Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
A l'origine :
Un problème difficilement soluble puisqu'il s'agit d'un réseau, aussi bien à eau chaude qu'à eau glacée, desservant des ventilo-convecteurs. La figure vous montre une partie significative de l'installation, chaque ventilo-convecteur étant équipé de son robinet thermostatique réglable par l'usager, mais éventuellement télé-réglable.
Question posée : à partir de quelles charges faut-il équilibrer ?
les charges d'hiver (les déperditions) ou les charges d'été, la répartition des charges n'étant pas (ce qui est normal) identique l'hiver et l'été. Avant de décider du choix, il a été procédé à différentes simulations, fonctions chacune d'un calcul particulier du réseau d'eau chaude/eau glacée. Les cinq solutions envisagées sont les suivantes :
- équilibrage d'hiver sur la base des déperditions (solution 1 ),
- équilibrage d'été sur la base des charges correspondantes (2),
- pertes de charges négligeables dans les colonnes et équilibrage d'hiver des liaisons horizontales (3),
- pertes de charges négligeables dans les colonnes et équilibrage d'été des liaisons horizontales (4),
- pas d'équilibrage mais vitesses limitées sur bases acoustiques (5).
Le résultat est clair, mais vous surprendra peut-être : la dernière solution (5) est aussi efficace thermiquement que les autres, mais elle est nettement plus économique. Conclusion : avec les dispositifs thermostatiques terminaux, sous réserve de calculs logiques, le recours à des dispositifs d'équilibrage est inutile.
Un petit retour en arrière.
II est logique de se demander pourquoi cette nécessité considérée comme classique peut paraître "périmée". Revenons un peu en arrière pour essayer de comprendre cette nouvelle donne. Il y a environ uni demi-siècle, chaque bureau d'étude d'installateur calculait les réseaux de chauffage à eau chaude en tenant compte de la perte de charge de chaque organe de réglage (au nombre de "tours"). Avec cette méthode, héritée du passé, l'organe d'équilibrage (de position normalement pré-calculée) était là pour se prémunir, lors de la mise en service, contre les "faiblesses" éventuelles du calcul des déperditions. En fait le calcul était devenu bien au point, et - sauf étude mal fichue - les organes d'équilibrage ("de réglage") finalement réglés selon les résultats du calcul, sans intervention manuelle, sauf marginale. A cette époque les émetteurs n'étaient pas équipés de robinets thermostatiques. Lorsque ces derniers sont apparus les méthodes de calcul n'ont pas été modifiées. Nous en sommes là, maintenant, et les organes d'équilibrage - au sens classique - ne présentent plus le même intérêt, sous réserve que les calculs soient effectués intelligemment.
La solution des vannes thermostatiques terminales sans véritable équilibrage des réseaux" est-elle vraiment acceptable, et généralisable ?
Telle est la vraie question. Elle est d'autant plus gênante que certaines entreprises se sont spécialisées dans les tâches de mise au point comportant l'équilibrage de terrain, aboutissant à des procédures de mise en service appréciées par les clients et les installateurs. Mon espoir est que ces sociétés sachent désormais évoluer : je présenterai la semaine prochaine quelques orientations nouvelles allant dans ce sens. N'oublions pas, en tous cas, que la mise en service efficace va bien au-delà de l'équilibrage. Mais pensons aussi à l'invasion éventuelle des méthodes "faibles coûts" dont je vous parlais dans ma première lettre : nous y sommes ici, et je vous montrerai la semaine prochaine qu'il suffit probablement d'un petit effort technologique, en particulier dans le domaine des composants industrialisés. Que les excellents protagonistes de l'équilibrage calculé, avec ou sans intervention sur place (dont j'ai fait longtemps partie) me pardonnent cette hérésie selon laquelle l'équilibrage n'est plus indispensable.
Roger CADIERGUES
Dans la prochaine lettre (n°7), nous reviendrons, avec des solutions
différentes que celles que nous venons de voir, sur la remise en cause
de l'équilibrage "manuel" ou "calculé".
Dans la lettre suivante (n°8), nous y reviendrons également,
mais en examinant - dans le cas où vous auriez prévu un équilibrage
calculé de vos réseaux hydrauliques ou aérauliques - les
solutions que je vous propose d'adopter pour l'évaluation des charges
à équilibrer.