Par Dominique BIDOU, président d'honneur de l'Alliance HQE-GBC France le 05 Janvier 2024
Fréquents dans les modes de vie traditionnels, le réemploi et le recyclage sont devenus rares avec l’ère industrielle. Les matériaux étaient neufs, et en dehors de quelques usages de récupération, ils ne servaient qu’une fois. C’était au temps de l’économie linéaire, ressource - équipement - déchet.
Les projets étaient conçus dans cet esprit, nul besoin, lors de la construction, d’envisager le réemploi des matériaux, d’ailleurs il n’y avait guère de plateforme pour les récupérer s’il avait fallu. La décharge, ou parfois le remblai, telle était la fin des matériaux de construction.
L’heure est au réemploi en neuf comme en rénovation
Les temps ont changé
La ressource est devenue plus difficile d’accès, plus chère, l’heure est au réemploi ou au recyclage.
Cela vaut pour la terre et pour les différents matériaux de construction. La terre, au sens du foncier, avec le vieux concept de renouvellement de la ville sur elle-même, mais aussi des terres excavées à l’occasion de projets souterrains, sous-sol d’immeubles ou infrastructures. La terre peut devenir matériau, ou s’inscrire dans un remodelage d’un territoire, ou redevenir agricole, ou encore consolider un ouvrage. Encore faut-il pour cela qu’elle ait été extraite dans les règles de l’art et bien traitée sur tout son parcours. Une exigence qui devra être intégrée à chaque projet susceptible de remuer des volumes importants de terre [1].
Concernant les matériaux
Le concept de réemploi conduit aussi à revisiter les pratiques architecturales traditionnelles. La contrainte permet souvent de trouver de nouvelles voies de progrès, le bâtiment n’y échappe pas. En voici une, à partir du constat de la rareté des ressources. Une voie ancienne, elle a été largement empruntée au cours des siècles, mais elle a été mise à mal au siècle dernier, au profit d’une industrialisation et d’une approche linéaire de l’économie. Nous voici dans une approche circulaire. Fini le déchet et la décharge, voici la ressource requalifiée, et réinsérée dans un nouveau projet.
La première étape consiste à démolir le moins possible
La ressource est déjà là, réutilisons-la, à chaque fois que c’est possible. Des raisons techniques, économiques et financières, urbanistiques ou environnementales peuvent conduire à la démolition, mais le minimum est d’expertiser le bâti avant de le condamner. Le meilleur réemploi est la reprise de larges parties d’un bâtiment ancien, réincorporées dans un nouveau projet. A défaut de reprendre tout ou partie de l’existant, cherchons à réemployer ses éléments.
Un inventaire est la première étape de ce processus, avec deux approches différentes, selon que vous ne reprenez que les éléments ordinaires, plus ou moins standardisés, qui pourront être réutilisés rapidement, ou que vous vous intéressez plus au potentiel qu’ils représentent, sans idée précise de leur avenir. Des plateformes existent, aujourd’hui, pour reprendre ces matériaux et les requalifier si nécessaire.
Le réemploi s’impose dès la conception d’un projet
En premier lieu, pour valoriser les matériaux du « déjà là », sur place ou dans un réseau spécialisé. Ensuite pour que les techniques de construction adoptées favorisent à leur tour le réemploi ou le recyclage des produits utilisés, en fin de vie de l’ouvrage.
Que ce soit par la reprise d’une construction existante ou le réemploi d’éléments, il s’agit d’une approche architecturale d’un nouveau type. Intégrer des éléments d’âge et de conception diversifiés suppose une approche opportuniste, ouverte à une certaine forme d’aventure, avec une part d’imprévu. Un effet Arlequin qui peut surprendre si la démarche architecturale ne donne pas son unité à l’œuvre au-delà de la multiplicité de ses composants. Un cadre conceptuel ouvert qui puisse accueillir des éléments originaux, qui enrichiront l’ouvrage tout en préservant sa personnalité à laquelle ils contribueront. Une pratique du projet assez souple et réactive pour accepter des improvisations et des ajustements permanents. « La quête de la ressource fait partie du processus de conception [2] ». Retour à des pratiques anciennes avec les techniques modernes.
[1] On pourra se reporter sur ce point au livre « Terres urbaines » sous la direction de Youssef Diab, responsable de la chaire « Valorisation des terres urbaines » aux Editions Eyrolles - 2023
[2] Source : Réemploi, architecture et construction, sous la direction de Pierre Belli-Riz aux Editions du Moniteur - 2022
À propos de l'auteur
Dominique Bidou
Ingénieur et démographe de formation, Dominique Bidou a été directeur au ministère de l’Environnement et est Président d’Honneur de l’association HQE (désormais Alliance HQE – GBC). Il est consultant en Développement Durable, a écrit de nombreux ouvrages tels que « Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs », anime son blog...
La France est un pays vaste et les conférences annuelles se déroulent et exclusivement à Paris .....RAS LE BOL
POURRIEZ VOUS VOUS DECENTRALISER?????????? PAR EXEMPLE ; SUR LYON , BORDEAUX ET STRASBOURG??
SVP. J attends une réponse ARargumentee