Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous avons tout au long des chapitres construit des synergies : pour la plupart aisées, transition énergétique et transition écologique. Puis, synergie avec l’économie circulaire, le confort, la santé, le bien-être puis avec la biodiversité.
La dernière entre la dynamique du Bâtiment responsable et celle du Bâtiment augmenté est possible mais pas acquise : elle nécessite une attention politique et sociétale particulière.
1 - Les synergies heureuses : Energie carbone, économie circulaire, santé, confort, bien-être, biodiversité
Tout d’abord la rencontre entre la Transition Energétique et la Transition Environnementale s’est imposée naturellement. Elle a trouvé une synthèse dans E+ C-
Mais la transition environnementale comporte d’autres aspects que la lutte contre le réchauffement climatique : notamment le non épuisement des ressources de la planète et l’utilisation intelligente des ressources rares non renouvelables, c’est l’économie circulaire appliquée au bâtiment et à la ville qui sera la réponse.
Nous avons vérifié, creusé les synergies entre le Bâtiment performant (énergie, carbone, ressource) et la santé et le confort. Le mariage est heureux ; il est la partie désirée, souhaitée qui nous ouvre des horizons prometteurs, qui nous donne envie de se projeter dans l’avenir : c’est la fréquentation d’un certain hédonisme, d’un plaisir de vivre autrement dans le bâtiment et dans la ville.
Et puis il y a la grande rencontre avec la gestion de la biodiversité présentée comme synergie improbable voire impossible, nous avons montré qu’au contraire elle pouvait être fertile, créatrice de potentialités nouvelles. Au point même comme nous l’avions fait dans le TOME I en créant le BEPOS (synergie improbable entre le Bâtiment et l’Energie) de créer, d’envisager la notion de Bâtiment à biodiversité « positive ».
Le Bâtiment, la Ville ne sont pas des obstacles à la biodiversité mais peuvent apporter des solutions : un renversement de perspectives qui nous oblige en quelque sorte à envisager le Bâtiment et la Ville comme des êtres vivants susceptibles de jouer sur le terrain du jeu de la Biodiversité.
Voilà donc un bref résumé des synergies heureuses.
Les derniers chapitres sont venus décrire la formidable dynamique des bâtiments à objets connectés, des possibilités nouvelles de services autorisés à l’échelle du bâtiment et de la ville grâce au digital et à l’intelligence artificielle.
Nous l’avons résumé sous le terme de Bâtiment augmenté. Nous avons implicitement supposé que toutes les potentialités du Bâtiment augmenté seraient à la disposition, au service du bâtiment responsable.
Il faut s’interroger objectivement et creuser cette question.
2 - Le Bâtiment augmenté au service du Bâtiment responsable. Possible mais pas gagné
Nous nous interrogeons d’autant plus que le train du bâtiment augmenté (et de la ville augmentée) est lancé à toute vitesse. L’offre semble avoir pris le dessus et veut nous « modéliser » pour que nous soyons de « gentils consommateurs » plus ou moins addicts (on pense à la dynamique des cinq du GAFAM).
Dès lors comment reprendre le contrôle : ce qui a été l’ambition centrale du Bâtiment responsable (reprendre le contrôle du BEPOS).
Nous voyons que le Bâtiment augmenté permet de faire du bâtiment une formidable plateforme de services qui se complètent et s’épanouisent à l’échelle du quartier et de la ville. Certains services nous donnent des possibilités de modes de vie plus responsables au regard des questions énergétiques, environnementales, de santé et de biodiversité.
Mais d’autres services en quelque sorte « superflus » peuvent avoir un effet contraire. Déjà apparait une croissance non contrôlée des coûts énergétiques de traitement des données : c’est particulièrement non souhaitable dans le cas d’exploitation à des fins de publicité intrusive, de consumérisme agressif.
Comment faire le tri ? si ce n’est en veillant à l’organisation des services à l’échelle territoriale en reprenant le contrôle de nos données personnelles, de celles de nos bâtiments et de nos villes : c’est l’image du cerveau qui doit rester dans le bâtiment ou dans la ville avec un système politique de décisions démocratiques locales.
C’est à cette condition qu’il y aura synergie positive. Elle est souhaitable, possible mais pas gagnée.
Alain Maugard
« Le Bâtiment Responsable - Le Bâtiment Augmenté » - Regards d'Alain Maugard -
Mars 2018
A PARAITRE en Mars 2018 l’EBOOK Gratuit !
Cher lecteur d’Xpair,
Prochainement à la fin du mois de Mars 2018, Alain Maugard fera paraître le Tome II « Du Bepos au Bâtiment Responsable 2020/2030 » suite de son Tome I « Le Bepos pour tous » publié en 2015.
Dans ce nouvel ouvrage électronique qui sera également distribué en libre distribution, il développera la notion de BEPOS, dont il est à l’origine, pour nous amener à réfléchir et à agir sans tarder sur le bâtiment responsable, c'est-à-dire conçu par des individus responsables et pour des individus responsables.
A très bientôt donc !
À propos de l'auteur
Alain Maugard
Polytechnicien et Ingénieur des Ponts et Chaussées, Alain Maugard a occupé des fonctions de direction au ministère de l'équipement et de la construction. Il a dirigé l'EPAD (établissement public pour l'aménagement de la région et de la défense) et a été Président du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB).
Actuellement, président de QUALIBAT, il co-préside le groupe de travail RBR 2020 / 2050 et co-anime également le Plan de Rénovation Energétique de l'Etat.