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Un effet de mode dangereux ?

Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019

16 Mars 2009

On est bien obligé de constater qu'en France, et en quelques années, l'écologie est devenue un sujet à la mode. Ce n'est pas néfaste sur le fond, mais les conséquences peuvent être parfois inquiétantes ...

N'est-ce pas exagéré de dire que c'est inquiétant ?

Au premier abord, bien sûr, ce n'est pas le cas. Mais c'est tout autre chose sur le plan des conséquences pratiques, où je constate :
- des conseils souvent abusivement simplistes, sinon utopiques,
- l'apparition de nouveaux métiers " dangereux " : les conseils en environnement.

Encore une fois n'êtes-vous pas exagéré ?

Toute la presse (du papier à l'audiovisuel) regorge désormais de conseils en écologie, en particulier en économie d'énergie, le " vert " étant à la mode. Les mêmes simplifications tendent à se reproduire avec les nouveaux conseillers. Pour vérifier que vous avez bien compris on vous demande :
- si vous avez bien remplacé les lampes anciennes par des lampes dites " basse consommation " (sous-entendu fluocompactes),
- si votre chauffage est bien réglé à 19 °C,
- avec une belle collection de conseils simples.

Le malheur est qu'il faut beaucoup de naïveté pour croire que, dans tous les cas, la qualité de l'environnement se limite au respect de ces quelques recommandations simples, sinon simplistes. Et même parfois erronées.

Les recommandations simples ne sont-elles pas les bonnes solutions ?

Jusqu'à un certain point oui. Mais, en fait, vous trouvez de tout dans ces recommandations (dans les médias ou sur le terrain), un grand nombre provenant de nos nouveaux (et débutants) conseils en environnement, qui vous proposent par exemple :
- de recourir au chauffage au bois, et ce sans précaution (j'y reviendrai par des exemples),
- d'utiliser systématiquement des chaudières à condensation,
- de limiter le chauffage à 19 °C,
sans compter l'affirmation gratuite et audacieuse d'un de nos meilleurs fournisseurs en énergie : faire 10% d'économie en se chauffant par des panneaux de sol.

Que reprochez-vous à ces recommandations ?

Il faudra que nous y revenions ces prochaines semaines, car chacune des affirmations précédentes mérite un commentaire. En effet il existe, dans les méthodes simplistes qui se font jour, deux risques essentiels :
- celui de passer à côté de beaucoup d'améliorations possibles,
- et parfois, celui de se baser sur des raisonnements faux.

Peut-on commenter ces deux affirmations ?

Pour le moment je voudrais d'abord recadrer ce qui peut être fait. Nous devrions séparer le neuf et l'existant. Alors qu'il peut paraître logique de commencer par le neuf, mon expérience est qu'il vaut mieux commencer par l'existant, beaucoup plus riche. Dans l'examen des constructions existantes, au-delà de simples suggestions de travaux, il faut se demander quelles sont les interventions (pas forcément des travaux) valablement envisageables, ce que nous allons appeler des " opportunités ". Sur ce plan un excellent manuel a été publié en 2004 sous l'égide de la Fédération du Bâtiment et de l'ADEME (Editions SDBTP) : il présente une centaine d'opportunités. Et ce alors qu'il n'est pas rare que nos nouveaux conseils en environnement n'en proposent qu'un peu plus d'une dizaine. Et alors qu'AuxiDev (le Jeudi) en prévoit plus de six cents.

Reste que les médias (y compris les publicités) et les conseils font, en plus, des propositions que j'appellerai " fausses ". C'est malheureusement un trop long sujet, et nous ne l'examinerons qu'une prochaine semaine, car nous allons d'abord examiner le rôle néfaste des idées toutes faites.

Roger CADIERGUES

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