Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
Dans nos deux dernières lettres nous avons émis une opinion réservée sur le choix entre les deux éditions existantes actuellement du manuel allemand, le " Recknagel ". Il existe, toutefois, un domaine où les contradictions n'existent pas, et où la version récente présente un intérêt incontestable.
De quelle section voulez-vous parler ?
De ce qui est la section 5 (Techniques du froid) dans la version récemment traduite (Dunod éd.). Cette section, pour des raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas, ne figure pas du tout (elle est comme effacée) dans l'édition de J.L. Cauchepin. Or l'édition allemande en général (hors Recknagel) a toujours été marquée - depuis un demi-siècle - par des livres, sinon des collections (dont celle de R. Planck, etc ...) de grande qualité. C'est ainsi que, parmi les plus récentes initiatives, Pyc Edition a publié, en 1993, le " Pohlmann " (le Manuel Technique du Froid), un texte aujourd'hui à peine dépassé. Le Recknagel, dans la traduction récente dont nous parlons, reprend néanmoins le sujet. Depuis longtemps Eberhardt Sprenger avait confié la section froid à un rédacteur spécialisé : Ce fut Gerhard Trenkowitz entre 1977 et 1997, après un autre coordinateur entre 1951 et 1977. Aujourd'hui le flambeau a été repris par Anton Reinhart, aidé - pour des sujets limités et très précis - par trois autres collaborateurs. Il en résulte un ensemble assez exceptionnel sur nos techniques frigorifiques, un ensemble que vous ne retrouverez pas (à ma connaissance) dans d'autres publications récentes.
Voulez-vous dire par là que cette seule section " froid " suffit à justifier l'achat de ce que vous avez appelé l'édition traduite ?
Oui si vous êtes, en tant que lecteur, fortement concerné par les machines frigorifiques dans nos professions. Tout le texte de cette partie 5 aurait d'ailleurs pu, valablement, faire l'objet d'une édition séparée. Bien sûr cette publication s'étend parfois à des systèmes (par exemple à sorption) à des procédés qui ne connaîtront probablement que des applications exceptionnelles d'ici 2015 ou 2020. Il n'en reste pas moins que vous y trouverez des mises au point assez complètes.
Le froid ne se prête-t-il pas à des considérations thermodynamiques dépassant très largement les besoins stricts de nos ingénieurs et techniciens ?
Votre remarque est tout à fait pertinente : depuis toujours les cycles frigorifiques se prêtent à des considérations thermodynamiques savantes mais encombrantes. On peut très bien faire du froid, très valablement, en limitant très fortement les calculs thermodynamiques. Cette abondance relative de thermodynamique est une critique valable pour la version originale aussi bien que pour la version récemment traduite. C'est une raison de plus pour ne pas mettre l'ouvrage entre toutes les mains, car différentes considérations seront manifestement excessives pour certains lecteurs.
Si nous excluons la thermodynamique le reste de la section 5 est-il valable ?
Absolument. Encore une fois je souligne que cette section 5 a été fortement remaniée depuis l'origine, faisant de cette partie un document qui vaudrait - à mon sens - une diffusion séparée. Sauf qu'elle comporte un vide qui peut être gênant, au moins au premier abord : les pompes à chaleur n'y sont abordées que très marginalement.
Si je vous comprends bien cette fameuse section 5 ne s'applique pas aux pompes à chaleur ?
C'est une des ambiguïtés du Recknagel traduit dont nous parlons : les pompes à chaleur ne sont pas traitées en section 5 mais dans des sous-sections particulières au sein de la section 2 (chauffage). Et ce avec un rédacteur différent de celui du froid. Bien sûr certaines passerelles sont prévues, mais disons que les problèmes spécifiques des pompes à chaleur (pour l'essentiel les sources) sont traités à la section 2 (chauffage) et non pas à la section 5. Je dois, toutefois, avouer que les pages consacrées aux pompes à chaleur n'ont pas du tout la même qualité que les pages consacrées au froid.
Est-ce si détériorant ?
Certainement pas, mais cela peut troubler le lecteur qui peut avoir de sérieuses difficultés à retrouver l'information dont il a besoin. D'autant que l'index de la version traduite est, à mon avis, de mauvaise qualité. La pompe à chaleur étant un sujet de moins en moins négligeable nous y reviendrons dans la prochaine lettre.
Roger CADIERGUES