Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
17 Mai 2010
Lundi dernier, à propos du développement conjugué des véhicules électriques et de l’énergie éolienne - cette dernière nous concernant directement - j’ai indiqué le rôle qu’y devraient jouer les réseaux intelligents.
De quoi s’agit-il ?
D’une technique bien plus ambitieuse que la gestion des véhicules électriques. Une technique partout « à la mode » dans la littérature professionnelle. Souvent connue sous sa désignation anglophone (les « smart grids »), même si nous préférons ici le terme français de « réseaux intelligents ». Il s’agit d’une technique qui a été conçue bien au-delà des applications que nous avons envisagées lundi dernier. Une technique suffisamment importante pour qu’au début de cette année le gouvernement américain ait lancé un appel d’offres, généreusement financé, dans le but de développer les réseaux intelligents. C’est une technique dont on parle de plus en plus en Europe : il s’agit, par exemple, d’accompagner les réseaux électriques de circuits numériques permettant :
. d’aider à la gestion des unités décentralisées de production d’électricité (solaires ou éoliennes en particulier),
. de favoriser le bon fonctionnement des usages, et en particulier le lissage des utilisations électriques finales elles-mêmes.
Tout ceci afin d’optimiser globalement, et à la fois : le fonctionnement des productions et le fonctionnement des utilisations. C’est ainsi que, dans le cas du « Better place » le réseau intelligent permettrait de mieux intégrer le rechargement des batteries, mais également et en même temps, de mieux gérer les éoliennes réparties sur le territoire et l’utilisation qui en est faite par les usagers
Est-ce vraiment réalisable ?
Avant de vous répondre, notons les conditions de fonctionnement de ces éoliennes. Il s’agit, actuellement, de tours possédant (en France) les caractéristiques types suivantes : un mât de 150 m, un rotor (à trois pales) de l’ordre de 90 m de diamètre, une puissance de 2 MW, une production moyenne de l’ordre de 4 MWh/an. Chaque éolienne ne fonctionne qu’à des vitesses de vent comprises :
. entre un seuil bas de 5 m/s (les recherches sont en cours pour accepter 3 m/s), ce seuil représentant la valeur minimale à atteindre pour obtenir des rendements satisfaisants,
. et une limite haute de 25 m/s, destinée à assurer la bonne tenue mécanique des pales face aux vents violents.
Ces dimensions d’éoliennes ne changeront probablement pas de manière significative, bien qu’un centre de recherche danois vise une hauteur de tour de 250 m.
En clair cela veut dire que les possibilités de développement de l’éolien ne sont pas dues de façon significative à la technique des éoliennes (déjà très avancée, même si la France y a joué un faible rôle), le seul développement manquant étant le recours plus significatif aux installations off-shore. Il est donc très important de faire très attention à la gestion de ces éoliennes. Donc, probablement, au progrès des réseaux intelligents.
Quel peut être, finalement, le rôle de ces réseaux intelligents ?
Prenons, encore une fois, l’exemple de l’éolien pour lequel les conditions sont relativement favorables. En effet l’énergie éolienne est relativement prévisible (7% d’erreurs à trois jours), et - pour la France - avec la possibilité de bénéficier des hétérogénéités climatiques de l’ensemble du territoire, différentes zones géographiques présentant simultanément des vents assez différents (trois régimes dominants dans notre pays). Il s’agit donc d’une gestion globale assez savante. Ceci dit les ambitions des réseaux intelligents vont bien au-delà de l’utilisation des énergies éoliennes ou photovoltaïques : l’ambition est, par exemple, de permettre au consommateur de suivre ses consommations électriques en temps réel, et de les ajuster éventuellement.
Ceci dit l’avenir des réseaux intelligents reste encore à écrire.
Roger CADIERGUES