Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
21 Février 2011
Les lettres précédentes du Lundi ayant tenté de dresser les perspectives de l’informatique dans nos métiers, je me dois de répondre maintenant aux lecteurs qui se sont inquiétés de l’avenir des logiciels qui servent aujourd’hui à l’application de la réglementation thermique.
Il s’agit essentiellement, jusqu’ici, de logiciels proposés par des sociétés spécialisées (BBS Slama, Perrenoud, etc, …) qui - partant d’une méthode développée par le CSTB - tentent de fournir aux professionnels l’outil central de vérification réglementaire de la RT 2005. Avec l’apparition de la nouvelle réglementation énergétique (RT 2012) il n’y aura pas lieu, à mon avis, de changer de principe. Sauf qu’il faudra attendre la refonte quasi-complète des logiciels existants. Un travail, certes, très important, mais qui ne change pas significativement du passé récent. Ceci dit, si nous examinons le projet RT 2012 actuel (arrêté du 26 Octobre 2010), le travail à accomplir sera probablement très lourd. D’autant qu’il me semble que l’arrêté que je viens de signaler donne l’impression d’un travail non terminé …
Que voulez-vous dire par là ?
D’abord que je ne sais pas exactement le domaine d’application de ce texte récent. Ensuite que le texte lui-même, dans son état actuel, n’est pas dépourvu d’ambiguïtés … et d’insuffisances.
Lesquelles ?
Dans le décret chapeautant l’arrêté dont je viens de parler, il est spécifié : « Les bâtiments nouveaux et les parties nouvelles de bâtiments doivent … etc ... ». Ce qui signifie que tous les types de bâtiments sont couverts, à l’exception de ceux spécifiés dans le décret : les bâtiments non chauffés et les constructions provisoires. Mais l’arrêté adopte un autre classement, en fait deux classements qui ne sont pas cohérents.
. D’une part l’arrêté exclut explicitement – outre ceux ouverts sur l’extérieur – un bon nombre de bâtiments spécifiques - schématiquement ceux qui exigent des conditions intérieures strictes de température et d’humidité, ou ceux à usage industriel ou agricole, ou ceux situés outre-mer.
. D’autre part, dans le même article, l’arrêté prétend ne s’appliquer « qu’aux bâtiments ou parties de bâtiment à usage de bureau et d’enseignement, aux établissements ou parties d’établissements d’accueil de la petite enfance et aux bâtiments et parties de bâtiments à usage d’habitation ».
Ce qui laisse supposer d’autres arrêtés à venir, pour les commerces, les hôtels, etc ... Et des complications potentielles pour les rédacteurs de logiciels. D’autant que les nouvelles règles - au moins celles qui sont parues -ont fortement innové.
De quelles innovations voulez-vous parler ?
Au lieu de se contenter du critère introduit par la RT 2005 – le fameux coefficient Cep de consommation d’énergie « primaire » - la RT 2012 va plus loin : outre le calcul de Cep la RT 2012 oblige à manipuler un deuxième critère : le coefficient Bbio, défini ( ???) comme « le besoin bioclimatique conventionnel en énergie d’un bâtiment pour le chauffage, le refroidissement et l’éclairage artificiel ». Un coefficient, mesuré en « points », qui ne sera vraiment défini que dans la méthode de calcul Th-BCE 2012 (calcul des paramètres Cep, Bbio et Tic), méthode encore plus vaste et plus opaque que l’ancienne. Un beau travail en perspective pour les rédacteurs des nouveaux logiciels. Mais un passage manifestement inévitable, l’usage d’un logiciel étant quasi-indispensable. Mais ce n’est pas forcément tout …
Quoi encore ?
Au-delà des calculs précités la RT 2012 spécifie un grand nombre de détails que les logiciels pourront intégrer ou non : le poids des ponts thermiques, l’étanchéité à l’air, l’accès à l’éclairage naturel, le contrôle des consommations, sur les dispositifs d’arrêt et de régulation, les techniques de production d’eau chaude, etc ... Et bien d’autres exigences pratiques, avec des obligations multiples et complexes qu’il sera possible d’ajouter aux logiciels au-delà du calcul des coefficients Cep, Bbio et – en complément – le contrôle du confort d’été grâce au calcul du paramètre Tic. En l’absence de données définitives sur les choix que feront les auteurs de logiciels il ne m’est pas possible de fixer actuellement ce que sera le rôle de cette informatique de vérification réglementaire, mais je ne pense pas qu’il y aura de grands changements par rapport à la situation actuelle.
Roger CADIERGUES