Le solaire thermique espère « ressortir du trou » bientôt et renouer avec la croissance
Lors des récents Etats Généraux de la chaleur solaire, organisés par Enerplan, David Marchal, directeur adjoint de la direction Productions & Energies Durables de l’Ademe, a dit qu’il s’agissait aujourd’hui de « redonner du souffle » à la filière du solaire thermique (ST). Pour sa part, Valérie Laplagne (Uniclima) a annoncé que, en 2017, le marché du SSC - désormais un « marché de niche » - était redevenu positif, alors que celui du Cesi continuait de régresser, tandis que celui du ST collectif, étale, avait cessé de diminuer. Les difficultés sont derrière nous et tous les signaux sont au vert, a-t-elle déclaré. De son côté, Philippe Haïm (Coénove) a dit qu’il fallait « redonner l’envie » du ST aux Français, en communiquant sur des réalisations exemplaires.
Pour sa part, François Gibert (Enerplan) a reconnu que, en ST collectif, le contexte était « très morose ». Et que le ST, d’une façon générale, était « au fond du trou ». Mais, a-t-il ajouté, il y a des « motifs » d’espérer qu’« un nouveau cycle de croissance » s’enclenche. Par ailleurs, il a qualifié d’important le potentiel de baisse des coûts du ST collectif en cas de gros volumes de vente. Il a estimé également que le SSC allait faire son retour en collectif. Il a signalé par ailleurs qu’un des leviers de relance du ST collectif pouvait être la vente d’énergie solaire au kWh, avec des contrats pluri-annuels à prix garanti, et ce à l’image de ce que proposent les jeunes sociétés françaises NewHeat et Sunti, spécialisées dans les centrales solaires thermiques. Kevin Mozas (Sunti) a dit toutefois que, sans le Fonds Chaleur, ces centrales ne seraient pas compétitives. Par ailleurs, François Gibert (Enerplan) a estimé que l’augmentation du taux de couverture solaire, avec sur-dimensionnement des installations, était un des leviers susceptibles de dynamiser le ST. Cependant, Daniel Mugnier (Tecsol) a reconnu que « du chemin restait à parcourir » pour arriver à une telle augmentation. Il a ajouté toutefois que « la R&D en France avait là une occasion unique d’être redynamisée ». Pour sa part, David Marchal (Ademe) a déclaré que l’Ademe n’excluait pas la possibilité que des projets d’augmentation du taux de couverture solaire bénéficient d’aides du Fonds Chaleur.
La filière solaire thermique attend beaucoup de la Contribution Énergie Climat
De son côté, Richard Loyen (Enerplan) a estimé que le décrochage du ST par rapport à l’objectif de la PPE n’était pas « une fatalité ». Il a insisté, d’autre part, sur l’importance de la (Contribution Énergie Climat), qui « va tout changer ». Il a annoncé par ailleurs qu’Enerplan avait commencé à produire, à destination des maîtres d’ouvrage, des vidéos de promotion du ST collectif et du SSC pour habitat individuel. D’autre part, il s’est félicité d’un début de rapprochement entre Enerplan et la Fedene, avec en particulier la possibilité que des « CPE solaires » soient intégrés dans des CPE globaux de bâtiment.
Autre intervenant des Etats Généraux de la chaleur solaire, Benjamin Haas (Crigen) a rendu compte d’une étude relative au label E+C- et portant sur un «collectif» en zone H1a, étude d’où il ressort que, parce que, entre la RT 2012 et le niveau E2C1 du label, il y aura peu de surcoût en chauffage/ECS, les parts de marché des différents types de systèmes chauffage/ECS ne devraient pas être fondamentalement bouleversées par ce niveau E2C1. Par contre, au niveau E3C1, il y a un « gap », a-t-il dit, et le photovoltaïque deviendra indispensable, et ce même pour le chauffe-eau solaire collectif ; en fait, seuls y échapperaient les réseaux de chaleur « très EnR ». Les appareils à effet Joule, quant à eux, auraient besoin de davantage d’isolation thermique pour atteindre le niveau E2C1, et ils disparaitraient en E3C1.
Pour sa part, Rodrigue Leclech (BET Pouget) a rendu compte d’une récente étude Pouget pour Enerplan d’où il ressort qu’une obligation réglementaire de ST ne suffirait pas à développer le marché. De son côté, Nadine Berthomieu (Ademe) a estimé que, dans l’existant, l’augmentation de la CCE devrait faciliter l’hybridation de chaudières collectives avec du ST, tandis que, dans le neuf, les exigences d’un Cep à 50 kWh/m² devrait faciliter la progression des EnR thermiques en collectif. Elle a dit par ailleurs que l’Ademe croyait beaucoup en la solarisation du chauffage urbain. A ce propos, Mathieu Eberhardt (Auvergne-Rhône-Alpes Energie Environnement) a indiqué que sa région - qui participe au projet européen Solar District Heating (2016-2018) - avait commencé à fédérer des professionnels du chauffage afin de développer à la fois l’offre et la demande en matière de chauffage urbain solaire. Divers outils (en particulier, de dimensionnement), ainsi que des formations, seront proposés. Une première réalisation est en cours à Voreppe (Isère), où 200 m² de capteurs solaires vont alimenter un réseau de chaleur. Et trois études de faisabilité ont été lancées concernant des réseaux de chaleur à Chambéry, Clermont-Ferrand et Pélussin, une dizaine d’autres réseaux étant également intéressés. De son côté, Fabrice Bettwy (Ademe Auvergne-Rhône-Alpes) a expliqué que, dans sa région, des audits de 19 installations ST collectives en dysfonctionnement ou en arrêt total avaient mis en évidence, en particulier, des surdimensionnements, ainsi que des schémas trop complexes. Les capteurs solaires fonctionnaient bien, a-t-il souligné. En fait, les problèmes venaient essentiellement de la conception, de l’installation et/ou de la maintenance. De son côté, Olivier Godin (Solisart) a expliqué que le chauffage solaire était «aussi intéressant dans le neuf qu’en rénovation, ainsi qu’au nord comme au sud de la France». Et qu’il était adapté aux locaux équipés de radiateurs, avec des performances « similaires à celles obtenues avec des planchers chauffants ». Pour sa part, Eva Hauser (de l’institut allemand IZES) a signalé une tendance nouvelle, en Allemagne, à « maximiser » le ST au moyen de capteurs très inclinés. Enfin, Claire Barais (Ademe) a indiqué qu’il y avait en Bretagne un potentiel important pour le ST dans le secteur de l’élevage.
- EN BREF - Au troisième trimestre 2017, selon la dernière enquête trimestrielle de conjoncture de la Capeb qui vient de paraître, les entreprises artisanales de chauffage/plomberie/couverture ont enregistré une croissance de chiffre d’affaires de 0,5 point par rapport au trimestre précédent. Chez les entreprises artisanales d'électricité, la hausse est également de 0,5 point. Par ailleurs, au second trimestre 2017, le chiffre d'affaires des petites entreprises de chauffage-plomberie-sanitaire a reculé de 1,9% par rapport à la même période de 2016, selon la dernière enquête trimestrielle de conjoncture de la FCGA qui vient également de paraître.
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 19 Juin 2017