Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
29 Octobre 2012
Depuis quelques années le bâtiment subit de profondes réformes, présentées un peu partout comme un très grand progrès. Malheureusement cet enthousiasme ne va pas sans quelques problèmes : nous en avons analysé quelques-uns les semaines dernières, mais voici celui qui est peut-être le principal.
Duquel voulez-vous parler ?
Le point globalement le plus délicat est le surcoût lié aux nouvelles règles, un surcoût dont on commence à peine à parler dans la presse technique, alors que les surcoûts du bâtiment pourraient bien être supérieurs à 15% par rapport à 1995. En fait pratiquement toutes les nouvelles exigences d’économie d’énergie peuvent conduire à des surcoûts importants. Tous les bureaux d’études très compétents de nos métiers, tels que Cardonnel Ingénierie ou Tribu, sont parfaitement au courant de cette situation, et peuvent proposer des remèdes, au moins partiels. Malheureusement ce n’est pas le cas de tous les bureaux d’études, et surtout des bureaux d’architecture. De plus les dispositions économiques réglementaires peuvent, parfois, être assez mal adaptées. Et la situation économique difficile.
Est-ce vraiment rédhibitoire ?
Oui si on veut rester objectif. Une évaluation économique correcte doit pouvoir s’exprimer en temps de retour, lequel (actuellement) peut se calculer au travers des règles classiques, mais dont – malheureusement - le point de vue ne dépasse pas 15 à 20 ans. Or, en construction, la durée de vie peut dépasser facilement trente à quarante ans avec certaines techniques, en particulier toutes celles qui concernent le bâti. Dans certains cas le coût direct est suffisamment élevé pour que le décideur adopte par exemple – sans étude approfondie - un double vitrage au lieu d’un triple vitrage, mais ce n’est là qu’une démonstration actuelle du refus des cycles « officiels » de décision. Il en est de même face à des risques de détérioration qui peuvent se produire au cours de la vie réelle de la construction. Ce qui, en France peut parfois conduire à « se débrouiller avec la réglementation ». C’est ainsi que, par coût excessif au départ, on peut abandonner l’isolation par l’extérieur alors qu’elle peut être globalement plus économique. C’est ainsi que je puis le vérifier chaque jour sur un bâtiment réel : une isolation extérieure des murs, posée il y a plus de trente ans par une entreprise compétente, est restée esthétiquement de très bonne qualité et d’excellente présentation. Alors qu’une isolation intérieure (des combles) a plus ou moins mal vieilli. Un exemple qui prouve bien, sur ce sujet, la difficulté de calculs économiques appliqués un peu à l’aveugle.
Est-ce une observation généralisable ?
Certainement pas, mais cela prouve bien la difficulté des calculs en cause, lesquels doivent se baser sur des durée d’amortissement difficiles à fixer. J’ai eu le même problème que le précédent avec un double vitrage qui a vieilli trop vite. Sans compter avec un autre exemple, celui d’ennuis plus tardifs (au bout de 12 à 15 ans) sur des triples vitrages dont les joints résistent très mal à l’ensoleillement. Sur ce plan, et sur bien d’autres, les calculs RT ne sont pas forcément de très bon conseil. Ceci dit il semble néanmoins se dégager un accord de fait sur le choix des solutions techniques, au moins dans ce cadre.
Quel est cet accord de fait ?
Schématiquement le suivant, sans que quiconque – à ma connaissance – ait répondu au défit de base : jusqu’à quel point est-il économiquement pertinent d’isoler un bâtiment ? En dehors de cette question générale bien d’autres se posent : le traitement thermique des ponts est-il toujours rentable ; est-il plus intéressant d’investir dans un chauffe-eau solaire individuel ou dans un chauffe-eau thermodynamique ; en combien de temps est-il possible d’amortir une ventilation double flux si l’on tient compte de l’entretien et du bruit, etc.
Sur certains points il semble toutefois y avoir un accord quasi-unanime, par exemple : le triple vitrage est actuellement (en France) trop cher. Ou bien : pour les parois opaques le plus performant est l’isolation par l’extérieur mais le surcoût est trop important. Etc…, nous y reviendrons la semaine prochaine.
Roger CADIERGUES