Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
17 Octobre 2011
Dans ma dernière lettre j’ai tenté de souligner le rôle du « carbone investi ». Et la coïncidence curieuse avec le message du commissariat au développement durable affirmant : « Vingt ans d’efforts pour rien ou presque ».Ne peut-on pas vous reprocher - dans vos exemples - des valeurs excessives du carbone investi ?
Parfois sans doute, mais mon intervention a deux buts :
1. Faire en sorte qu’on étudie les valeurs exactes du carbone investi, de façon à ce que cette part des émissions de CO2 ne soit ni oubliée, ni dissimulée – étude qui est d’ailleurs plus ou moins en cours ;
2. Planifier les décisions énergétiques en tenant compte de ces valeurs, et non pas en prenant des décisions subjectives au hasard des imaginations.
Ceci dit, je ne prétends pas que le carbone investi explique totalement le constat du commissariat au développement durable, mais je prétends que mes analyses sont suffisamment inquiétantes et coïncident trop avec les réalités (« Vingt ans d’efforts pour rien ou presque ») pour qu’on continue à les ignorer. D’autant que les examens auxquels j’ai pu me livrer révèlent une liaison supplémentaire également perturbante.
De quelle liaison voulez-vous parler ?
Mes premières études semblent révéler une concordance étroite entre le carbone investi et le coût des investissements. J’en prendrai pour exemple celui des panneaux photovoltaïques, dont le coût en carbone investi est relativement élevé. Bien sûr le fait que nous les importions (pour la plupart des panneaux) dissimule ce défaut mais la réalité n’en reste pas moins la suivante : le développement du photovoltaïque pourrait fort bien s’accompagner, au départ, d’un surplus de dégagement de CO2 très significatif, rendant le recours à cette technique (dite pourtant « énergie renouvelable ») proche d’une erreur fondamentale d’analyse.
Mais vous remettez en cause toute la politique énergétique actuelle …
Absolument pas : je dis simplement qu’il faut la rationaliser et ne pas avoir peur des répercussions immédiates. Il faut éviter les annonces miracles, comme c’est hélas le cas en France actuellement, mais également au-delà de nos frontières …
Ne craignez-vous pas que votre position détruise toutes les politiques énergétiques actuelles …
Je n’en sais rien, je dis simplement qu’il faut arrêter de faire de l’écologie subjective. Revenons pour cela – comme premier effort – aux constats du commissariat au développement durable. Selon les données les plus récentes les émissions françaises totales de CO2, qui s’élevaient à 438 Mt/an en 1990, s’élèveraient en 2007 à 439 Mt/an en 2007. Et ce malgré une réduction significative de 10% (sur la période 1990-2007 en cause) des émissions de CO2 dans l’industrie. En fait, probablement par la faute d’une croissance finale de consommation due pour beaucoup aux transports, lesquels constituent d’ailleurs une composante essentielle du carbone investi dans nos installations.
Les données que vous signalez s’arrêtent en 2007 : qu’en est-il depuis ?
Je n’en sais rien, mais il m’étonnerait que nous vivions en la matière un retournement significatif. Dire que nous faisons beaucoup mieux depuis 2007 - comme l’affirme la commissaire au développement durable - est très fallacieux, car nous sommes abreuvés, depuis bien des années, de réglementations diverses : sur ce plan, il n’y a rien de vraiment significatif depuis 2007.
Attention : la prochaine lettre ne paraîtra que le Jeudi 3 Novembre. N’hésitez pas, en tous cas, à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc(at)xpair.com.
Roger CADIERGUES