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Faut-il aller voir ailleurs, un troisième parcours ?

Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019

Les lettres précédentes se sont attachées à un certain nombre d'expériences étrangères. Voici la dernière qui pourrait bien être titrée : "Et si Londres devenait notre modèle ?"

N'est-ce pas un peu exagéré ?

Je n'en suis pas sûr : voici ce dont il s'agit. Le maire de Londres (Ken Livingstone) a lancé depuis deux ans une opération de "développement durable" valable pour l'ensemble de sa ville. Il en a fait une action non pas prédéfinie dans le détail, mais une opération ouverte à tous les progrès. Il a eu l'habileté de créer une agence spécialisée (la London Climate Change Agency) et d'en confier la direction à un ingénieur expérimenté (Allan Jones). C'est certainement un très bon choix, Allan Jones ayant eu, auparavant, l'occasion de démontrer son efficacité. En effet, dans une ville de province de 1000 000 habitants (Woking), il avait pu réduire de plus de 75 % le dégagement de CO2 venant des bâtiments publics. Ce n'était finalement là que le début.

S'agit-il donc, à Londres, d'aller plus loin ?

Absolument, l'objectif est (selon le maire) de faire de Londres la ville du développement durable la mieux placée au monde. Bien entendu, pour l'architecture et l'urbanisme les problèmes de gestion des déchets et de gestion des eaux sont aussi importants que les problèmes énergétiques.
D'une manière générale toutes les options et toutes les solutions sont envisagées, la méthode se voulant "holistique" : par exemple la mise au point de combustibles riches en hydrogène en même temps que la mise au point d'une alimentation en eau ne se limitant pas à privilégier les qualités gustatives alors qu'il ne s'agit que de 1 % des usages.

Tout ceci devrait être exécuté dans les vingt prochaines années. Allan Jones ne se fait pas d'illusion, et sait bien que d'autres villes peuvent tenter des expériences différentes (qu'il est près à suivre), par exemple le développement des piles à combustible avec l'exemple de la ville de New-York où 30 piles fonctionnent déjà.

Tous les aspects du développement durable sont concernés, au-delà de l'énergie : l'eau, les déchets, les transports par exemple. Toutes les solutions pratiques seront acceptées, même si les objectifs du maire de Londres sont parfois assez directifs.

Quelles sont donc ces directives ?

Celles de développer les énergies renouvelables au-delà de ce qui aisément accessible, disons 20 % au lieu de 10 %. Ce qui est manifestement difficile avec le vent et le photovoltaïque dans une cité telle que Londres. Je ne suis pas sûr que le défi soit tenu sous cette forme. L'ennui, également, c'est que Ken Livingston croit beaucoup à la décentralisation énergétique, proposant que 50 % de l'énergie électrique et 30 % de l'énergie thermique soient issues de productions délocalisées. Je ne suis pas sûr que, même en adoptant des productions combinées utilisant les déchets et la biomasse, on puisse y parvenir. C'est d'ailleurs là où nous allons voir les limites de la décentralisation.

En rappelant que l'Inspection Générale des Finances et le Conseil Général des Mines ont récemment, en France, émis un rapport remettant en cause la cogénération locale.

En rappelant également que le recours trop poussé au photovoltaïque risque de rendre le courant en partie "invendable" les dimanches chauds et ensoleillés. Ceci dit l'ensemble de l'opération londonienne est ouverte, et ne semble pas devoir s'entêter, préférant s'aligner sur ce qui réussira. Je ne voudrais pas d'ailleurs me limiter aux seules initiatives que je viens de citer.

Pouvez-vous donc en proposer d'autres ?

Je prendrai d'abord l'exemple suivant : il s'agit de la création, à Londres et dans le cadre de l'action précitée, d'une société (la London Energy Service : ESCo) destinée à mener à bien l'action londonienne en matière d'énergie (électricité, chauffage, refroidissement). Il s'agit d'un service énergétique complet (conception, réalisation, financement et gestion), l'ESCo regroupant deux entreprises phares : GAP (britannique) et EDF.

EDF se convertirait-il, au moins en Grande-Bretagne, au développement durable ?

C'est à l'organisme lui-même qu'il faut poser la question. En tous cas EDF serait très bien placé pour devenir la grande entreprise européenne " zéro carbone " avec : l'énergie nucléaire, l'énergie hydraulique, l'énergie éolienne, l'énergie photovoltaïque, et tout ce qui pourrait résulter de l'expérience londonienne.

Roger CADIERGUES

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