Regardons les réalités …

Par Roger CADIERGUES le 11 Avril 2011

11 Avril 2011

La semaine dernière j’ai suggéré de remplacer les RT par des normes plus écologiques, prenant exemple sur ce qui a beaucoup de succès dans les transactions immobilières actuelles : la référence au label HQE, qui traite de la totalité de l’environnement, et non pas uniquement d’énergie. Mettant ainsi un peu à la poubelle le classement énergétique A, B, C, etc…

Pensez-vous, vraiment, que ce soit réellement possible ?

Absolument. Le seul problème pratique est que la marque « HQE » (pour « haute qualité environnementale ») est une marque protégée, gérée par une association indépendante. C’est un obstacle matériel qui ne me paraît pas impossible à surmonter. Peut-être, tout simplement, en créant l’équivalent public d’une marque environnementale large et ouverte : nous avons déjà à notre disposition un guide d’application Afnor qui le permet.

De quel guide voulez-vous parler ?

Du guide AFNor « GA P01-030 » de Juin 2003 intitulé « Système de management environnemental ». Qualité environnementale des bâtiments – système de management environnemental pour le maître d’ouvrage : opérations de construction, adaptation ou gestion des bâtiments. … ». C’est le cadre de la démarche HQE, celle-ci (comme indiqué plus haut) étant gérée par une organisation privée. Il n’y a pas, à mon avis, de difficulté à généraliser la procédure hors du cadre juridique strict de la marque HQE … quitte à créer une étiquette publique. Le succès, dans les opérations immobilières récentes, de la démarche HQE prouve bien qu’il a là un réel besoin. Ainsi qu’un bon exemple, le Guide précédent soulignant bien ses limites. C’est d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une application « bâtiment » d’une norme internationale bien précise : ISO 14001.

Pourquoi abandonner les performances énergétiques ?

Il ne s’agit pas d’abandonner les performances énergétiques, mais de les répartir par catégorie, sans calcul compliqué et sans globalisation. Sans tentation de critère global de signification théorique plus que pratique. Il faut éviter ce qui caractérise les méthodes actuelles, en particulier lorsqu’il s’agit de bâtiment dit « à énergie positive » : une évaluation erronée des consommations réelles et une surévaluation des performances solaires - productions photovoltaïques par exemple. A mon avis, inutile d’effectuer tous les calculs actuels, faussement performants : on peut être beaucoup plus simple … et juridiquement viable.

Les méthodes actuelles permettent pourtant d’évaluer les performances énergétiques ?

Prenez un exemple (je songe à un exemple précis) qui prouve bien que c’est souvent plus compliqué que dans les esprits et dans les règles RT actuelles. Par exemple, en utilisant les méthodes RT …
. La première étape a été de réaliser une enveloppe étanche à l’air. Les répercussions énergétiques – surtout dans 20 ans – que vous pouvez en attendre sont très théoriques : on suppose par exemple (pour estimer les performances) que l’air extérieur est à une surpression de 4 pascals, alors que – selon les façades – l’air extérieur est en dépression et non pas en surpression, et que cela dépend du temps qu’il fait.
. La deuxième étape a été d’évaluer les apports (éclairage, équipements, ensoleillement). Si vous opérez avec simulation, il va falloir le faire heure par heure en éliminant les apports inutiles (surchauffes), ce que certains procédés de calcul oublient complètement.
Soyons clairs : les calculs RT actuels sont très critiquables. Prenons un exemple (bien entendu je calcule en énergie primaire ??). J’ai prévu des panneaux photovoltaïques que j’ai installés à l’extérieur, m’assurant (selon RT) une production électrique de 42 [MWh/an], ce qui fait que ma réalisation peut se prétendre « à énergie positive ». Malheureusement » je teste les résultats sur le site réalisé tel que je viens de le décrire, et j’obtiens la première année :
. une consommation énergétique (primaire) de 51 MWh, au lieu des 38 prévus par le calcul officiel,
. une production photovoltaïque (revendue à EdF) de 32 MWh (au lieu des 42 prévus).
A vous de juger, le bâtiment étant (théoriquement) à énergie positive.

Faut-il vraiment concentrer nos efforts sur ces règles de calcul ?

Certainement pas, ne serait-ce que parce qu’il ne faut pas oublier l’existant, comme je l’ai indiqué dans ma lettre du 21 Mars dernier. D’ailleurs, pour sortir de ces litiges, je changerai complètement de sujet la semaine prochaine.

Roger CADIERGUES


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