Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
22 Mars 2010
Nos démarches actuelles (publiques) sont largement basées sur les travaux du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (le Giec), un groupe qui est une émanation plus ou moins directe de l’ONU, et publie régulièrement des prévisions assez détaillées sur l’évolution future des climats et sur le réchauffement climatique. Or, depuis quelque temps, ces prévisions – les bases de travail publiques dans bien des cas - sont fortement contestées par un nombre croissant de « scientifiques ». Il s’agit là – à mon sens – d’une confusion générale, d’autant plus lamentable que je la crois largement due à une mise en place erronée du Giec.
Expliquez-vous, s’il vous plait …
Le rapport régulier du Giec comprend trois parties. La première est consacrée aux évolutions physiques, pour l’essentiel à l’évolution de l’effet de serre et au futur climatique. Les deuxièmes et troisièmes parties du rapport essaient de tirer (de la première partie) les conclusions sur ce qui peut en résulter, en particulier sur le plan géographique (tempêtes, inondations, etc ...). Actuellement la présentation est telle que nos commentateurs ont tendance à mélanger ces trois parties, ce qui est à mon sens infiniment regrettable.
Que voulez-vous dire par là ?
Aux débuts de l’activité du Giec - que j’ai suivie de près - il ne s’agissait pratiquement que de la première partie : l’évolution du climat pour l’essentiel. Pour ce qui nous concerne la conclusion a toujours été claire : l’effet de serre ne peut qu’augmenter face à notre envoi de carbone vers l’atmosphère. Malheureusement, quand on regarde cette première partie en détail, il faut bien reconnaître que les prévisions numériques en résultant sont statistiquement très « dispersées » - ce sont les études elles mêmes du Giec qui le prouvent. Exiger du Giec (ce sont les deuxièmes et troisièmes parties du rapport) d’en tirer des conclusions précises sur l’évolution générale - et non plus seulement sur l’évolution de l’atmosphère - est donc totalement abusif face aux incertitudes statistiques du premier rapport. Les conclusions que s’obstine à en tirer le Giec auraient dû rendre les décideurs bien plus circonspects qu’ils ne le sont. En clair l’ONU aurait dû prendre des précautions, et ne pas confier au Giec deux missions de trop : il aurait fallu se limiter à la première mission (la première partie du rapport). Car c’est à partir de là que les « décisions » du Giec risquent de conduire aux échecs les plus sérieux, cachant ainsi l’essentiel des conclusions vraiment justifiées. La première partie du rapport reste, à mon sens, valable. Mais sous réserve de bien prendre en compte les incertitudes statistiques des conclusions. C’est ainsi que l’application que j’ai toujours trouvée incorrecte - et ce depuis de longues années - consiste à fournir des obligations chiffrées sur l’évolution des températures. Depuis près de deux décennies, quand je vois que les conclusions des prétendus « experts » affirment qu’il faut limiter le réchauffement à 2°C, je mesure – avec irritation – à quel point les confusions deviennent inhérentes aux discussions actuelles. Des prévisions qui, par leurs chiffres, vont finalement bien au-delà des capacités du Giec, et des conclusions du premier rapport - même après des corrections plus ou moins bien venues. En clair le chiffre de 2°C (déjà atteint d’ailleurs en France) n’a aucun sens, et souligne bien les confusions actuelles.
Est-ce à dire qu’il faut vous classer dans les « opposants » ?
Absolument pas comme vous l’entendez. Je constate fréquemment que beaucoup d’affirmations des « opposants » au Giec, sont largement subjectives, même parfois erronées, sans doute par envie de critiquer plus ou moins profondément le travail déjà accompli. En clair, pour moi, le Giec - tout comme ses opposants - sont entrain de se battre sur un terrain absurde, les uns pour ne pas perdre la face, les autres pour la gagner. Les études de certains opposants sont, par exemple, complètement fausses sur l’évolution des températures, et ce pour deux raisons. D’abord parce qu’il ne faut pas raisonner sur le siècle, mais sur les vingt dernières années. Ensuite parce qu’il existe des réalités récentes, mesurées et contrôlées, sur l’évolution assez fortement ascendante des températures moyennes dans notre pays. Bien entendu, ce n’est pas un motif suffisant pour prendre comme règle qu’il faille que nous limitions l’accroissement des températures à 2°C, et que nous prenions cette valeur comme objectif. D’autant que le développement de l’urbanisation peut être également mis en cause. Ceci dit, je n’irai pas plus loin sur ce thème, et sur cette fausse controverse. Nous nous arrêterons là, jusqu’à Lundi prochain.
Roger CADIERGUES