Par David LEBANNIER, Responsable d’affaires Pôle Construction du BET POUGET
La RE 2020 est un sujet qui bouleverse toute la filière du bâtiment car elle intègre un nouveau paradigme, pourtant fondamental, qu’est la dimension carbone du bâtiment. Ci-après, l’auteur nous invite à aller plus loin dans notre réflexion au niveau de la conception pour se projeter avec un petit pas - à l’échelle du bâtiment de 30 ans, soit un «bâtiment 2020 compatible 2050 ». Car la grande novation n’est-elle pas de considérer le cycle de vie du bâtiment ? Et nos objectifs citoyens ne sont-ils pas de viser la neutralité carbone en 2050 ?
La Réglementation Environnementale 2020, RE2020, introduit un nouvel indicateur : les émissions de carbone. Dans son Plan Climat, la France s’est fixée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone 2050. Aujourd’hui 1er contributeur énergétique et 2nd contributeur carbone, le secteur du bâtiment doit diviser par 2 ses consommations énergétiques d’ici 2050 et par 20 ses émissions carbones.
En résidentiel, pour atteindre ces objectifs, il sera nécessaire de rénover le parc existant à un rythme de l’ordre de 500 000 logements par an au niveau BBC. Un véritable défi à relever, qui va mobiliser des ressources financières et humaines importantes.
Les enjeux autour de la construction neuve sont également importants. Dans la période 2020-2050, près de 10 millions de logements seront construits, soit près de 30% du parc en 2050.
La construction neuve doit ainsi être exemplaire, et ce à trois titres : la construction (matériaux) bas carbone, l’atteinte d’une performance énergétique ambitieuse (exploitation) et le recours à des énergies peu carbonées.
Inscrire la construction neuve sur la trajectoire 2050, dès 2020 !
La SNBC a fixé un objectif : les bâtiments neufs doivent atteindre une performance de 20 kWh / m².an.
L’atteinte du double objectif « performance énergétique ambitieuse » et « viabilité économique » nécessite de s’arrêter sur l’impact des choix d’aujourd’hui sur les interventions de demain.
A ce titre, trois scenarios sont envisageables :
1/ RE2020 « proche » de la RT2012, sans garde fous sur la construction, des rénovations « classiques » ne permettront pas d’atteindre la cible 2050.
2/ même niveau au départ et moyennant des rénovations lourdes, l’objectif peut être atteint (?) à un coût global rédhibitoire (cf. constat ci-dessus).
3/ Scénario proposé, « compatible 2050 » via une meilleure conception des bâtiments, en intégrant des évolutions légères anticipées et programmées, la cible est atteinte !
Nous pensons que pour garantir des bâtiments compatibles 2050, nous devons concentrer nos efforts dès aujourd’hui sur les éléments complexes à rénover demain. Les nouveaux bâtiments doivent embarquer, dès leur construction, la performance qui les amènera à l’objectif 2050 avec les évolutions « courantes » (remplacement d’un élément en fin de vie) et « non complexes » (viable économiquement).
L’enveloppe du bâtiment construite aujourd’hui existera encore en 2050. Les équipements, eux, auront été remplacés, une voire deux fois. Nous devons à ce titre soigner la qualité de l’isolation des façades et le traitement des ponts thermiques associés.
A l’instar de l’obligation de prévoir une réservation pour une évolution du mode de chauffage en maison individuelle, il faudrait également réfléchir ce type d’évolution et de réversibilité sur l’ensemble des immeubles. Réserver un emplacement en toiture pour panneaux solaires (photovoltaïque ou thermique, surement plus performants dans quelques années), prévoir un emplacement collectif (pour une installation d’énergie renouvelable), … pour permettre aux bâtiments d’intégrer à terme des énergies plus vertes et moins carbonées !
Nous faisons confiance aux industriels pour proposer des produits de plus en plus performants, que nous saurons interchangés pour des rénovations modulaires et légères (menuiseries, isolation des terrasses, isolation en sous-face de plancher bas).
Construire bas carbone dès maintenant
En résidentiel, les émissions carbones liées aux matériaux du bâtiment sont équivalentes aux émissions liées à l’exploitation du bâtiment sur 50 ans. Il est donc urgent d’agir dès maintenant sur le choix des matériaux. Ce constat est d’autant plus vrai que les émissions de construction sont émises à date, i.e.
Pour aller plus loin
Si le neuf doit être conçu avec une perspective compatible 2050, il en est de même pour les rénovations lourdes qui doivent forcément s’aligner sur un nouveau cycle de vie long aussi important à prendre en compte pour la construction neuve.
Par David LEBANNIER, Responsable d’affaires Pôle Construction du BET POUGET
Source et lien
Construire et rénover le bâtiment 2020 compatible 2050 réside en une conception sur le long terme c'est à dire le cycle de vie du bâtiment. 2050, ce n'est que dans 30 ans soit une première partie de la vie d'un bâtiment. La concomitance entre la neutralité carbone visée en 2050 et la nouvelle conception de bâtiments bas carbone vont désormais amener les investisseurs, les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre à raisonner à long terme intégrant la flexibilité et la multiplicité des usages, intégrant différentes typologies d’usagers, de différentes SCP et de différents âges avec des modes de vie de plus évolutifs.
Les projets de bâtiments neufs ou lourdement rénovés doivent désormais «se projeter » dans les 30 ans à venir à minima, avec des prévisions d’équipements et de matériaux recyclables, des fonctionnalités potentielles pour plus de confort (pré-réservations, pré-fourreautages, …) , plus d’interactions avec de nouvelles énergies ou un mixte énergétique, plus d’interactions avec les voisins et autres usagers pour des échange d’énergie ou les partages de locaux à usages communs.
Une interaction désormais inévitable avec la mobilité individuelle, ses évolutions et la mobilité collective. Soit un concept forcément élargi à l’ilot et au quartier pour ne pas dire à la ville. « Le bâtiment 2020 Ready 2050 » va bouleverser nos habitudes courtermismes. Le bâtiment 2020 Ready 2050, c’est le thème du prochain EnerJ-meeting qui aura lieu à Paris le 6 février prochain. Pour y participer www.enerJ-meeting.com