Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
10 Mai 2010
Il est curieux de constater que lorsqu’on présente l’électricité comme la solution d’avenir du bâtiment, certains interlocuteurs sont choqués. Alors que pratiquement ce sont les mêmes interlocuteurs qui vantent l’avenir des véhicules électriques.
Ne s’agit-il pas de deux domaines totalement différents ?
Au premier abord bien sûr, mais vous allez voir qu’ils sont bien plus liés qu’on ne pourrait le croire. Le succès des productions photovoltaïques et surtout éoliennes – y compris dans nos applications fixes – dépend en grande partie du succès des véhicules électriques.
Est-ce vraiment possible ?
Beaucoup plus, peut-être que vous ne pouvez le penser : le solaire et l’éolien ne sont pas des sources permanentes, et – à chaque instant – sont relativement incertaines. Tant que leur participation est faible dans notre bilan énergétique cela n’a sans doute pas beaucoup d’importance. Mais, à terme, leur participation élargie sera obligatoirement liée à l’obligation de faire face aux aléas climatiques. Ni le soleil, ni le vent ne sont à notre merci, et ne sont pas forcément là quand nous en avons besoin. L’une des solutions consiste à stocker l’énergie électrique superfétatoire, la technique basée sur l’utilisation de batteries semblant la plus prometteuse. Ce sont ces batteries dont nous aurons besoin pour recharger nos véhicules électriques.
N’est-ce pas une vue futuriste, finalement assez aléatoire ?
Absolument pas, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on s’en rend compte. En 2009 l’entrepreneur israélien Shai Agassi a créé en Californie une entreprise (Better Place) dont le but était de soutenir le développement des véhicules électriques. Bien entendu ce projet s’est heurté à un défi essentiel : comment créer des bornes de rechargement réparties sur tout le territoire, des stations d’échange équivalentes ou identiques aux stations d’essence actuelles. Car ce sont ces stations d’échange qui permettront aux automobilistes de remplacer rapidement leurs batteries épuisées.
Cette création américaine n’est-elle pas isolée et incertaine ?
Absolument pas, et en voici l’exemple : le Danemark a été récemment choisi comme pilote européen pour en faire une application nous concernant directement. Une association entre Better Place et Dong Energy (le principal installateur danois d’éoliennes) est désormais chargée de mener à terme cette mise en place. Au Danemark d’abord car il s’agit surtout d’éolien dans l’esprit des concepteurs, mais bien entendu avec des retombées géographiques plus larges. Dès maintenant l’organisation se met en place, avec des industriels multiples, dont Renault-Nissan pour la fourniture des premiers véhicules électriques. Les batteries resteront la propriété de Better Place Danemark, et leur emploi soumis à un simple abonnement. Mais c’est le triomphe des stockages énergétiques en batteries.
Est-ce vraiment réaliste ?
Sans aucun doute, mais à peu près certainement avec l’intervention d’une autre novation, celle des réseaux intelligents (smart grids) dont nous reparlerons Lundi prochain.
Roger CADIERGUES