Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
3 Janvier 2011
Merci aux lecteurs qui m’ont soutenu ou fait connaître leur position. Merci, également, à ceux qui demandent des précisions : en voici quelques unes.
Quelles sont donc les remarques que vous avez reçues ?
Un premier lecteur de ce site est venu, récemment, me faire part de sa satisfaction face à ma position sur les éoliennes, que certains considèrent comme des destructeurs de paysages – ce qui n’est pas mon cas, du moins sous certaines réserves. La France compte de nombreuses et vastes plaines, souvent cultivées, où l’implantation d’éoliennes modernes qui – selon moi - restructurent avantageusement le paysage, la seule précaution étant d’éviter le voisinage des habitations. De tels sites existent, certains encore non équipés : il reste donc beaucoup à faire en éolien, même s’il va falloir se limiter.
Un second lecteur me reproche de ne jamais parler du bois. Je sais bien que c’est un matériau à la mode, mais je sais aussi que les protagonistes de l’emploi accéléré de ce matériau utilisent des arguments fallacieux. Il y a plusieurs siècles qu’en matière d’habitation, la France est passée du bois à la maçonnerie pour les murs extérieurs, et ce pour des raisons de durabilité et de confort d’été. Il n’en reste pas moins que presque toutes nos charpentes sont en bois, ainsi que les poutres de planchers. Il n’en reste pas moins que les portes et une grande partie des fenêtres, ainsi que pratiquement tout le mobilier sont en bois. A un point tel que le second poste déficitaire d’importation est, en France et derrière le pétrole : le bois.
Dire que la France est en retard par rapport à la Suède ou certaines régions d’Amérique du Nord c’est oublier que, dans ces pays, les climats d’été y sont différents et les ressources minérales également.
Dire que la France est en retard sur le Japon, c’est oublier que les conséquences des tremblements de terre (quasi-quotidiens) sont essentielles dans ce pays. Or il est extrêmement coûteux de construire des maisons individuelles anti-sismiques en maçonnerie (résistant aux tremblements de terre extrêmes).
Négligeons donc ces comparaisons tendancieuses et revenons à la France : il y a plusieurs siècles y a été décidée la création des forêts domaniales gérées par l’Etat. Il s’agissait alors de faire face aux consommations très fortement croissantes de bois, une situation due alors à l’accélération des constructions navales (fluviales surtout, maritimes également). Si nous voulons, en France, développer valablement les usages du bois il faudra donc une nouvelle politique sylvicole, forte mais risquant toujours d’être insuffisante. Et tout cela alors que sur la totalité de la planète c’est la déforestation qui l’emporte actuellement.
Un troisième lecteur me reproche gentiment d’avoir choisi, dans ma lettre sur le «carbone investi» du 4 Octobre 2010, un exemple où ce carbone investi est (pour mon lecteur) anormalement important. La réalité c’est que cette partie investie est extrêmement variable : il existe effectivement des constructions où le carbone investi est nettement moins important que celui de l’exemple que j’ai choisi, mais il existe également des situations inverses où le carbone investi est encore plus important. En voici un exemple extrême, celui de l’aéroport d’Orly où deux terminaux seront chauffés par une nouvelle installation géothermique (avec 35 km de réseau de distribution de chauffage). Le principal bénéfice annoncé est une économie de 9 000 tonnes de CO2 par an. Bien entendu – et le projet ne le dit pas – il s’agit de carbone opérationnel … le carbone investi étant totalement oublié. Or c’est fondamental :
. la durée de vie de l’installation est estimée à 30 ans (au lieu de 60 dans mon calcul d’Octobre), ce qui double le poids du carbone investi par rapport à mes calculs antérieurs ;
. tous les équipements géothermiques prévus sont sources de carbone investi considérable : le forage à 1 750 mètres pour aller chercher l’eau chaude, et un deuxième forage à 1 400 mètres pour rejeter l’eau ;
. ainsi que tous les équipements (pompes spéciales, échangeurs au titane) qui doivent résister aux risques importants de corrosion, et ce pour des durées de vie prévisibles assez courtes (5 ans pour les pompes, 10 pour les échangeurs), etc ...
Bien entendu, pour que la comparaison soit valable, il faut par ailleurs tenir compte du carbone investi dans la solution implicite de référence (chaufferie centrale à combustibles classiques), mais on aboutit facilement au résultat surprenant suivant : dans cet exemple il n’y a pas avec la géothermie – par rapport à une solution classique - économie de CO2 sur les 30 ans, mais augmentation. La situation est d’ailleurs telle qu’il aurait probablement fallu optimiser les choix sur le plan carbone, en examinant par exemple une installation répartie de pompes à chaleur (avec électricité « propre »), ce qui conduirait à supprimer le réseau de distribution de chaleur de 35 km, dont le carbone investi est loin d’être négligeable.
Roger CADIERGUES