Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
3 Novembre 2011
Telle était la question impertinente posée récemment par un des mes interlocuteurs, alors qu’il s’agissait d’électricité photovoltaïque.
Qu’avez-vous répondu ?
Il s’agissait, en fait, de productions photovoltaïques locales. Pour les juger sainement il fallait examiner trois points essentiels :
1. Le contenu potentiel des cellules et panneaux photovoltaïques en carbone (ce qui sera finalement investi) ;
2. La durée de vie des panneaux photovoltaïques ;
3. Le coût réel de l’électricité ainsi produite.
Je commencerai par le dernier point : le tarif de rachat très élevé en France (le record d’Europe) de l’électricité photovoltaïque produite par des installations locales. J’ai déjà consacré une lettre à ce problème, en soulignant qu’il s’agit là d’un impôt caché que tout un chacun paiera avec sa facture d’électricité : je n’y reviendrai pas.
Vous parliez également de contenu en carbone potentiellement investi ?
Il serait extrêmement important de connaître ce contenu, mais les autorités, et même les spécialistes sont – pour le moment du moins - muets sur le sujet. Quand on connaît les problèmes que pose l’extraction du silicium, et ceux de fabrication des cellules il est logique de penser que ce contenu est élevé, sinon même très élevé. Certes les importations font que ce contenu est dispersé en CO2 ailleurs qu’en France, mais ce n’est pas une raison pour le négliger : c’est un contenu élevé. Reste un troisième point : la durée de vie de ces panneaux.
Quelle en est l’importance ?
Si vous voulez raisonner correctement, il faut analyser le problème du photovoltaïque non pas pendant 40 ou 60 ans, mais pendant la durée de vie probable, celle qui servira de base au calcul d’amortissement des bénéfices tirés de cette énergie renouvelable. En 1987, nous avions – avec l’Unesco – un projet consacré à la fabrication locale et à la formation « installation et maintenance » de pompes photovoltaïques pour toute l’Afrique de l’ouest : il s’agissait (à Bamako) d’une usine de fabrication et d’un institut de formation. A cette occasion j’ai questionné plusieurs experts internationaux afin de fixer la durée de vie des panneaux que nous souhaitions fabriquer : c’était une donnée essentielle pour organiser la maintenance et le remplacement aux moments utiles. Je dois reconnaître que cette enquête a été assez décevante, les réponses étant fort dispersées et fluctuantes. Finalement j’en ai retenu la valeur probable d’une durée de vie de 15 ans, durée pendant laquelle il va falloir que l’économie de production d’électricité – c'est-à-dire la suppression du carbone opérationnel des solutions classiques avec moteurs à combustibles – compense le carbone investi dans la fabrication, le transport et l’installation des pompes photovoltaïques.
Finalement quelle est la réponse à la question insidieuse : « l’Etat subventionne le CO2 » ?
Il est bien certain qu’à travers l’impôt caché qu’est le tarif de rachat de l’électricité photovoltaïque on cache en fait le carbone investi. Aux usagers de l’électricité de payer, l’Etat étant « invisible », mais la charge réelle. Ce qui se traduit par le fait suivant : pendant les dix ou douze (sinon quinze) premières années de vie des installations de panneaux photovoltaïques vous subventionnerez le CO2. C'est-à-dire, finalement, pendant toute la durée de vie des panneaux. Ce sera peut-être une vérité difficile à admettre. Et pourtant …
Attention : la prochaine lettre ne paraîtra que le Jeudi 10 Novembre 2011.
N’hésitez pas, en tous cas, à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc(at)xpair.com.
Roger CADIERGUES