Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
En France, actuellement, la mode est au Grenelle de l'Environnement, et à ses décisions en matière d'énergie bâtiment. Au premier abord nous frôlons des décisions majeures, plus ou moins révolutionnaires. Encore faudra-t-il les appliquer : c'est ce que nous essaierons de voir. Auparavant il s'agit d'être clair. Et de préciser ce dont nous parlons. Pour simplifier cet examen on peut distinguer deux axes essentiels d'incitation.
De quels "axes" voulez-vous parler ?
D'une part de la décision de passer immédiatement aux bâtiments dits basse consommation (BBC). D'autre part la décision de faire largement appel aux énergies dites renouvelables (EnR). Contrairement à ce que les décisions publiques peuvent laisser supposer ces deux axes ne sont pas toujours clairs, et méritent d'être précisés. D'autant qu'ils reposent souvent sur un certain nombre de conventions.
De quelles conventions voulez-vous parler ?
Prenons d'abord le premier point : celui des bâtiments dits basse consommation. Le Grenelle de l'Environnement aura eu le mérite de bien mettre en évidence le fait qu'en opérant par petits bonds (RT 2000, puis RT 2005, puis RT 2010 … ?) la réglementation thermique française allait créer un parc hybride que nous ne saurons pas, finalement, corriger de façon satisfaisante. Il faut donc essayer d'atteindre immédiatement le but final. Les constructeurs de maisons individuelles ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, constatant que les bâtiments se limitant à respecter les règles RT - ou même les labels HPE - actuels seraient invendables dans quelque temps. L'idée clé est donc d'aller le plus rapidement possible aux décisions ultimes. La plupart du temps elle consiste à dire qu'il faut aller vers la consommation moyenne de 50 kWh/m² an. Pourquoi ce chiffre, et que signifie-t-il ? Le mieux est de se reporter aux définitions des labels fixées par un arrêté ministériel relativement récent (faussement daté du 8 Mai 2007, à rectifier : 3 Mai 2007).
Quelles sont donc ces définitions ?
Elles concernent une collection assez impressionnante de cinq labels qui vont du label HPE (haute performance énergétique), en passant par le label HPE EnR (énergies renouvelables), par le label THPE, par le label THPE EnR, pour aboutir au label BBC (bâtiment basse consommation). C'est ce dernier - me semblant, aujourd'hui, focaliser l'intérêt - qu'il faut d'abord examiner. L'arrêté en précise les objectifs. Ces objectifs de consommation sont exprimés (pour l'essentiel) en kilowattheure d'énergie primaire par mètre carré et par an. Et ce avec les conventions françaises de passage de l'énergie utile à l'énergie primaire : multiplier par 2,8 pour l'électricité, par 1 pour les autres. Pour calculer les consommations (chauffage, eau chaude, climatisation, éclairage) il faut utiliser les règles ThCE (lancées avec la RT), deux domaines étant traités séparément : le résidentiel d'une part, les autres secteurs d'autre part. Pour l'habitat, il est tenu compte du site climatique (6 zones) et de l'altitude. Pour les autres constructions il n'est tenu compte que de trois zones, et pas de l'altitude.
Tout cela est un peu sibyllin, et n'est pas très clair
Disons que, pour l'ensemble la règle est de ne pas dépasser (en consommation conventionnelle) de l'ordre de 50 kWh/ m² an (40 ou 65 selon les zones). D'où le discours très fréquent qui fait allusion à une consommation (qui devrait devenir la règle) de 50 kWh/m² an. Ce n'est qu'un ordre de grandeur, à ajuster selon les zones climatiques (fixées par département pour tous bâtiments, plus par altitude pour les habitations). Le point essentiel est que les calculs doivent être effectués selon la méthode dite Th CE (la méthode de la RT). Il s'agit d'ailleurs là d'une situation commune en Europe : chaque pays a sa méthode de calcul (elles ne donnent pas toutes le même résultat, loin de là aux fortes isolations), l'Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, etc …
Tout cela ne concerne que le neuf
Oui, du moins pour le moment. Car on voit se dessiner un certain nombre de mesures destinées à l'existant, avec un critère de consommation qui pourrait bien être 80 kWh/m² an. Avec pour objectif : la rénovation thermique des bâtiments publics ou des logements existants (avec des procédures dépendant sans doute du statut des occupants). Cela sera-t-il possible, c'est ce qu'il nous reste à voir.
Roger CADIERGUES