Par Roger CADIERGUES le 04 Juillet 2019
9 Juillet 2012
J’ai, la semaine dernière, souligné les difficultés du solaire et de l’éolien, difficultés fortement liées au caractère aléatoire du soleil et du vent. Restent deux sources d’énergie renouvelable : l’hydraulique et la biomasse, qui n’ont pas ce défaut.
Que pouvez-vous dire à propos de l'hydraulique ?
Avant de vous répondre j'aimerais faire une remarque qui me tient à cœur, bien que je craigne qu'elle n'ait pas beaucoup de succès. Pour moi l'électricité n'est pas une énergie, mais un « véhicule » de transfert d'énergie. Tout comme l'eau chaude des réseaux de chauffage urbain. Dans ce cadre chaque réseau est caractérisé, non pas par une consommation d'énergie dite « primaire » (surtout avec des coefficients irréels), mais par son émission de CO2, déduction faite (les végétaux) du CO2 absorbé lors du développement. L'avantage de l'hydraulique (les chutes d'eau pour l'essentiel) est de fournir une énergie mécanique facilement transformable en électricité. Pour des raisons diverses ce secteur n'a pas été, en France et pendant un certain temps, correctement exploité partout où c'était possible et rentable. Ceci dit, la situation a beaucoup évolué ces dernières années, et - schématiquement - tout le potentiel hydraulique français, ou presque, me paraît désormais correctement utilisé. Reste donc la biomasse, qui connaît – à mon avis – trois voies de développement.
Lesquelles ?
La première voie repose sur l'usage du bois : c'est un sujet un peu complexe, sur lequel je reviendrai dans une prochaine lettre. La deuxième voie consiste à utiliser les déchets, pour l'essentiel les ordures ménagères. Dans tous les pays il y a une utilisation valable de plus en plus systématique de cette source potentielle d'énergie : il ne faut donc, probablement, n'en attendre qu'une utilisation systématique, mais encore limitée, souvent sous forme de cogénération (chaleur + électricité). Reste un troisième mode, dont l'avenir dépendn fortement, de la recherche.
De quoi s'agit t'il ?
D'une ressource actuellement centrée sur la production agricole de nouveaux carburants destinés au parc automobile. On peut citer, par exemple, la filière suivante qui semble pleine de promesses : la culture en bassin d'organismes monocellulaires (des microalgues) qui produisent sous l'influence de la lumière naturelle des huiles que l'on transforme en gazole. En fait d'autres voies existent déjà, et sont en pleine expansion, pour l'essentiel des productions d'éthanol, un biocarburant qui serait produit à plus de 80 millions de tonnes par an dès 2015. A mon avis rien ne s'oppose à ce que ces filières – nouvelles en grande partie – produisent, dans les 15 à 20 années qui viennent du combustible liquide ou gazeux « renouvelable » utilisable dans nos installations directes bâtiment tout autant que dans celles productrices d'électricité. Grâce à cela il se pourrait bien que, lorsqu'on essaie de vous faire peur avec le manque de combustible, ce soit une erreur, y compris sur le plan de la modération des émissions de gaz à effet de serre. Une conclusion est claire : ne pas mélanger toutes les énergies renouvelables quant à leurs qualités et chances d'emploi dans le futur. Une raison de plus pour être prudent dans les politiques nationales de l'énergie.
Roger CADIERGUES