Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
21 Décembre 2009
J’ai souligné, ces dernières semaines, à quel point le développement quasi-certain de l’usage de l’électricité implique que, par ailleurs, soit menée une politique nationale efficace sur la production de cette énergie. Pour essayer d’y voir un peu plus clair, examinons ce qu’est actuellement la politique française.
Peut-on la définir ?
Lorsqu’un représentant d’un pays européen me pose la question de savoir ce qu’est la politique énergétique française actuelle, je suis bien en peine de répondre. En principe cette politique est définie par une loi, celle du 13 Juillet 2005, dite « loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique », mais je trouve de moins en moins mon compte dans cette loi. D’autant qu’elle me paraît risquer de plus en plus souvent d’être dépassée par les décisions à venir du Grenelle de l’environnement. Des conséquences qui ne sont d’ailleurs pas encore bien définies;(circulaire du 23 Mars 2009 du MEEDDAT), qu’il s’agisse de conséquences en matière d’actions autorisées ou de conséquences dépendant des interventions de l’Etat.
Est-ce une situation unique et générale, en Europe ?
Jusqu’ici toutes les réglementations énergétiques européennes reposent sur des limites de consommation d’énergie (éventuellement primaire). Comme si le vrai défi était celui du manque de combustible, alors que cette peur – souvent présente depuis un demi-siècle – s’est toujours révélée largement dépassée par les réalités ultérieures. Notre vrai problème est celui du réchauffement climatique, un réchauffement dès maintenant sensible, mais risquant surtout de croître fortement ces prochaines années. Il faut donc agir.
Que faire ?
Ce problème ne peut valablement être traité qu’à travers ce qu’on appelle le « bilan carbone », qui mesure les dégagements de gaz à effet de serre. Jusqu’ici aucun pays n’utilisait vraiment cette base, la seule exception – en cours – étant britannique. En Grande Bretagne on ne caractérisera plus, désormais, la situation en parlant d’énergie (primaire ou non) mais en la caractérisant par le bilan carbone. Dans ce cadre il a été décidé, par exemple, de mener une action particulière dans le domaine de la production d’électricité.
De quoi s’agit-il ?
Du « UK Low Carbon Transition Plan », le plan stratégique énergétique publié par le gouvernement britannique en 2009, définissant les actions à mener pour réduire les émissions de CO2 de 34 % en 2020 (par rapport à 1990). Il s’agit, par exemple, de porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité, (aujourd’hui de 5,5 %) à au moins 30 %. Et ce grâce à un appel amplifié : à l’éolien (terrestre ou off-shore), à la biomasse, à l’hydraulique et aux installations marémotrices (notez l’absence, volontaire, du solaire dans les productions centralisées). Des efforts financiers particuliers seront consentis (déjà chiffrés) pour l’aide au développement : de l’éolien offshore, de l’utilisation des énergies des vagues et des marées, de l’énergie géothermique, et de l’énergie nucléaire.
Que fait la France ?
Comme je vous l’ai déjà dit, tout dépend des décisions à venir du Grenelle de l’environnement. Ce n’est qu’alors que nous pourrons savoir ce qu’il en est. Ceci dit, je constate qu’il existe un hiatus de plus en plus fort entre la politique énergétique et environnementale de la France (et de la majorité de l’Europe) et le travail que chacun devrait mener s’il voulait vraiment participer au développement durable. D’autant que les mesures «officielles» sont, ou paraissent devoir être si monolithiques et dispendieuses qu’elles risquent d’aboutir à des dépenses largement excessives, finalement peu efficaces par rapport aux moyens consentis. La raison essentielle en est qu’on semble plutôt naviguer au plus séduisant du moment, alors qu’il faudrait un plan d’action précis, et surtout bien étudié, en dehors de toute séduction ou influence passagère. Il faudrait s’orienter vers un vrai développement durable, où les choix résulteraient d’une optimisation globale, sérieuse, indépendante et énergique. En particulier en matière de production d’électricité.
Ceci dit, nous allons maintenant abandonner l’année 2009. Je vous donne donc rendez-vous, avec mes meilleurs vœux, au 4 Janvier de l’année prochaine (2010). Je devrais, alors, pouvoir vous en dire un peu plus sur les écoprojets.
Roger CADIERGUES