Encore beaucoup d’efforts à faire pour abaisser le prix des PAC !
Lors du Forum européen de la PAC, organisé à Paris la semaine dernière par l’EHPA, l’association européenne de la PAC, Martin Forsén, président de cette association, a jugé que les directives européennes sur l’écoconception et l’étiquette énergétique étaient encore insuffisantes. Et il espère que la révision en cours de plusieurs directives permettra à la PAC de gagner de nouvelles parts du marché européen du chauffage, alors que, pour l’instant, sur ce marché, la PAC, en dépit de ses atouts, ne parvient toujours pas à prendre l’ascendant sur les chaudières. L’une des principales raisons de cet insuffisant succès commercial de la PAC, c’est bien évidemment le prix : Peter Jocic (de Nibe) a ainsi observé que, sur le marché européen du chauffage individuel, les prix des PAC allaient de 10 000 à 25 000 euros selon les pays, alors que, en chaudières, ils se situaient entre 500 et 5 000 euros. M. Jocic a estimé qu’il était nécessaire d’abaisser considérablement les prix des PAC pour se rapprocher de ceux des chaudières.
Autre intervenant du colloque, Chantal Degand (EDF) a insisté sur la nécessité d’efforts de R&D pour améliorer les performances des PAC, tandis que le président de l’EHPA rappelait, pour sa part, qu’il existait encore un gros potentiel d’amélioration de ces performances. Lors du colloque, toutefois, Eric Bataille (groupe Atlantic), qui fait partie du « board » de l’EHPA, a déclaré à ThermPresse que ce processus d’amélioration, largement sous l’influence de l’évolution réglementaire, devrait être progressif, c’est-à-dire pas trop rapide, sous peine de rendre le prix des PAC trop élevé pour beaucoup de ménages.
Même si un certain sentiment de frustration était perceptible, lors du colloque, au sujet de cette difficulté de la PAC à s’imposer face à la chaudière, les participants ont pu aussi entendre des messages d’espoir quant à l’avenir des PAC : Mme Degand a ainsi estimé que la PAC - « hybride ou non », a-t-elle dit - était l’une des principales solutions pour réduire les émissions de CO2 des bâtiments, tandis que, de son côté, Kornelis Blok (d’Ecofys) soulignait que l’accord de Paris lors de la COP 21 allait imposer, dans les décennies qui viennent, une accélération du remplacement des équipements de chauffage fonctionnant aux énergies fossiles par des équipements sans émission de CO2 - et tout particulièrement par des PAC.
PAC : « important potentiel de croissance d’ici 2020 »
En PAC, « le potentiel de croissance reste important dans beaucoup de pays européens », vient de souligner une étude d’EurObserv’ER, qui prévoit une production européenne de 12,7 Mtep en 2020 (contre 7,9 Mtep en 2014). Pour que le marché puisse croître, la taxation des énergies fossiles est une solution, poursuit l’étude. De plus, l’obligation EnR en construction neuve devrait s’étendre au segment de la rénovation, où les perspectives de croissance sont plus étendues. Selon EurObserv’ER, le marché européen des PAC a représenté en 2014 un chiffre d’affaires de 13,8 milliards d’euros, avec un effectif de 90 000 emplois. Derrière l’Italie, la France occupe la deuxième place sur le marché européen, avec un chiffre d’affaires 2014 de 2,5 milliards d’euros (contre 2,1 milliards en 2013) et des emplois directs et indirects de 30 000 (contre 32 000), indique l’étude, qui, par ailleurs, estime le parc européen, à fin 2014, à 25,2 millions de PAC aérothermiques (contre 23,6 millions en 2013) et à 1,3 million de PAC géothermiques (1,2 million). Avec, pour la France, 4 295 091 PAC aérothermiques (3 879 383) et 144 069 PAC géothermiques (140 820).
Six projets étudiants de chaudières gaz futuristes
A la suite d’un concours européen de « concepts de rupture » en matière de chaudières gaz, concours organisé pour la première fois par GRDF à destination d’étudiants et jeunes diplômés d’écoles de design, d’architecture ou d’ingénierie, et ce vue de la réalisation de prototypes et, par la suite, d’une éventuelle industrialisation, concours auquel ont participé 204 étudiants de 19 pays, voici les six projets lauréats : Calidus (chaudière à condensation + moteur Stirling + VMC double flux ; Hephaïstos (insert + accumulateur d’ECS + réseau de chauffage ; Iconic (chaudière à condensation en forme de sphère) ; Cook&O’ (table de cuisson + four + chaudière à condensation + production d’ECS) ; Kuma (système de chauffage et de production d’ECS et et d’électricité.) ; Buddy (chaudière avec ballon ECS et régulation permettant la production de chaud ou de froid).
Chauffage : Coénove réclame une future RT sans « monopole » de l’électricité
En vue de la future réglementation des bâtiments neufs, la RE 2018, prévue pour 2020, mais qui devrait être précédée dès 2018 par un label, l’association gazière Coénove vient de souhaiter un « mix énergétique équilibré » et le maintien d’une « pluralité des énergies et des solutions ». Elle recommande d’éviter, surtout, d’accorder au chauffage par l’électricité quelque « monopole » que ce soit, ce qui «ajouterait des consommations d’électricité en période de pointe», souligne l’association, qui ajoute que cela conduirait par ailleurs à généraliser ce type de chauffage «à moyen terme en rénovation». Le réseau électrique ne supporterait pas un transfert massif des usages vers l’électricité, insiste-t-on à Coénone. Toute réglementation qui inciterait l’électricité de pointe au détriment des énergies à usages thermiques, pénaliserait l’équilibre énergétique de la France. Entre autres recommandations de l’association en vue de la RE 2018, on citera : la nécessité de prendre en compte l’impact environnemental (CO2, eau, déchets) du logement, « depuis sa création jusqu’à sa destruction »; un renforcement « modéré » des exigences sur le bâti et les systèmes; l’intégration des usages dits «spécifiques» de l’énergie dans le périmètre réglementaire; aucune « rupture technologique » afin d’encourager la R&D et de «donner de la visibilité à la filière»; un renforcement du Cepmax et Bbiomax, en résidentiel, « de l’ordre de -5 à -10% ».
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Exemple d'un numéro de ThermPresse : ThermPresse du 25 Janvier 2016
Tout effort réalisé pour baisser le prix d'un produit de première nécessité (le chauffage) est par nature salutaire pour le consommateur qui est économiquement contraint.
Cette démarche est d'autant plus salutaire que ce prix arrive trop souvent sur une addition déjà établie. Le choix du système de chauffage se fait sous forte contrainte économique dans les constructions neuves car les derniers euros disponibles vont à la cuisine équipée plutôt qu'à la chaufferie. Le choix du système de chauffage se fait sous contraintes économiques et techniques en rénovation car il s'agit trop souvent du remplacement d'un système en panne donc d'une dépense non budgétée et pour un remplacement dans l’urgence donc pour une solution technique équivalente.
En ce qui concerne la dimension prix dans les comparatifs « chaudière – pompe à chaleur » en particulier mais entre tous les systèmes de chauffage, les indications vers le consommateur devraient être plus explicites. Elles pourraient intégrer le « coût total d’utilisation », en projetant en euros et sur 15 ans au-delà du prix de l’équipement, un montant d’installation et un montant de consommation pour une charge partielle normative à définir. Elles pourraient également intégrer le « coût total carbone », en intégrant le coût carbone de production du système de chauffage mais aussi et surtout son coût carbone pour les 15 années à venir de production de chauffage. Cette dernière addition devant se faire avec un coût équivalent carbone pour chaque kwh d’électricité consommé.
Luc Jacquet – co-fondateur et co-dirigeant de boostHEAT.