Par Roger CADIERGUES le 08 Août 2023
23 Février 2009
Les premières réactions sur AuxiDev (installé sur XPAIR.com chaque Jeudi depuis de 8 Janvier 2009) sont parfois les suivantes : " c'est un labyrinthe dont nous ne voyons pas bien les issues ". Un point sur lequel il est manifestement nécessaire de s'expliquer.
Effectivement, que peut
on dire ?
Toutes les propositions faites chaque Jeudi sont progressives. Il ne s'agit pas, avec AuxiDev, d'une réponse en une seule fois, loin de là. Il faudra un certain nombre de semaines pour juger valablement cette rubrique. Disons d'abord que nous reviendrons à un certain nombre de notions et de conventions qui étaient bien commodes. Par exemple, le coefficient G [W/m3 K] qui avait été initié au CSTB par André Fournol, et qui avait été repris dans la réglementation française. Un concept dont tout le monde avait l'habitude, et qui était bien plus commode et rationnel que les calculs actuels, faussement savants. Quoi qu'il en soit ce n'est qu'un exemple. Et il faudra un certain temps pour qu'AuxiDev se mette en ordre, et réponde à tous les besoins.
N'est-ce pas abusivement long ?
Les propositions AuxiDev s'échelonneront sur plusieurs mois, l'existant - par exemple - étant complètement traité d'ici Septembre 2009. A chaque fois, pour avoir quelque idée de la suite, consultez la page 2 de chaque livret : elle vous indiquera, non seulement les livrets déjà parus, mais également les livrets à paraître. Pendant ce temps les prescriptions " Grenelle II " se mettront sans doute en place, des prescriptions que, bien entendu, on ne pourra pas passer sous silence (il en sera progressivement tenu compte dans les procédures AuxiDev). Entre temps nous y verrons peut-être plus clair sur le plan financier. Un aspect qui me semble avoir été trop négligé, d'autant qu'il ne s'agit pas seulement de savoir " combien ça coûte ".
Que voulez-vous dire par là ?
Il s'agit, en reprenant l'ensemble des dispositions envisagées, non pas seulement de "savoir combien ça coûte" : il s'agit surtout d'optimiser les choix. Que le sauvetage de l'atmosphère soit le but souhaité, je le veux bien, mais il faut chercher à atteindre ce but dans les meilleures conditions économiques possibles. Et non pas au hasard de sentiments sous-jacents. Sinon ce sera, tôt ou tard, l'échec. Et j'ai bien peur que nous approchions de cette situation absurde. Il suffit de consulter l'Observatoire européen des marchés de l'énergie de Capgemini (ou de se référer aux réticences précises des pays européens de l'Est sur la réduction de nos dégagements de CO2) pour se rendre compte que les démarches imaginées par les Communautés européennes (correspondant à plus de mille milliards d'euros à investir d'ici 25 ans) aboutissent à des objectifs de plus en plus irréalisables. Même les recours prévus à l'éolien et au solaire ne suffiront pas. En Europe la consommation d'électricité continuera à croître, cependant que le dégagement de CO2 réussira difficilement à décroître. Il est, plus que jamais, nécessaire d'abandonner les considérations intellectuelles, et de s'attacher à un programme optimisé. Que peut-il en résulter, en dehors d'une vue plus objective, j'avoue que je reste encore incertain.
Quelle différence faites-vous en parlant d'optimisation, et non pas de coût ?
Prenons un exemple simple : il a été décidé - sans que j'en connaisse les bases économiques précises - d'améliorer l'isolation thermique des bâtiments à un point qui n'a jamais été atteint jusqu'ici. Il y a beaucoup de controverses sur les coûts de cette surisolation, les surcoûts bâtiment qui m'ont été cités variant de 9 à 17%. Quand on examine ce problème il est bien évident que l'effort peut porter aussi bien sur l'isolation des parois translucides, sur celle des parois opaques, et que sur la récupération éventuelle de chaleur sur l'air extrait. Si l'on se fixe, avec le critère classique, de parvenir à un coefficient G de 0,3 [W/m3 K] il est bien évident qu'il faut choisir la voie la plus économique : il faut donc optimiser. Toute la chaîne des décisions devrait être de ce genre. Elle conduit, par exemple, à pousser d'abord l'isolation des vitrages. Puis, à partir d'un certain niveau, à pousser l'isolation des parois opaques, avant de passer aux vitrages spéciaux ou au triple vitrage. Puis à partir d'un certain niveau d'isolation globale, à pousser le traitement de la ventilation. Bien entendu, ce sont là les démarches que devrait normalement suivre le concepteur … mais je n'ai pas connu, pour les RT récentes, de telles démarches …alors qu'elles ont été pratiquées pour des réglementations françaises plus anciennes. J'espère que les nouvelles décisions du Grenelle de l'environnement sauront rétablir l'équilibre, et mieux se justifier économiquement. Mais je ne puis naturellement pas le garantir. Ceci dit ce ne sera pas suffisant, comme nous le verrons Lundi prochain.
Roger CADIERGUES