doublait de taille, le prix des PAC baisserait de 20%, a-t-il pronostiqué.
- EN BREF - Notamment pour le chauffage et le séchage, la production des EnR thermiques dans le secteur agricole français pourrait, selon une étude de l’Ademe, totaliser : 1) en PAC aérothermiques et géothermiques : 28 ktep en 2023 (contre 13 ktep en 2015), 40 ktep en 2030 et 63 en 2050, 2) en solaire thermique : 13 ktep en 2023 (contre 3 ktep en 2015), 44 ktep en 2030 et 81 en 2050, 3) en biomasse chaleur : 1061 ktep en 2023 (contre 738 ktep en 2015), 1398 ktep en 2030 et 1619 ktep en 2050. L’étude observe que, pour les agriculteurs, « les modèles d’affaires reposant sur l’investissement dans une chaudière biomasse sont rentables et adaptés aux exploitations à fort besoin de chaleur ». Elle signale, d’autre part, que, en 2015, l’autoconsommation de biomasse et la mise en place d’installations de solaire thermique et de PAC ont représenté « 112 millions d’euros d’économies sur la facture énergétique des exploitations agricoles ».
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 5 Février 2018