Par Bernard REINTEAU, journaliste spécialisé le 25 Novembre 2019
Les développements techniques vus au congrès de la Fedene
Compte-R : biomasse et thermodynamique
Le fabricant français de chaudières biomasse de grandes puissances – de 150 kW à 10 MW – met à profit sa technologie pour proposer des solutions souples 150. Deux exemples. Primo : les chaudières peuvent être connectées en cascade pour, à la fois, mieux maîtriser les puissances appelées, améliorer les performances, réduire les émissions de gaz carbonique et d’oxyde d’azote. Secundo : les chaudières peuvent être équipées d’un condenseur sur le retour du réseau de chaleur urbain, et l’énergie récupérée – une température d’environ 45°C – sera exploitée comme source froide d’une pompe à chaleur.
Bruno Chieze, direction commerciale et grands projets de CompteR : « Les solutions de chaufferies biomasse en cascade améliorent les performances et réduisent les émissions de CO2 et de NOx à faible puissance. »
Cetetherm : Aquagenius, le retour !
Le fabricant d’échangeur à plaques Cetetherm propose son préparateur d’eau chaude sanitaire AquaEfficiency en deux versions et trois types d’échangeurs. Ce digne héritier de l’Aquagenius qui a marqué la réputation de l’entreprise est proposé :
- en version instantanée pour une association avec un ballon de stockage primaire ;
- en version semi-instantané pour un couplage avec un ballon de stockage secondaire.
Il peut être équipé d’échangeurs de type plaques et joint, en cuivre brasé, en plaques d’inox fusionnées.
Ce matériel supporte tous types de générateurs – chaudières, pompe à chaleur ou réseaux de chaleur – jusqu’à une puissance de 1 200 kW.
Ce préparateur d’ECS permet d’augmenter la durée de fonctionnement de la chaudière en mode condensation, ce qui réduit d’autant le temps de retour sur investissement.
Boostheat commence à livrer
Après la présentation d’un prototype il y a deux ans sur Interclima, l’entreprise basée en région lyonnaise a réalisé des tests de terrain avec une vingtaine de pompes à chaleur hybide gaz de nouvelle génération et vient de livrer ses premiers clients fin Septembre dernier.
Ce produit destiné à la rénovation des chaufferies se compose d’une pompe à chaleur gaz à fluide CO2 scellé en usine, d’une chaudière d’appoint de 20 kW et d’un ballon préparateur d’eau chaude de 65 l. Cet ensemble promet un rendement de 130% en production d’ECS, et de 188% en mode chauffage basse température. À noter que l’entreprise a fait la demande d’un Titre V pour accéder au marché de la construction individuelle neuve.
L’équipement proposé à 18 000 € fourni posé peut être aidé au maximum à hauteur de 13 000 €. Boostheat vise notamment le remplacement des chaudières au fioul ; l’industriel a noué un partenariat avec Butagaz pour la fourniture gratuite de la citerne de GPL. Pour l’année 2020, ce nouvel acteur industriel s’est fixé un objectif de 200 ventes.
Philippe Dujardin, directeur général de Boostheat : « Cette pompe à chaleur hybride gaz est destinée au marché de la rénovation. Un Titre V sera déposé pour entrer dans le code de calcul de la réglementation thermique. »
Sustain’Air : Climatiser avec l’unité de climatisation double-flux
Comment climatiser sans groupe de froid ? Le principe des centrales double flux avec roue de récupération de chaleur, roue dessicante et batteries à eau est connue mais encore rarement appliquée. La raison tient essentiellement à la gestion délicate de ce type d’installation. Sustain’Air propose aux exploitants de locaux tertiaires, industriels ou sportifs (piscines) des centrales de traitement d’air de 5 000 à 40 000 m³/h capables de ventiler, chauffer et climatiser à coût maîtrisé. Pour tenir des consommations réduites, les batteries chaudes exploitent des énergies renouvelables ou récupérées (réseau de chaleur, chaufferie biomasse, solaire thermique) et une gestion de fonctionnement basée sur des données météo et la maîtrise des besoins du bâtiment. Sustain’Air annonce des consommations d’énergie réduites de plus de 40%.
Thierry Lamouche, directeur de Sustain'Air, et Geoffroy Germano, responsable marketing. « Les centrales de traitement d’air peuvent assurer la ventilation, le chauffage, le rafraîchissement et la déshumidification en réduisant les consommations d’énergie d’au moins 40%. »
Adventec de Carrier : exploiter les pompes à chaleur sur les réseaux urbains de chaleur et de froid
Cela fait maintenant près d’une dizaine d’année que Michel Grabon, responsable de la division R&D de Carrier, travaille sur les sujets de pointe pour l’exploitation des pompes à chaleur sur les réseaux de chaleur urbains. À l’aide des dernières références disponibles, notamment les pompes à chaleur de 200 à 2 500 kW unitaires, utilisées seules ou en cascade, il est possible de créer des installations pour des smart-grids de plus de 12 MW. Ces groupes, dont la source froide peut être alimentée par un forage géothermique, une eau de nappe ou de la chaleur fatale (data-centers, eaux grises, industrie, chaudières, condenseur d’un autre refroidisseur), permettent de produire du chauffage urbain : 70 °C, jusqu’à 85°C.
Michel Grabon, responsable de la R&D chez Carrier : « Avec des pompes à chaleur installées en tandem et à contre-courant, il est possible de produire de la chaleur pour un réseau urbain en améliorant le Cop de 40%. »
GRT Gaz et la CNR développent la production d’hydrogène vert
Après le développement de biogaz, l’hydrogène vert, issu de l’hydrolyse de l’eau à partir d’électricité d’origine renouvelable non stockable (photovoltaïque, éolien, hydraulique) commence à prendre forme. Fin 2019, GRT Gaz mettra en service sa plateforme Jupiter 1000 à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). D’une capacité de 1 MW électrique, l’hydrolyseur exploitera les champs photovoltaïques et éoliens de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) pour produire, pour moitié, de l’hydrogène, et pour l’autre, du méthane de synthèse (CH4) : pour ce faire, l’hydrogène sera recombiné par méthanation avec du CO2 capté dans les industries locales. Ces deux combustibles seront injectés dans les réseaux de distribution de GRT Gaz et de Teréga.
Pour sa part, la CNR prépare pour 2022 la mise en service, dans le quartier de Pierre-Bénite à Lyon, d’un hydrolyseur d’une capacité quotidienne de 4 à 8 t d’hydrogène. Il sera alimenté par son usine hydroélectrique toute proche. Cette énergie sera distribuée aux industries voisines et injectée dans le réseau de gaz.
Frédéric Storck, directeur de la transition énergétique et de l’innovation à la CNR. En 2022, la CNR mettra en service, dans le quartier lyonnais de Pierre-Bénite, un hydrolyseur d’une capacité quotidienne de 4 à 8 t d’hydrogène généré à partir d’électricité produite par un barrage voisin.
À propos de l'auteur
Bernard Reinteau
Journaliste de la presse bâtiment depuis la fin des années 80, Bernard Reinteau est journaliste indépendant. Il a œuvré pour les principaux titres de la filière et se spécialise particulièrement sur les solutions techniques liées à la performance énergétique et environnementale des constructions et rénovations performantes. Il collabore principalement avec les plus grands titres et en particulier avec Xpair.