Par Bernard REINTEAU, journaliste spécialisé le 12 Juillet 2022
Les derniers mois ont montré une grande agitation des ménages sur le sujet de l’équipement des toits en systèmes photovoltaïques. Le développement parallèle de la voiture électrique affranchit de la difficulté du stockage. Dans une étude bouclée en Juin, Les Échos Études donne une photographie de ce secteur…
Déjà, début 2022, les organismes qui livrent régulièrement les statistiques sur les énergies renouvelables et le solaire photovoltaïque, en particulier (Observ’ER, France territoires solaire), soulignaient des mouvements de hausses particulièrement sensibles à la fin de l’année 2021. Le phénomène est même remarquable depuis le 4ᵉ trimestre 2020.
En moyenne de 6 500 à 7 000 installations par trimestre avant cette date, il est passé d’un bond à quelque 12 000 à cette date. Il en va ainsi des petites installations – moins de 9 kWc – comme des moyennes – 9 à 100 kWc.
Crises à répétition, indépendance énergétique, le PV s’envole
Autoconsommation photovoltaïque : dynamique et attractivité du marché
L’actualité récente et les litanies relatives au risque de coupure de réseau et de très forte augmentation des tarifs constituent évidemment de puissants ressorts d’évolutions. En outre, les prix des capteurs étaient récemment parvenus à leur niveau le plus bas.
Dans une étude livrée en Juin intitulée « Autoconsommation photovoltaïque : dynamique et attractivité du marché », Les Échos Études actualise les données. Les auteurs relèvent que la capacité installée est passée de 320 MWc au 4ᵉ trimestre 2020 à 768 MWc au 1ᵉʳ trimestre 2022. La courbe dessine un doublement de la puissance installée tous les 18 mois depuis 2017.
Par ailleurs, la capacité photovoltaïque installée et dédiée à l’autoconsommation a, en deux ans, été multiplié par 2,6 : elle était de 30 MWc au 4ᵉ trimestre 2020 ; elle était de 79 MWc début 2022, dont pratiquement 65 MWc en puissances de moins de 36 kWc. Si les petites puissances sont très majoritairement présentes, le travail statistique fourni par Enedis révèle aussi que toutes les tranches de puissances participent à ce mouvement de l’autoconsommation.
Bilan provisoire : si l’on comptait 19 927 installations en 2017, leur nombre est d’aujourd’hui de 164 037. Ce qui laisse dire que le volume de 200 000 pourrait être atteint avant la fin de cette année, sinon début 2023.
Depuis quelques années, l’intérêt pour l’autoconsommation d’électricité produite par les toitures photovoltaïques s’est transformé en véritable engouement. Les informations sur la pénurie possible d’énergie et son renchérissement conduisent ont permis de mieux apprécier l’intérêt d’un tel investissement pour maîtriser son budget à long terme.
Une capacité installée multipliée par 4 d’ici 2026
Autre constat : alors que l’autoconsommation était marginale en 2016, elle oriente désormais très fortement la demande ; ce en réalité depuis la fin de l’année 2020.
En 2021, souligne l’étude des Échos, 86% des 58 000 installations raccordées au réseau Enedis étaient en autoconsommation. Ce travail propose aussi une tendance de l’ordre de 500 000 à 600 000 installations en 2026, et une capacité installée à ce terme de 3 000 à 4 000 MWc.
Conséquence évidente : le chiffre d’affaires de la filière augmente fortement, passant de 272 M€ en 2018 à 431 M€ en 2020. À la clé, ces développements produisent un développement de profils d’acteurs spécifiques.
Les Echos Études distingue les traditionnels autour des industriels bien implantés (Solarwatt, DualSun, SMA), les acteurs mixtes (les énergéticiens tels EDF EnR, Engie MyPower, Terre Solaire) et les intégrateurs, gestionnaires de solutions (Oscaro Power, Otovo, …).
Cette année 2022 semble pour beaucoup une année charnière
Aux bouleversements politiques nationaux et géopolitiques, il faut ajouter des phénomènes tels que les annonces relatives à la mobilité – fin du moteur thermique dans moins de 15 ans – et aussi les perturbations sur les marchés du photovoltaïque lui-même – remontée des prix, pénuries de composants pour les onduleurs, … Mais il semble que l’intérêt pour l’autoconsommation ne soit réellement plus un mouvement à bas bruit, comme cela a été le cas pendant la décennie 2010.
À propos de l'auteur
Bernard Reinteau
Journaliste de la presse bâtiment depuis la fin des années 80, Bernard Reinteau est journaliste indépendant. Il a œuvré pour les principaux titres de la filière et se spécialise particulièrement sur les solutions techniques liées à la performance énergétique et environnementale des constructions et rénovations performantes. Il collabore principalement avec les plus grands titres et en particulier avec Xpair.