Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
26 Janvier 2012
Alors que s’ouvre une nouvelle année nous sommes, hélas, obligés d’accepter un bon nombre d’incertitudes en matière énergétique. Que peut-on y faire ?
Quelles sont ces incertitudes ?
Je commencerai par la première : la réglementation dite « RT 2012 », sur laquelle la presse et les congrès récents se sont régalés, alors que je considère personnellement qu’il s’agit une réglementation au minimum douteuse. Sans compter les déboires réels (souvent cachés sous des discours optimistes) de la précédente, dite « RT 2005 », en particulier dans le domaine du chauffage.
De quels déboires voulez-vous parler ?
On s’est généralement gardé d’insister sur les consommations réelles des bâtiments dits basse consommation, et on les a même souvent occultées. Quand ces consommations apparaissent (au réel) nettement plus élevées en chauffage que ce que prévoient les textes adoptés, l’argument généralement fourni est que les usagers utilisent des niveaux de température plus élevés que prévu. Sous-entendu qu’ils utilisent des consignes trop fortes, ce qui est à mon avis inexact. Je suis désolé de dire :
- 1. qu’il y a longtemps que j’ai signalé le défaut des calculs adoptés, qui surestiment les économies en négligeant le manque de souplesse des équipements classiques,
- 2. que ce ne sont pas les points de consigne des usagers qui sont en cause, mais les surchauffes inévitables avec des systèmes de chauffage caractérisés par des inerties de réponse qui deviennent essentielles aux basses consommations.
Reste que ce n’est pas tout.
Que voulez-vous dire par là ?
D’abord que nos réglementations actuelles soufrent d’un certain nombre de défauts. Je prétends que les solutions adoptées présentent souvent trois défauts essentiels :
. la non-prise en compte du carbone investi, aboutissant au constat suivant : une augmentation immédiate (et non une diminution) de l’effet de serre, un thème déjà traité dans ma lettre du 13 Octobre,
. la non-prise en compte de ce qui pourrait bien devenir notre défi essentiel : le manque de matières,
. et surtout l’absence de considérations économiques globales, un défaut qui sera de plus en plus pénalisant dans l’ambiance économique actuelle.
Cette dernière absence est-elle vraiment si importante ?
Oui, pour deux raisons : d’abord parce que cette négligence peut conduire à de mauvais choix, ensuite parce que le manque de logements devient une plaie qui s’accusera avec le temps. Si vous voulez avoir une idée de ce que la réglementation peut conduire à des mauvais choix, reprenez simplement la directive européenne que j’avais citée (cadre normal d’une nouvelle réglementation) : « Que chaque pays démontre que les standards de performance ainsi exigés se situent à un coût global minimal, le coût global incluant - pour la durée de vie du bâtiment - ceux de construction, ceux de maintenance et ceux de gestion, plus – naturellement - ceux d’énergie consommée ». J’attends de nos pouvoirs publics que cette démonstration soit faite, désormais, pour ce qui nous concerne : c’est bien plus important que des calculs thermiques qui se veulent savants. De toutes façons ce ne sera qu’un des aspects de nos problèmes énergétiques.
Que voulez-vous dire par là ?
Que tout cela ne concerne que le neuf, alors que notre problème énergétique essentiel reste celui de la maîtrise des consommations dans l’existant. Vous ne serez donc pas surpris que j’y revienne abondamment dans les lettres à venir. Pour le moment nous allons faire le point sur les bases à adopter.
Roger CADIERGUES