Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
02 Septembre 2009
Je constate un nombre croissant de perturbations chez les ingénieurs, les techniciens et les entreprises de nos métiers. Comme si chacun avait le sentiment d’un déséquilibre permanent. Ce n’est pas tellement dû aux bouleversements techniques, qui ne sont finalement pas aussi nombreux qu’on le dit. C’est dû à la multiplication de décisions publiques plus ou moins instables et souvent inattendues, accompagnées d’une multitude de normes et de labels, de plus en plus nombreux et inextricables. Chacun se sent désormais à la merci d’un flot de textes et de décisions, à la fois contraignants et largement imprévisibles.
Que voulez-vous dire par là ?
Lorsque j’ai débarqué dans le secteur du chauffage tous les intervenants pouvaient facilement se former ou se documenter avec le Cours Supérieur d’André Missenard, parfois l’ancien manuel de Recknagel, jadis les manuels de fabricants de composants (Idéal Standard ou autre), plus tard les Manuels des Industries Thermiques (COSTIC). Tout le domaine de ce que nous allions appeler le génie climatique était finalement couvert sans trop de difficulté par des guides et manuels bien précis, même si – par exemple - le charbon ou la vapeur basse pression ou sous vide n’allaient pas tarder à manquer d’informations ou de spécialistes. Or ce temps des manuels, et surtout celui de bases précises, cohérentes et compactes, peut sembler parfois révolu : les lois, les décrets, les arrêtés, et les normes paraissent avoir souvent pris la place des guides classiques. Entraînant un bouleversement progressif de toute notre information technique et de toutes nos bases, l’ensemble étant accompagné d’une sorte de déséquilibre profond plus ou moins occulté mais réel. C’est clair : ce déséquilibre est dû à la croissance permanente, infernale et mal contrôlée, de nouveaux textes paraissant plus ou moins obligatoires.
N’exagérez-vous pas un peu ?
N’ayant pas – personnellement – pris conscience plus tôt de cette évolution, mais me trouvant face à des demandes répétées sur ce problème, j’ai essayé d’y voir un peu plus clair et j’ai tenté de déceler comment les textes d’accompagnement avaient évolué. En me limitant d’abord, par simplicité, aux textes techniques et réglementaires du bâtiment. J’avoue que j’ai été extrêmement surpris : je n’avais pas – jusque là - deviné que nous étions victimes d’une avalanche aussi débordante. Voici les résultats de mon examen :
- durant les années 1960 il paraissait environ 1 texte par an,
- durant les années 1970 nous étions passés à 3 textes par an
- durant les années 1980 c’était 5 textes par an
Puis la déferlante s’est accélérée : 9 textes par an durant les années 1990, 13 textes par an entre 1999 et 2001, 34 textes par an en 2002-2003.
Pour finir par 65 textes par an, en moyenne, entre 2004 et 2008.
Encore ne s’agit-il là que des textes réglementaires, car avec les normes les parutions ont presque triplé. Il n’est donc pas étonnant que beaucoup d’ingénieurs et techniciens aient de la peine à suivre … sauf à ignorer en très grande partie tous ces nouveaux textes. D’autant que leur abord n’est pas toujours facile, ni la qualité garantie.
Que faire ?
Je suis convaincu qu’il est possible de lutter efficacement contre ce déferlement déséquilibrant, et ce sans une mise de côté complète des règlements ou des normes. Il suffit d’opérer beaucoup plus simplement et surtout beaucoup plus sainement quand il s’agit de concevoir ou de réaliser une opération sur le neuf et sur l’existant. Pour ce faire ma recette est simple : chargez-vous, vous-même, du développement durable. Prenez-le directement en main, le respect des règlements et le recours aux normes n’étant plus alors qu’accessoire.
N’est-ce pas une option trop compliquée ?
Comme j’espère vous le montrer, aussi curieux que cela puisse paraître au premier abord, c’est le seul et véritable moyen de faire du vrai développement durable. Et, dans ce cadre, d’agir efficacement et de façon vraiment créative. De plus, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas – loin de là - plus compliqué que de subir comme actuellement les textes réglementaires ou normatifs, d’ailleurs souvent imparfaits. Vous pourrez le faire grâce aux aides très simples dont nous reparlerons. C’est, non seulement, un moyen commode d’éviter les déséquilibres et débordements actuels, c’est surtout le moyen le plus efficace d’assurer un véritable développement durable – notre véritable défi actuel.
Peut-on avoir un peu plus de détails ?
J’y reviendrai la semaine prochaine, car il ne s’agit encore là que de généralités.
Roger CADIERGUES