Par Dominique BIDOU, président d'honneur de l'Alliance HQE-GBC France le 08 Mars 2022
La rénovation d’un logement est un acte à la fois culturel et technique. Le mode, le style de vie sont concernés, tout comme la performance technique. Le concours d’un accompagnateur rend bien des services.
Accompagnateur : pour une ingénierie de la consommation et de la maintenance
Concernant la rénovation thermique, l’accompagnateur Rénov’
L ’Accompagnateur Rénov’ instauré par la loi Climat et résilience est entré en vigueur le 1er Janvier 2022 avec l’installation de France Rénov’. La loi l’impose désormais pour bénéficier des aides publiques au-delà d’un certain niveau de dépenses. Il était temps. La rénovation n’est pas un acte anodin, elle coûte chère et les techniques d’intervention progressent rapidement. La présence d’un professionnel permet de poser un bon diagnostic, d’éviter des erreurs grossières, de bénéficier des pratiques récentes, de hiérarchiser les enjeux pour les usagers, et de ne pas oublier les aspects importants qui ne se révèlent que dans la durée. Il ne s’agit ici que de travaux à vocation « climat », mais c’est la rénovation générale, sur le confort, la luminosité, l’acoustique, l’accessibilité et l’adaptation au grand âge qui devrait être concernée. Une « maitrise d’œuvre » pour l’amélioration de l’habitat, pas uniquement pour sa construction.
Dans le bâtiment et dans de nombreux domaines industriels, la compétence des constructeurs était essentiellement centrée sur la production, et rarement sur l’usage. L’ingénierie est sollicitée pour créer des produits ou des services, plus rarement pour en tirer le meilleur profit. Une situation qui est en train de changer, ce dont il faut se réjouir. Par exemple, les fournisseurs d’énergie ne se préoccupaient guère de l’usage qui était fait de leur énergie. Aujourd’hui, la formule des Certificats d’Economie d’Energie (CEE) les conduit à s’intéresser à leurs clients pour optimiser leur achat.
Autre exemple, en informatique, de nombreuses entreprises utilisatrices ont recruté des spécialistes. Objectif : la maintenance, l’amélioration continue, la garantie de bon service. L’ingénierie se déplace vers le consommateur, qui n’est ainsi plus seul face aux fournisseurs.
Accompagnateur : pour une ingénierie de la consommation et de la maintenance
Le développement durable nous conduit à chercher le maximum d’efficience dans l’usage des ressources disponibles. Le plus de service rendu aux humains, pour la plus petite unité de ressource consommée. Toujours plus de bien-être, et toujours moins de prélèvements dans la nature, ni par suite de rejets. Le bilan n’a de sens que global, fabrication d’un produit, son usage et ce qu’il devient en fin de vie.
L’usage est l’affaire du consommateur, qui peut être professionnel ou un particulier, et il n’est que rarement un spécialiste des produits qu’il achète. Il est important que les phases successives de la vie d’un objet soient prises en compte dès sa conception, pour faciliter le relais entre les acteurs à chaque étape. C’est ce que l’on appelle écoconception. Pour les choses simples, ça doit marcher tout seul avec un mode d’emploi bien fait, il en est différemment pour les équipements et matériels plus complexes, dont l’entretien et le bon usage sont les clés de leur bon fonctionnement.
Concernant l’énergie, un paramètre est déterminant. Faisons bien la différence entre celle qui vous est livrée, dite « finale », et celle qui vous rend service, dite « utile ». L’écart entre les deux est parfois important, il faut souvent deux fois plus d’énergie finale, donc payée, que de celle dont nous bénéficions réellement. L’exemple classique est donné par les ampoules. Celles à filament ne restituent sous forme de lumière que 20% de l’énergie qu’elles consomment, un chiffre qui se monte à 90% pour les LED. Le rendement des matériels que vous achetez est la clé du bon choix. Les étiquettes peuvent vous aider pour les produits simples, comme les ampoules, avec des classements de A+++ à G par exemple, mais c’est plus compliqué pour des opérations multifonctions comme la rénovation d’un logement. L’aide d’un professionnel est alors bienvenue.
Comment bénéficier au plus vite des avancées technologiques, et leur assurer ainsi le développement qui les autoalimente ? Les nouveaux produits sont chers s’ils restent limités à des marchés de niche, ils sont plus abordables dès qu’ils atteignent les marchés de masse. La réglementation peut aider à cette transition, mais les accompagnateurs peuvent jouer un rôle complémentaire décisif, en vérifiant la pertinence des solutions techniques au cas par cas, in situ.
Pour une culture populaire sur la manière d’habiter
Dans la lutte contre l’effet de serre comme dans bien d’autres domaines, les producteurs font des progrès considérables. Chaque jour naissent des solutions originales, et le consommateur doit pouvoir en bénéficier au plus vite, mais sans prendre de risque inconsidéré. La transition se fera largement sur des infrastructures et des opérations lourdes, mais cela prendra des années. Sans attendre que ces investissements aient produit leurs effets, la maintenance courante, des petits travaux d’entretien, des équipements légers comme des régulateurs, des stores, etc, ..., peuvent amorcer la baisse des émissions de gaz à effet de serre, et contribuer à une culture populaire sur la manière d’habiter. Les « ambassadeurs » ont ainsi contribué à nous familiariser avec le tri des déchets, une formule analogue doit le faire pour le faire avec l’énergie et le climat. Des soutiens qui peuvent vous accompagner tout au long de vos travaux d’amélioration de l’habitat.
À propos de l'auteur
Dominique Bidou
Ingénieur et démographe de formation, Dominique Bidou a été directeur au ministère de l’Environnement et est Président d’Honneur de l’association HQE (désormais Alliance HQE – GBC). Il est consultant en Développement Durable, a écrit de nombreux ouvrages tels que « Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs », anime son blog...