Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
18 Avril 2011
Plusieurs messages d’alerte concernant le diagnostic de performance énergétique viennent, hélas, de confirmer mes craintes quant à cette procédure, où l’on est allé un peu trop vite dans la mise en place, caractérisée par un dédain manifeste des professionnels existants. C’est peut-être encore pire pour l’évaluation des performances des bâtiments, surtout ceux jugés « basse consommation ».
Quels sont donc les messages concernant les DPE ?
Pour le moment ils sont encore diffus, mais tous les exemples que je connais viennent les confirmer. La dénonciation la plus fiable, jusqu’ici, me semble provenir de l’association de consommateurs UFC, qui dans le numéro du 21 Février de sa revue « Que Choisir » juge que les résultats des DPE relèvent davantage de la « loterie » que de la «compétence professionnelle», et demande un renforcement du cadre juridique. Je crains bien que, sur ce dernier point, l’UFC se trompe : un cadre juridique renforcé ne fera pas que le diagnostic en cause puisse valablement se faire en une simple visite. Même avec des lecteurs infrarouges. Il n’y a d’ailleurs pas qu’en France où la mise en place de tels diagnostics se heurte à de sérieux mécomptes.
De quels pays s’agit-il ?
Prenons l’exemple de la Grande Bretagne où il existe des certificats de performance énergétique (energy performance certificates : EPC), dont l’application a été testée par le Ministère des Communautés et des Gouvernements Locaux (CLG). Finalement un assez grand nombre d’erreurs a été constaté dans les certificats. Avec, il est vrai, un certain nombre de pures erreurs matérielles (ex. lecture incorrecte de la plaque d’identification de chaudière). Ce qui est intéressant dans l’exemple britannique c’est qu’il s’agit d’un constat de l’administration elle-même. De sorte qu’il a été décidé que des mesures soient prises d’ici fin 2011, afin de remédier à cette situation. Et ce pour que les certificats en cause soient des aides véritables à l’amélioration des équipements. A suivre donc, pour y prendre éventuellement modèle, mais j’attends toujours un examen correct et objectif des DPE qui serait exécuté par les ministères français responsables.
Et tout ceci sans parler d’une récente étude USA in situ fournissant des résultats catastrophiques sur plusieurs centaines de diagnostics.
Vous parliez également des erreurs sur les prévisions de consommation ?
Là le sujet est un peu plus complexe, et un peu plus délicat à cerner. Le défaut le plus criant concerne les bâtiments dits « basse consommation » : les contrôles, quand ils existent, mettent en évidence des écarts parfois gigantesques entre les consommations réelles et celles prévues par les calculs « réglementaires ». Exemples :
. premier cas : 59 kWh de consommation réelle au lieu de 42 prévus,
. deuxième cas : 72 kWh de consommation réelle au lieu de 48 prévus.
Les bureaux d’études ont, parfois, pu étudier à fond les raisons de l’écart, les attribuant généralement à des défauts de réalisation, mais ce ne sont là que des explications très partielles. En réalité deux phénomènes sont en cause :
. une erreur liée au mode calcul « officiel », erreur d’autant plus forte que l’économie attendue est élevée,
. une négligence des problèmes de gestion des installations et de comportements des usagers.
Je ne reviendrai pas ici sur la mauvaise qualité de l’outil officiel de calcul, et me bornerai aux problèmes de gestion et de comportement des usagers.
Est-il vraiment possible d’en tenir compte ?
Je pense que l’exemple le plus significatif en la matière est la méthode proposée, en Grande Bretagne, par le BSIRA, une institution créée dans les années 1970 sur le modèle du Costic. La méthode proposée par le BSIRA porte le nom bizarre de «Soft Landing» (atterrissage en douceur), et s’appuie sur les deux propositions suivantes :
. la conception « durable » ne conduit pas automatiquement à des performances durables ;
. pour y obvier le BSIRA propose une démarche intitulée « Soft Landing Framework ».
Ce « framewok » est finalement proposé sous forme de feuilles de travail - adaptables à chaque projet – qui permettent au projet d’«atterrir» convenablement. Et ce essentiellement sur le plan de la gestion, comportement des usagers inclus. Une méthode proposée avec succès dans de multiples pays (Nouvelle Zélande ou Australie par exemple), une méthode que je souhaiterais voir appliquée le plus tôt possible en France.
Roger CADIERGUES