Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
14 Novembre 2011
J’ai eu, récemment, la mauvaise idée de revenir sur le nucléaire et de faire alors allusion aux zones sismiques. Un lecteur récent me souligne – ce qui est tout à fait exact – que les précautions parasismiques ne s’adressent pas qu’aux centrales nucléaires, et souhaite voir préciser les zones sismiques dont je parle. En même temps il voudrait que je précise le rôle et l’intérêt du développement dynamique. Voici les réponses …
Quelle est la définition des zones sismiques ?
Il est exact que la protection antisismique ne se limite pas aux centrales nucléaires. Toutefois les exigences et les classements ont varié au cours du temps, et il est délicat de faire le point, les règles antisismiques actuelles concernant les bâtiments, les équipements et les installations. La définition des zones ayant variée au cours du temps, je suis resté très schématique. Actuellement on distingue cinq zones de sismicité allant de la zone 1 (sismicité très faible) à la zone 5 (forte), en passant par la zone 2 (faible), la zone 3 (modérée) et la zone 4 (moyenne), toutes désignations étant conventionnelles. C’est à cette échelle que vous devez vous reporter pour effectuer les calculs antisismiques, une échelle qui fixe (selon les zones) un certain nombre de paramètres utilisés dans la norme (NF EN 1998-1 de Septembre 2005) et dans les textes réglementaires (arrêté du 19 Juillet 2011 modifiant l’arrêté du 22 Octobre 2010), lesquels conduisent à distinguer plusieurs situations.
Quelles sont ces situations ?
Il faut distinguer les bâtiments, équipements et installations selon les conséquences d’une défaillance :
. pour les sites d’importance I, la défaillance ne présente qu’un risque minime pour les personnes et l’économie,
. pour ceux d’importance II, la défaillance présente un risque moyen pour les personnes,
. pour ceux d’importance III, la défaillance présente un risque élevé pour les personnes et l’économie,
. ceux d’importance IV, étant essentiels pour les services de sécurité civile et pour l’ordre public.
Qu’en est-il pour les équipements ?
Le lecteur intéressé me demande également des informations complémentaires sur la protection antisismique des équipements. Voici le titre et les références du guide américain ASHRAE que j’ai signalé, un guide qui concerne le génie climatique, la plomberie, l’électricité et la protection incendie, avec un très grand nombre de schémas intéressants, en particulier pour la protection des réseaux hydrauliques et des réseaux électriques :
Practical Guide to Seismic Restreint
J’ai, d’autre part, indiqué qu’un accident nucléaire américain de 1994 avait bien fourni la preuve qu’il fallait faire quelque chose pour les équipements : il s’agit des incidents survenus à la centrale de Northridge en Californie, là où la structure a très bien tenu mais où les équipements ont été complètement détériorés.
Que peut-on dire, par ailleurs, pour le développement dynamique ?
Le sujet est intrinsèquement très vaste, et je vais me limiter à des indications relativement sommaires. Dans les lettres précédentes j’ai assigné au développement dynamique le soin de satisfaire un premier objectif : «déglobaliser». Il se trouve qu’en mettant au point les procédures j’ai fait apparaître le souhait d’un deuxième objectif : «dérigidifier». Si vous regardez de près ce qui se passe avec les règles actuelles, vous constaterez qu’on semble définir les solutions une fois pour toutes. Quitte à les bouleverser plus ou moins par la suite avec les développements techniques. Si l’on veut éviter des retournements plus ou moins brutaux il faut que les règles du développement soient ouvertes à ces évolutions techniques, et ne soient pas rigides et fixées une fois pour toutes. C’est donc sur ces deux axes : « déglobaliser » et « dérigidifier », que doit s’appuyer le développement dynamique pour bénéficier de tous les avantages.
Lesquels, finalement ?
Avec le développement dynamique, non seulement vous pourrez adapter votre gestion technique, mais vous pourrez également tenir compte naturellement des évolutions fonctionnelles du bâtiment. Vous pourrez prendre en compte le niveau et la durée d’occupation, variable avec l’âge du bâtiment dans bien des cas (naissances ou vieillissement des occupants dans l’habitat, modification des activités dans le tertiaire). Vous pourrez tenir compte du comportement des occupants, et des progrès techniques (par exemple domotiques) qui jouent un rôle essentiel aux faibles consommations. Si vous décidez d’installer un climatiseur dans un logement, avec la RT 2005 (et les suivantes certainement), le calcul réglementaire est, dans bien des cas, totalement faux et ne tient pas compte de la réalité qu’il faudra bien – un jour ou l’autre - intégrer. Il en est presque toujours de même pour l’éclairage. Il faut donc utiliser des règles plus souples et plus ouvertes. Et faire davantage confiance aux professionnels et à l’observation.
Roger CADIERGUES