Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
29 Septembre 2011
Actuellement nous sommes, pour le neuf, sous la coupe des exigences globales : l’énergie consommée tous usages. N’y aurait-il pas moyen d’opérer autrement, ce que faisait d’ailleurs plus ou moins la première réglementation thermique française.
Pourquoi choisir une autre solution que la solution actuelle ?
La solution actuelle (pour les bâtiments neufs) possède l’avantage apparent d’être, au premier regard, très rationnelle. Mais elle ne l’est pas du tout si l’on regarde pratiquement ce qui va se passer dans les décennies à venir : les équipements vont changer, les utilisations aussi. De sorte que notre bâtiment, aujourd’hui neuf, ne sera plus « parfait » que dans l’imagination des règlements 2012. Les bâtiments construits aujourd’hui ne répondront plus alors qu’à des principes paraissant anciens, et plus ou moins périmés. C’est inévitable : l’image idéale du début s’effacera, au bénéfice d’une gestion et d’équipements progressivement différents avec lesquels il nous faudra vivre. Le bâtiment neuf sera devenu l’existant, avec de vieux principes qu’il faudra corriger.
Que peut-on y faire ?
D’abord ne pas mélanger les techniques – par exemple les structures et les réseaux internes – qui ont souvent de durées de vie très différentes. Ensuite faire tout ce qui est possible pour que le bâtiment puisse s’adapter aux évolutions des exigences et des techniques. Pour que ce soit aisé, ma position est simple : il faut « déglobaliser » les démarches. Au contraire de la pratique actuelle, essentiellement intellectuelle.
Tout cela est bien théorique …
Absolument pas, bien au contraire. Sur le plan pratique, par exemple, la réglementation du neuf devrait contenir plusieurs chapitres franchement séparés. Le premier chapitre serait consacré aux parois opaques du bâtiment hors toiture – essentiellement à leur isolation thermique, au moins pour le moment. Le deuxième chapitre pourrait être consacré à la toiture, le troisième à des éléments de structure de durée de vie a priori plus faible : les parois translucides, protections solaires incluses en principe. Et ainsi de suite pour les autres composants de la construction (y compris les équipements), chacun relevant d’un axe technique précis et présentant (en ordre de grandeur) une durée de vie particulière. Les calculs complexes et inutiles étant exclus, tout serait finalement bien plus facile et bien plus commode pour la conception et le contrôle. Et beaucoup mieux que le magma actuel, dont d’ailleurs les auteurs s’extraient de plus en plus difficilement. Quand j’ai proposé cette solution mon premier interlocuteur m’a d’abord reproché de revenir aux années d’antan. Je lui ai fait observer que le fait de revenir à des principes plus anciens n’était pas forcément source de mauvaise qualité, ce que mon interlocuteur a, sans peine, reconnu.
La réglementation thermique actuelle ne se borne pas aux consommations …
C’est exact, mais ce n’est pas ce qu’elle fait de mieux. En voici un exemple : la température intérieure maximale d’été sans climatisation, la fameuse Tic. En dehors des aspects juridiques tenant à ce que ce calcul ne relève pas (à mon sens) de la réglementation thermique, au lieu de se livrer aux calculs actuels (d’ailleurs erronés dans la RT) il vaudrait mieux se référer à la norme internationale NF ISO qui traite très bien de ce sujet.
Faut-il, vraiment, recourir aux normes ?
D’une manière générale, il faudrait faire davantage référence aux normes, tout en restant critique. Cette référence est, en particulier, essentielle quand il s’agit de performance énergétique des équipements, ou d’isolation thermique des canalisations et des appareils. La position réglementaire française actuelle vis-à-vis des normes me parait d’ailleurs pour le moins surprenante. Si l’on déglobalisait, et si l’on classait les actions techniques par technique le rôle des normes apparaîtrait alors plus clairement. Et cette déglobalisation pourrait ainsi, très facilement, concerner aussi bien le neuf que l’existant (dans les opérations de remplacement) sur lequel nous reviendrons.
N’hésitez pas, désormais, à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc@xpair.com
Roger CADIERGUES