Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
17 Janvier 2011
Je vais, maintenant, tenter de répondre à une lettre récente beaucoup plus critique que toutes les autres missives que j’ai reçues.
De quelle critique s’agit-il ?
Il s’agit manifestement d’une protestation contre les termes que j’ai adoptés dans la lettre du 6 Décembre 2010, une lettre qui se terminait par la recommandation suivante : « On croit trop souvent que la simulation est un outil de travail valable et sûr, alors qu’il est incertain et souvent très arbitraire et dangereux. Cachant sous un masque mathématique apparemment savant, des faiblesses multiples et une globalisation finalement inadéquate. Laissons donc la simulation être un outil de recherche, et ce au lieu de la réserver aux usages quotidiens ». Je regrette que cette position puisse avoir des conséquences commerciales gênantes, mais il faut, manifestement, faire le point sur la simulation. En rappelant d’abord les origines.
Que peut-on dire sur ce point ?
D’abord que j’ai pratiqué la simulation numérique sur ordinateur bien avant qu’elle ne soit à la mode : je ne suis donc pas un sceptique sur le sujet. L’une des mes premières démarches sur ce point a été d’étudier, avec Léon Nisolle, la transposition sur ordinateur de la méthode – classique en France – des fonctions d’influence qui date des années 1928-1932. Malheureusement la mise en place n’a pu se poursuivre comme prévu, Léon Nisolle ayant décédé entre temps.
Par la suite j’ai eu l’avantage de former René Gilles, puis de l’avoir comme collaborateur avant qu’il n’intervienne comme consultant extérieur. René Gilles fut, à mon avis, le meilleur spécialiste du sujet, mais là aussi il devait décéder avant que nous n’ayons terminé.
Tout ceci pour les interlocuteurs français les plus marquants : restent d’autres interlocuteurs aussi appréciables.
De qui voulez-vous parler ?
J’ai eu la chance, il y a de nombreuses années, de recevoir en année sabbatique, Donald Stephenson, qui fut à l’origine de la mise au point canadienne des régimes variés. Débouchant sur une méthode facilement informatisable qui est devenue la règle dans toute l’Amérique du Nord. En particulier au sein de l’organisation majeure (pour les USA comme pour le Canada) qu’est l’ASHRAE.
Quelque temps après j’ai eu également la chance de recevoir en année sabbatique, Jürgen Masuch, qui fut – en Allemagne – la clé de toutes les études performantes en matière de régime varié. Allant par exemple jusqu’à la mise au point de la norme allemande de calcul des charges de conditionnement d’air. Tout cela avec des méthodes assez proches, même si elles furent apparemment différentes.
Toutes ces méthodes n’ont-elles pas le défaut d’obliger de recourir à l’informatique ?
Il ne s’agit pas là d’un défaut, et tous nos métiers sont actuellement largement dépendants des traitements sur ordinateur. Là aussi je n’ai pas attendu la mode. Il y a quelques années, à Westminster, lors du congrès annuel du CIBSE (Association britannique des ingénieurs d’équipement technique) j’ai eu le privilège d’être présenté comme celui qui a, le premier, introduit l’ordinateur dans le calcul pratique des installations climatiques. J’ai donc eu l’opportunité de décider si nous devions, ou non, pour ces calculs, utiliser la simulation dans la pratique courante. Après plusieurs expériences ma réponse fut non : elle le reste.
Est-ce que la situation actuelle ne mérite pas qu’on change d’avis ?
La citation que j’ai faite plus haut (l’extrait de ma lettre du 6 Décembre) reste toujours valable. Si j’ai émis des critiques sur certaines techniques de simulation, erronées (sans que ce soit facilement perceptible), et ce pour les raisons que j’ai indiquées, c’est par expérience. A ceux qui en doute, et qui commercialisent des logiciels de simulation, je propose le deal suivant : qu’ils m’envoient leur logiciel, je vérifierai gratuitement si leur produit triomphe des tests que j’ai mis au point. Attention, je me réserve le droit de rendre public les résultats, et je le ferai en tous cas systématiquement pour tous les logiciels ayant triomphé des tests.
Roger CADIERGUES