Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
15 Novembre 2010
La méthode qui – sous le fallacieux prétexte de rationalité – consiste à établir un bilan énergétique global des bâtiments est une erreur catastrophique. Il y a beaucoup mieux à faire, nous allons voir comment.
Le cas de l’éclairage, vu la semaine dernière, n’est-il pas exceptionnel ?
Absolument pas. Abandonnons l’éclairage et voyons l’exemple des services d’eau chaude. La consommation y va dépendre :
. de la technique adoptée, dont la durée de vie dépassera difficilement 15 à 20 ans,
. des techniques sanitaires utilisées (douches, etc ...), qui peuvent rapidement évoluer,
. de l’occupation des locaux, qui ne peut qu’être fallacieusement estimée au niveau du permis de construire, et qui peut, également, assez fortement évoluer dans le temps,
. etc ...
Que faire alors ?
Première précaution : considérer le service d’eau chaude comme une entité séparée, et ne pas la mélanger avec tous les autres services énergétiques.
Deuxième précaution : exiger une isolation thermique minimale des boucles de services d’eau chaude et des rendements minimums des pompes de circulation, valeurs pouvant évoluer dans le futur.
Troisième précaution : aider à développer et à utiliser les composants sanitaires induisant de faibles consommations d’eau, et les sources de production de chaleur (en eau chaude par exemple) écologiquement économes.
N’obtiendra-t-on pas le même résultat en spécifiant les consommations, même en traitant à part les services d’eau chaude ?
Absolument pas, et voici pourquoi. Si vous voulez globaliser il vous faut une méthode de prévision des consommations. Or, en la matière, il n’existe pas de méthode de calcul parfaitement valable :
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. d’abord parce qu’on ne sait pas, au moment de la conception, ce que sera l’occupation (de tel ou tel logement, par exemple : nombre de personnes, et en particulier d’enfants par classes d’âges),
. ensuite parce qu’on ne sait pas ce que sera le comportement de ces occupants, même sans faire intervenir les incertitudes sur l’évolution éventuelle des équipements sanitaires.
Il existe bien des méthodes publiées dans les publications techniques, mais – même si elles sont sérieuses et se basent sur des observations – aucune d’entre elles n’évite d’avoir à recourir à des conventions, pas toujours signalées, conventions hélas très importantes quant aux résultats. Alors que la solution que je propose n’a pas à souffrir de tous ces défauts. Là, encore plus qu’ailleurs, il faut se méfier des calculs intellectuels.
Les outils de simulation ne permettent-ils pas de lever ces difficultés ?
Absolument pas au niveau où nous en sommes. Le « seul mérite » des outils de simulation est de cacher les ignorances, et de laisser croire qu’on maîtrise vraiment le sujet. La remarque est d’ailleurs valable pour bien d’autres domaines que celui des services d’eau chaude. Prenez l’exemple du chauffage : là – comme ailleurs – il conviendrait de traiter la technique dans un cadre à part. Et même de la scinder en plusieurs sous-domaines, mieux ouverts aux évolutions futures, ces dernières étant souvent assez imprévisibles.
Que voulez-vous dire sur ce point ?
Qu’il vaudrait mieux ne pas chercher (une maladie intellectuelle fréquente) à tout traiter à la fois. Je vois, rien qu’en chauffage, au moins cinq secteurs de durées de vie différentes, des secteurs faciles à traiter séparément, ces secteurs étant les suivants, par ordre de durée de vie plus ou moins croissante :
. la ventilation d’abord (qui évoluera dans moins de dix ans à mon sens),
. la production de chaleur (ex. : il faut régulièrement changer les chaudières),
. l’émission de chaleur (ex. : on peut, de plus en plus, agir sur les consommations des pompes de circulation),
. les fenêtres ensuite (l’éclairage naturel et les apports gratuits peuvent évoluer avec les vitrages),
. l’isolation thermique des parois opaques.
Pour chacun de ces cinq segments (pris comme exemple) il est possible de donner des conseils pratiques et très efficaces. Et de les traduire en démarches recommandées, évoluant facilement au cours des années à venir. Traiter ensemble des chaudières et de l’isolation des combles, avec un critère global unique et séduisant (la consommation d’énergie) est une démarche faussement simple, accompagnée de calculs peu valables.
Roger CADIERGUES