Un Plan de rénovation énergétique plutôt favorable au génie climatique
Les objets connectés, l’intelligence artificielle ou encore la gestion intelligente des bâtiments ou îlots de bâtiments, offrent des perspectives de progrès radicales pour l’identification des rénovations énergétiques prioritaires et des travaux pertinents, ou pour la maîtrise des usages et l’évolution des comportements. Et ces innovations au service de la sobriété énergétique gagneront à être soutenues. C’est ce qu’indique le Plan de rénovation énergétique des bâtiments présenté par le gouvernement la semaine dernière. En matière de mesure de la performance réelle des bâtiments, ce plan juge que « le développement d’outils de mesure in situ allant au-delà des audits et calculs thermiques sera nécessaire ».
Le plan indique par ailleurs que la future prime CITE sera d’un montant forfaitaire par type d’équipement ou de prestation et que ce montant « tiendra principalement compte de l’impact de l’action considérée sur l’efficacité énergétique ou la production d’EnR ». D’autre part, cette prime CITE concernera aussi les prestations d’audit énergétique. Il est prévu également que les critères d’éligibilité des équipements à cette prime « seront alignés au maximum » sur ceux des CEE. A propos de ces derniers, on signalera qu’une opération standardisée CEE permettant d’obtenir une prime uniquement assise sur le gain de performance énergétique sera rendue opérationnelle d’ici fin 2018 pour les maisons individuelles. Par ailleurs, le plafond de prêt forfaitaire éco-PTZ élément par élément sera aligné sur la nomenclature de la future prime CITE.
Tout en affirmant une volonté de massification des « gestes élémentaires les plus performants et rentables » (comme, par exemple, le remplacement des systèmes de chauffage, explique-t-on au gouvernement), la puissance publique souhaite que tout cela se fasse « en cohérence » avec l’atteinte du niveau BBC-rénovation pour l’ensemble du parc immobilier en 2050. Un travail sera mené afin de définir ce que sont des travaux « BBC compatibles », c’est-à-dire des travaux par étapes compatibles avec l’atteinte finale d’un tel niveau, ajoute-t-on. Dans le même esprit, le plan prévoit que des modulations de la future prime CITE ou du futur éco-prêt seront étudiées pour « récompenser » les logements réalisant des parcours complets de rénovation, « même par étape ». D’une façon générale, le plan insiste sur la nécessité de s'assurer que les travaux réalisés ne créent pas de pathologie (exemple : parois rendues étanches sans installation de système de ventilation).
Au sujet de RGE, le plan affirme une volonté de faire évoluer le dispositif « pour garantir une meilleure qualité des travaux tout en limitant le coût pour les entreprises ». Le contrôle de la qualité des travaux RGE sera renforcé. Par ailleurs, à partir de 2019, le recours à des professionnels RGE sera obligatoire pour toute opération aidée par l’Anah. Le plan prévoit, d’autre part, que les CPE seront « encouragés » et leur usage « facilité » ; que les DPE seront «fiabilisés», avec notamment la mise à jour et l’unification de la méthode de calcul ; et qu’un « grand plan de formation » aux évolutions des règles de l’art de la rénovation énergétique sera mis en place dans l’enseignement professionnel. Par ailleurs, l’État affirme sa volonté d’améliorer le suivi des consommations et le pilotage global de son parc immobilier, avec pour objectif une diminution de sa consommation de 15% d’ici 2022 par rapport à 2010. Le financement à la rénovation du parc public sera conditionné à l’installation de systèmes actifs de gestion des consommations, ajoute le plan. A signaler, d’autre part, qu’une signature publicitaire commune de la rénovation énergétique fera l’objet d’une « large » campagne de communication de l’Ademe à l’automne 2018. Le plan souligne par ailleurs que, dans les territoires d’outre-mer, «l’attention portée à la qualité de l’air (ventilation, brasseur) et à l’usage de la climatisation ou du chauffe-eau solaire sont les enjeux principaux ».
Mobilisation de la recherche française pour le stockage de chaleur
Le stockage souterrain de la chaleur doit être un composant d’un système énergétique local pour la décarbonation des bâtiments. C’est ce que vient de souligner une étude de l’Ancre, organisme regroupant 19 centres français de recherche (dont le CNRS et le CSTB). L’Ancre souhaite, notamment, « plus d’effort public de R&D » en matière de stockage de chaleur par réaction chimique. Ce stockage thermochimique, qui n’est pas envisageable pour le stockage à court terme, est bien adapté, par contre, à du stockage thermique saisonnier, car moins rapidement réversible qu’un stockage sensible, explique-t-on à l’Ancre. Ce stockage sensible, toutefois, peut avoir un intérêt via le stockage souterrain (dans des aquifères naturels ou des roches), car cela permet de grandes capacités de stockage. A l’Ancre, on précise que des équipes françaises de recherche travaillent à optimiser et sécuriser ces stockages souterrains de chaleur. A signaler, à ce propos, le projet « ABC Storage », pour lequel un démonstrateur est cours de réalisation au BRGM et qui concerne un système associant stockage d’énergie électrique et stockage inter-saisonnier d’énergie thermique par sondes géothermiques, avec transformation d’électricité photovoltaïque en énergie thermique par PAC. L’objectif est de parvenir à une « gestion dynamique » de l’injection de chaleur dans les sondes en fonction des capacités de production photovoltaïque et des besoins du bâtiment, explique un responsable de ce projet « ABC Storage », qui associe le BRGM, Armines et la société francilienne Accenta. Née en 2016, Accenta est spécialisée en stockage thermique en vue de produire du froid ou de la chaleur pour les bâtiments.
Entre autres projets français de recherche sur le stockage d’énergie, on citera « ULHyS » qui, lancé en 2016 et fédérant une dizaine de laboratoires, travaille en particulier sur le stockage d'énergie pour l’habitat et le tertiaire, avec intégration d’une pile à combustible. On notera par ailleurs que l’un des membres de l’Ancre, IFP Energies Nouvelles, s’intéresse, pour sa part, au stockage de chaleur générée par compression de l’air et, en particulier, à l’optimisation des échanges thermiques dans les phases de compression et détente du gaz, ainsi qu’à la conception de réservoirs d’air sous pression.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 5 Février 2018
Stockage souterrain dans les roches: un trentenaire presque quadra qui renait..ouf...une nouveauté!