Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
3 Octobre 2011
Il y a quelques mois l’association britannique des ingénieurs en équipement technique (CIBSE), constatant l’insuffisance des efforts sur l’existant a décidé d’y obvier en alertant tous les partenaires grâce au message suivant : « Si l’on veut parvenir, en 2050, aux résultats énergétiques unanimement souhaités il faut refondre un bâtiment existant chaque minute ». Pouvons-nous, vraiment, le faire ?
Quelle est votre réponse ?
Il s’agit là d’une mise en place de la méthode manifestement envisagée un peu partout : «refondre les bâtiments existants en en réexaminant tous les aspects énergétiques à la fois». C’est exactement l’erreur que je conseille de ne pas faire : vouloir régler tous les problèmes énergétiques de chaque bâtiment existant en faisant tout à la fois. Ceci dit l’avantage du message britannique cité plus haut est qu’il concrétise très bien le niveau du problème : une refonte par minute. Mais ceci en adoptant une position manquant de souplesse comme je l’ai indiqué dans la lettre précédente. La bonne méthode est, selon moi, sauf décision circonstanciée, d’opérer sur chaque bâtiment de façon discontinue dans le temps, en profitant éventuellement des « occasions », et non pas en voulant tout faire en une seule fois.
Votre réponse est-elle vraiment très pertinente ...
Un interlocuteur m’a, récemment, gentiment reproché d’avoir trop souvent repoussé certaines explications à plus tard, de sorte que certaines présentations manquent de clarté, et perturbent ce lecteur. En fait il s’agissait surtout des deux thèmes suivants :
. comment assurer et organiser le développement dynamique, en particulier dans l’existant,
. comment choisir les outils informatiques (matériels et logiciels) dont j’ai parlé dans les lettres des mois précédents.
Sur le deuxième point (l’informatique) nous sommes plus ou moins liés aux décisions des constructeurs. Les novations ne sont pas de mon fait. Et pour y faire face valablement il faudra, dans certains cas, patienter encore quelque temps. La situation est toute différente pour ce qui concerne le développement dynamique.
Que peut-on dire sur ce dernier point ?
Je vais d’abord revenir sur le passé, et sur le déclenchement – sous l’égide et l’idée de Raymond Barre et de ses collaborateurs – de l’opération dite des « 400 francs par tep ». Une opération qui eut effectivement un certain succès sur tout le territoire, mais qui fut abandonnée lors du bouleversement politique. En fait cette action reposait sur deux idées clés de Raymond Barre :
- 1. s’attaquer d’abord à la maîtrise de l’énergie dans l’existant, bien plus important et difficile que le neuf,
- 2. faire appel aux professionnels de terrain (et j’ajouterai non pas aux « intellectuels »).
Est-ce toujours valable ?
Il ne s’agit pas ici de répéter les « 400 francs par tep », mais d’en tirer les morales. La première est qu’il faut d’abord s’attaquer à l’existant, ce qui conduit naturellement à des opérations ponctuelles, et non pas globales et réglementaires. Et ce qui conduit à une succession d’actions réparties dans le temps selon les besoins et les possibilités. La règle doit être de découper les améliorations par secteurs, ces secteurs étant à la fois cohérents sur le plan technique et cohérents en matière de durée de vie. C’est le fondement de ce que j’ai appelé la « déglobalisation ». Pour la présenter, mettons d’abord de côté tout ce qui concerne les parois du bâtiment (dont j’ai déjà parlé), et consacrons-nous aux équipements et à leurs fonctions, secteur par secteur. Par exemple, en chauffage, distinguons les secteurs suivants :
. la ventilation d’abord (qu’il sera souvent possible d’améliorer, sous réserve d’interventions plus ou moins lourdes),
. la production de chaleur (ex. : il faut régulièrement changer les chaudières),
. la distribution de chaleur (ex. : on peut, de plus en plus, agir sur les consommations des pompes de circulation, mais on peut aussi améliorer – parfois très fortement – l’isolation thermique des tuyauteries),
. les régulations, etc.
J’y reviendrai, finalement, dans les semaines qui viennent.
N’hésitez pas, désormais, à poser vos questions ou à développer vos suggestions auprès de rc@xpair.com.
Roger CADIERGUES