Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous avons vu progressivement et notamment dans le la dernière chronique que nous touchons de plus en plus les individus et leurs modes de vie dans et autour du bâtiment. C’est bien le propos initial et l’ambition de ce « bâtiment responsable » car ce n’est pas le bâtiment lui-même qui est responsable, c’est le bâtiment qui permet des modes de vie responsables des individus eux-mêmes.
Dans les dernières séquences, notons qu’il est apparu plus rapidement que prévu, la question des objets et du bâtiment connectés tournés vers une intelligence artificielle pour nous aider à profiter de modes de vie nouveaux tout en augmentant notre niveau de confort global c’est pour cela que nous évoquons de plus en plus la notion de bâtiment responsable augmenté. Ce bâtiment de demain est bien loin d’un mode d’ascétisme stoïcien, mais plus proche d’un mode de vie épicurien, c’est-à-dire près de l’équilibre et d’un confort holistique proche du plaisir voire du bonheur.
Nous avons noté la nécessité pour l’individu responsable de rester libre et non esclave, c'est-à-dire maître des facilités qu’apporte la digitalisation des services. « Oui » à ces facilités nouvelles mais à condition que nous maîtrisions leur fonctionnement et leur finalité, d’autant plus si elles concernent not re vie privée, notre coffre-fort personnel !
1 - Accélération des changements dans nos modes de vie
Remarquons que nous avons découvert des potentialités importantes de modifications des modes de vie. C’est un individu « vivant » qui est dans le bâtiment et dans son environnement, avec en premier lieu le lien direct avec de nouvelles formes de mobilité : co-voiturage, voiture automatique, hybride, électrique, connectée, transport en commun et même la mobilité douce sans pollution, etc, …
Nous observons également le gisement énorme des modifications des modes de vie de nos habitudes alimentaires avec la présence du bio, des mouvements végétariens, des cantines avec circuits courts, des locavores … Même si aujourd’hui les différences restent importantes entre les alimentations très carbonées et moins carbonées alors qu’il devrait s’agir d’un droit commun égalitaire à l’alimentation. Le potentiel d’évolution est donc sur ce plan là énorme.
Et il y a aussi le gisement que nous qualifierons d’organisation sociale de la ville, c’est-à-dire dès lors que nous « vivons ensemble », de nouveaux modes de vie s’organisent autour du partage, des échanges, de la solidarité, et de la synergie de nouveaux services. Soit un gisement très fort du vivre ensemble en connexion au-delà de sa propre sphère isolée. Cette trajectoire de vie sociale colle parfaitement avec celle que nous avons vu émerger à partir du BEPOS seul et isolé, vers un « BEPOS pour tous » qui se partage soit à l’échelle du quartier, de la ville, ou du territoire.
Soulignons également les gisements et modifications de nos modes de vie autour de la gestion du carbone autour des produits recyclés, soit cette nouvelle économie circulaire qui apporte de fortes potentialités d’économies carbone, en recyclant intelligemment ce qui a été le fruit d’une énergie et d’une dépense carbone. Recycler des matériaux, évite de les jeter, pour en faire quoi et pour les mettre où ? On n’a donc pas à les refabriquer et on ne met pas la même énergie carbonée à les recycler.
Ainsi, nous sommes en train de découvrir que le champ de la décarbonisation par une modification des modes de vie, nous livre, et c’est une bonne nouvelle, des grandes possibilités de progresser vers une société bas carbone.
Nous pourrions imaginer, comme pour la société dite « 2000 Watts (qui mesure une part énergétique maximum suffisante), une société civile avec un niveau bas carbone maximum. Ainsi nous pourrions avec ces deux critères évoquer une société 2 000 watts et xx tonnes carbone. Cependant, il y a un risque à normer, voire à contraindre ainsi les individus et leurs modes de vie. Il faut laisser la liberté de d’être « responsable » par plusieurs moyens, avec une liberté d’action du côté du bâtiment, du côté des transports, du côté de l’alimentation, … Chacun étant responsable et libre, étant économe et épicurien à la fois. Les garde-fous peuvent être imaginés dans être nécessairement contraignants, ils demeurent éthiques, politiques et dans le respect de la liberté des individus. Nous le constatons, ce sont les individus eux-mêmes qui modifient leurs modes de vie.
2 - Un bâtiment augmenté qui nous protège
La liberté de nos modes de vie se conjugue avec la notion de propriété et de protection de nos données. C'est-à-dire de préservation de nos modes de vies les plus personnels. Protection et préservation mènent une course folle et concomitante au développement de la digitalisation et de l’observation de nos modes de vie. Ainsi, propriété et confidentialité des données doivent être préservées avec autant d’intelligence que « l’intelligence artificielle » galopante. Et ce, à l’échelle du bâtiment, du quartier, de la ville et même de l’Etat qui politiquement doit fixer les règles.
Les enjeux économiques sont tels que la digitalisation de notre vie collective à l’exemple du maintien à domicile des personnes âgées, de la surveillance et de « l’hôpital à la maison », du télétravail, des transports et autres usages et services collectifs, … si elle est d’un gisement exceptionnel, doit dans tous les cas être extrêmement sécurisée auprès des ayants droits (famille, médecins, employeurs, …) et ne doit en aucun cas nous « voler » notre sphère privée !
Le marché des données est la nouvelle richesse et puissance du 21ème siècle. Attention donc à la marchandisation de nos modes de vie pour mieux nous faire consommer. Un simple Assistant de type robot peut analyser vos comportements et si vous êtes à 23° chez vous, vous n’avez pas de pull-over ; si vous êtes à 19° chez vous, forcément vous avez des pulls, donc vous ne recevrez pas la même pub d’une chemisette dans le premier cas, d’un pull dans le second … Ce qui valable au sein d’un habitat, peut l’être à l’échelle d’une ville, d’une collectivité, d’un Etat.
En conclusion, tous les gisements et potentialités de modification de nos modes de vies sont bien là, et leur aboutissement vers des comportements responsables dans un bâtiment augmenté responsable ne pourra se faire qu’à deux conditions essentielles : la première, c’est que ce soit agréable, attirant, soit « désirable », et la seconde, c’est que sa propre liberté soit préservée et protégée.
Alain Maugard
« Le Bâtiment Responsable - Le Bâtiment Augmenté » - Regards d'Alain Maugard -
Mars 2018
A PARAITRE en Mars 2018 l’EBOOK Gratuit !
Cher lecteur d’Xpair,
Prochainement à la fin du mois de Mars 2018, Alain Maugard fera paraître le Tome II « Du Bepos au Bâtiment Responsable 2020/2030 » suite de son Tome I « Le Bepos pour tous » publié en 2015.
Dans ce nouvel ouvrage électronique qui sera également distribué en libre distribution, il développera la notion de BEPOS, dont il est à l’origine, pour nous amener à réfléchir et à agir sans tarder sur le bâtiment responsable, c'est-à-dire conçu par des individus responsables et pour des individus responsables.
A très bientôt donc !