Toujours le carbone investi ...

Par Roger CADIERGUES le 13 Octobre 2011

13 Octobre 2011

Voici, maintenant, la réponse à une question qui peut sembler plus embarrassante puisqu’il s’agit de se demander si, dans une lettre récente, je n’ai pas fait une erreur de calcul … tant le résultat final parait à certains aberrant.

De quoi s’agissait-il ?

   Il s’agissait d’abord, dans cette lettre, de l’importance du carbone investi dans les bilans. Mais il s’agissait aussi des positions apparemment contradictoires entre deux structures officielles, et ce à quelques mois de distance. Reprenons d’abord le deuxième aspect, celui des positions officielles.

Quelles sont donc ces positions contradictoires ?

   Il s’agit de deux positions traduites par deux articles publiés dans le même quotidien. Le premier article, qui date des premiers mois de 2010, possède le titre suivant : « Forte diminution de la consommation d’énergie en 2010 ». Avec un sous-titre qui ne manque pas de sel au regard de ce que nous verrons plus loin : « Ce résultat est en partie lié à la crise économique, et le fort essor des énergies renouvelables permettent au moins à la France d’afficher un  bilan très positif en matière de réduction de CO2 ». Le deuxième article, publié en Août dans le même quotidien, s’intitule, lui : « Emissions de CO2 : la France stagne ». Avec la remarque suivante : « Vingt ans d’efforts pour rien ou presque », l’émission française de CO2 estimée ayant été de 4,39 Mt/an en 2009 pour 4,38 Mt/an en 1990. Tous ces résultats émanent d’informations officielles accompagnées de discours gênés aux entournures.

Quelles sont donc les sources de ces discours officiels ?

   Le premier article se basait sur les informations issues du ministère de l’Ecologie, qui se flattait du succès des demandes de classement en basse consommation (BBC) de 45000 bâtiments en 2010, le ministre affirmant de ce fait qu’« en deux ans on effectue un saut technique supérieur à celui effectué au cours des trente dernières années » … ce qui est d’ailleurs  complètement faux. Le deuxième article se basait, lui, sur les études du commissariat au développement durable.  

Qu’y a-t-il de commun avec le carbone investi ?

   Il y a le fait que tous les raisonnements habituels se basent sur le carbone opérationnel (celui des consommations d’énergie), et négligent le carbone investi (celui de l’amélioration énergétique, par exemple l’épaisseur d’isolant  en chauffage). Je ne prétends pas que le rôle du carbone investi explique les divergences officielles constatées … mais nous n’en sommes pas loin.

Est-ce vraiment si important ?

   Je vais reprendre un exemple, celui de l’amélioration de l’isolation thermique d’un mur de bâtiment, mur comportant au départ 5 cm d’isolant, épaisseur que nous allons accroître progressivement. Avec l’hypothèse que,  dans le carbone investi, nous ne tenions compte que de l’isolant : sa manufacture, son transport, sa pose. Et en supposant qu’il ne s’agit pas d’isolants d’importation, sinon le carbone investi serait à la «charge» du pays d’origine. Voici quelle est la répartition « carbone opérationnel – carbone investi » selon l’épaisseur de l’isolant :
. Epaisseur de 5 cm (point de départ) : carbone opérationnel = 97, investi = 3 (le carbone investi ne compte alors que pour 3%).
. Epaisseur de 10 cm : opérationnel de 69, investi de 6 (l’investi compte alors pour un peu moins de 9%) ;
. Epaisseur de 15 cm : opérationnel de 45, investi de 9 (l’investi compte alors pour 20%) ;
. Epaisseur de 20 cm : opérationnel de 39, investi de 12 (l’investi compte alors pour 30%).
C’est dire qu’en améliorant l’isolation, l’investi est de plus en plus important, un aspect que la réglementation thermique française oublie totalement. Et surtout un aspect relativement bizarre : si nous poussons très loin l’isolation (et que nous la fabriquions en France) nous allons émettre, dans l’immédiat, beaucoup de CO2 (l’investi), alors que les réductions (grâce à l’opérationnel) n’apparaîtront, elles, que des années plus tard. Aux premières années le bilan CO2 sera donc négatif.
   Tout ceci veut dire, en clair, que les améliorations énergétiques poussées (vedettes du Grenelle de l’environnement), outre qu’elles se traduisent par des surcoûts financiers non négligeables, se traduisent souvent par une augmentation immédiate du CO2 émis.  Ce qui veut dire également, et en clair, que les réductions immédiates de CO2 émis ces prochaines années risquent tout simplement d’être totalement illusoires.



Roger CADIERGUES


Commentaires

Aucun commentaire actuellement, soyez le premier à participer !

LAISSER UN COMMENTAIRE

ABONNEZ-VOUS !
En validant ce formulaire, vous acceptez que les informations saisies soient transmises à l’entreprise concernée dans le strict respect de la réglementation RGPD sur les données personnelles. Pour connaitre et exercer vos droits, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité
Reférencement gratuit

Référencez gratuitement votre société dans l'annuaire

Suggestions

Présenter les innovations aux acteurs du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023

Présenter les innovations aux acteurs du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023

Découvrons l'impact d’EnerJ-meeting qui a rempli sa mission de carrefour de la filière bâtiment.


Interviews sur les innovations du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023 : suite et fin

Interviews sur les innovations du marché lors d’EnerJ-meeting Paris 2023 : suite et fin

Découvrons lors d’EnerJ-meeting Paris 2023 les interviews d’industriels et start-up qui innovent pour la filière.


Récupération de l’énergie des eaux grises sanitaire : analyse technico-économique

Récupération de l’énergie des eaux grises sanitaire : analyse technico-économique

Découvrez une analyse technico-économique sur la récupération de l’énergie des eaux grises sanitaire par PAC FACTEUR 7.


La ventilation naturelle est-elle une solution pertinente pour répondre aux enjeux d'aujourd'hui ?

La ventilation naturelle est-elle une solution pertinente pour répondre aux enjeux d'aujourd'hui ?

La ventilation des bâtiments peut-elle répondre aux problématiques de qualité de l'air intérieur (QAI) sans augmenter les consommations énergétiques ?


EnerJ-meeting Paris le 9 février : « construction et rénovation, sobriété et solutions 0 carbone »

EnerJ-meeting Paris le 9 février : « construction et rénovation, sobriété et solutions 0 carbone »

Le 9 février 2023 aura lieu la 7 ème édition d'EnerJ-meeting Paris sur le thème « construction et rénovation, sobriété et solutions 0 carbone »


Gestion air et boues dans les réseaux fermés

Gestion air et boues dans les réseaux fermés

La gestion de l'air et des boues qui se trouvent dans les réseaux fermés est essentielle pour préserver les installations


Rénovation énergétique : installateurs, devenez des partenaires référents

Rénovation énergétique : installateurs, devenez des partenaires référents

Hellio propose un accompagnement pour la rénovation énergétique, découvrez ce partenariat.


Obligation de calorifuger les réseaux de chaleur et de froid dans les bâtiments tertiaires et résidentiels collectifs

Obligation de calorifuger les réseaux de chaleur et de froid dans les bâtiments tertiaires et résidentiels collectifs

Le décret du 7 juin contraint les installations de distributions chauffage et de climatisation dans les bâtiments tertiaires et résidentiels à un calorifugeage thermiques des réseau dès 2027.


Surcoûts majeurs pour atteindre la neutralité carbone - Le rapport à la Première Ministre

Surcoûts majeurs pour atteindre la neutralité carbone - Le rapport à la Première Ministre

Prenons connaissance du rapport établi, fruit d'un projet collectif, mettant en avant l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France.


Audit énergétique réglementaire : une étape clé et un atout pour les entreprises

Audit énergétique réglementaire : une étape clé et un atout pour les entreprises

De nos jours, l'accès à l'énergie et son coût sont des enjeux majeurs en termes de compétitivité. Les responsables d'entreprise sont en quête de solutions pour réduire leur consommation énergétique.


Rénovation en copropriété 80 logements avec 63% d'économie d'énergie

Rénovation en copropriété 80 logements avec 63% d'économie d'énergie

Voici un REX d'une rénovation exemplaire de copropriété qui a généré 63% d'économie d'énergie : texte et vidéo !


3 étapes pour optimiser la performance du bâtiment et réduire son impact énergétique

3 étapes pour optimiser la performance du bâtiment et réduire son impact énergétique

Schneider Electric vous propose 3 étapes afin d'optimiser la performance du bâtiment et réduire son impact énergétique.


L'université d'Avans économise 40 % d'énergie grâce aux solutions Priva

L'université d'Avans économise 40 % d'énergie grâce aux solutions Priva

Grâce aux solutions Priva, l'université d'Avans a pu réaliser 40% d'économie d'énergie.


Protection des réseaux d'eau potable, ce qu'il faut savoir, ce qu'il faut faire

Protection des réseaux d'eau potable, ce qu'il faut savoir, ce qu'il faut faire

L'eau potable est soumise à des variations de débits et de pression qui peuvent générer un retour d'eau (inversion du sens de circulation normal)


Les chiffres du chauffage, ECS, climatisation et ventilation : l’année du grand virage

Les chiffres du chauffage, ECS, climatisation et ventilation : l’année du grand virage

Prenons connaissance des chiffres dévoilés par Uniclima sur les activités du Génie climatique et de l'impact de la RE2020.