Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Le Bepos est donc acquis. La loi sur la transition énergétique qui va être adoptée par le parlement le consacre, sans toutefois le définir. Ce qui va maintenant obliger à définir les contours par décrets successifs. Ceux qui auront en charge de rédiger ces décrets s’inspireront sans aucun doute sur ce que nous avons écrit dans le Tome 1 qui traitait du Bepos ou bâtiment à énergie positive « Bepos pour tous ». Cependant l’histoire du Bepos continue vers un bâtiment d’une autre dimension, le bâtiment responsable.
L’origine de ce « bâtiment responsable » vient de la réflexion conduite par un groupe de travail du plan bâtiment durable qui avait déjà réfléchi à la RT 2012 et à qui on a demandé de réfléchir à une nouvelle RT, la RT 2020. Très vite, le groupe a considéré que cela ne serait pas raisonnable de continuer à ne garder que la dimension énergétique. Et qu’à l’évidence si nous ne prenions pas en compte d’autres dimensions inhérentes au bâtiment, nous irions vers un déséquilibre dans les performances mêmes du bâtiment en hypertrophiant la performance thermique au détriment des autres performances directement tournées vers l’individu ; il fallait donc aller au-delà et équilibrer les performances demandées, sachant que jusqu’à maintenant, nous avions aussi un peu sous optimisé la performance carbone.
Petit à petit les membres du groupe qui s’est appelé RBR « Réglementation Bâtiment Responsable » ont été conduits à lancer cette idée de « bâtiment responsable ». Disons-le, c’est un mauvais titre comme est réducteur l’expression la ville durable ou le bâtiment durable. Car ce n’est pas le bâtiment ou la ville qui est durable, c’est le bâtiment ou la ville qui permet des modes de vie durables. Ainsi le bâtiment responsable est celui qui permet des modes de vie responsables. Dans le bâtiment responsable, il y a l’idée de plus de responsabilité dans les modes de vie des individus et des citoyens et nous avons préféré cette option plus ambitieuse à celle de bâtiment durable. C’est ainsi une volonté manifeste de mettre l’usager au centre de la réflexion en phase avec une évolution de société.
Soit l’on se contente de transformer les objets, par exemple, les ouvrages de bâtiment et les véhicules en les rendant plus performants, et c’est un premier pas nécessaire. Soit il est possible d’aller plus loin et d’une manière efficace et peu coûteuse, en impliquant les citoyens et leurs modes de vie. Ainsi l’appellation « bâtiment responsable » qui désigne un bâtiment qui autorise un mode de vie responsable est nettement plus forte et plus impliquant que la terminologie bâtiment durable.
La deuxième idée qui a prévalue, est que de plus en plus nous devons nous projeter au-delà de 2020. C’est à dire que l’horizon ne s’arrête pas à 2020, de la même manière qu’il ne s’est pas arrêté à 2012 (RT2012, …). Et lorsque nous regardons les échéances qui sont indiquées dans la loi sur la transition énergétique, bien entendu, nous parlons de 2030 mais également de 2050. Ainsi 2020 n’est qu’une nouvelle étape d’une « immense et bien plus importante aventure ». C’est ainsi qu’il y a des objectifs de baisse de 20% de la consommation d’énergie finale en 2030 et de 50% en 2050, des objectifs de baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre sur la période 1990-2030 et de part des énergies renouvelables de 32% en 2030.
Alors comment faire pour aborder la réflexion RBR « Réflexion Bâtiment Responsable », par quoi commencer sachant que la problématique est immense et globale comme la solution ?
C’est ce que nous verrons lors de notre prochaine chronique …
Alain Maugard
Bonsoir,
Votre réflexion sur le bâtiment responsable me semble intéressante.
Pour ma part, je remarque que les logements ont augmenté de surface / années d'après guerre, que le niveau de confort a également été amélioré, que de nombreuses personnes seules vivent dans des logements trop grands pour elles, que des surfaces considérables sont vides (4 millions de m2 en IDF). Du coup, pour moi la responsabilité de tous n'est elle pas de faire d'abord de l'économie sociale et solidaire, de refuser de laisser des surfaces vides trop longtemps. Je me demande aussi si la course au confort et au luxe est bien raisonnable dans un monde de plus en plus tributaire des contraintes réelles.