Par Alain MAUGARD, président de QUALIBAT le 04 Juillet 2019
Nous n’y avions pas pensé au départ, mais ce chapitre sur la biodiversité fait émerger pleins d’idées créatrices, innovantes et « agréables ». D’œuvrer pour un bâtiment intégrant la biodiversité n’est-il pas plus agréable que les changements de comportement qu’implique, parfois, la sobriété énergétique ? La biodiversité n’est pas un combat, c’est une réflexion agréable qui ne nous contraint pas et qui répond à nos besoins les plus profonds de contact avec la nature.
L’hédonisme c’est la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir, l’objectif du bâtiment et de la cité de demain.
Et demain c’est en 2020 !
Le bâtiment et la ville sans devenir « la » solution, peut ainsi devenir une part de la solution de la biodiversité et de plus sans se positionner comme une nouvelle contrainte nous aider à vivre mieux dans notre espace de vie. L’individu étant le premier bénéficiaire. Au-delà de la responsabilité mondiale de préserver la planète, et de notre devoir collectif d’être citoyen du monde ce que certains pourraient considérer comme un poids imposé, la préservation de la biodiversité au sein de la ville et du bâtiment peut être un plaisir et un émerveillement personnel quasi égoïste disons plutôt hédoniste, dans la mesure où il tire le plaisir vers soi.
1/ Biodiversité : Le passage aisé du bâtiment à l’urbain
Après avoir dit que le bâtiment pouvait être moins prédateur de la biodiversité que prévu et être créateur in situ d’une biodiversité nouvelle, posons-nous la question comme nous l’avons fait pour le BEPOS de la pluralité des échelles : celle de l’îlot, celle du quartier et celle de la ville ; à l’évidence, la biodiversité peut être présente aussi à ces échelles.
Parlons donc de la création d’une nouvelle biodiversité urbaine. Celle-ci est forcément plus riche que si elle était limitée au seul bâtiment du fait des espaces communs : voierie, squares, parcs, … Faire venir la nature dans la ville a toujours été au cœur des choix urbains.
Rappelons que la ville initialement était peuplée d’anciens ruraux qui étaient devenus des nouveaux urbains. Les habitants des villes étaient des néo-urbains qui avaient en mémoire les espaces ruraux et quand ils avaient l’idée d’intégrer la nature dans la ville, elle devait être forcément différente de celle qu’ils connaissaient jadis. D’où l’apparition de jardins ordonnés, de parcs et d’espaces verts organisés, comme les jardins à la française et à l’italienne où même, des jardins à l’anglaise qui représentent une nature domestiquée ou recomposée pour ces derniers. Ensuite cette génération de néo-urbains ont eu des enfants « nés urbains » qui ont coupé petit à petit les liens avec la campagne. Ainsi, la dernière génération de jardins qui apparaissent désormais en ville, apporte non pas une nature domestiquée mais une nature complexe, plus authentique avec des herbes folles. La biodiversité urbaine est donc passée par des phases d’adaptation et de modifications venant de la civilisation urbaine elle-même.
Alors qu’avant l’image d’un potager était quelque peu décalée et considérée comme peu esthétique car attribuée au monde rural, ne voit-on pas aujourd’hui de multiples potagers reconquérir les villes avec une image plutôt positive ? Les urbains s’aperçoivent - au-delà du plaisir de dégustation des légumes - que les fleurs de petits pois ainsi que les fleurs de tomates sont jolies ; la variété et la biodiversité sont appréciés. Les « espaces verts » deviennent plus que cela, ils deviennent des « espaces de biodiversité ». Les urbains en ont désormais besoin !
2/ La ville appelle une nouvelle biodiversité
Le cœur de la ville est en train de réintégrer ce qu’il avait exclu auparavant : la diversité de la nature et donc la biodiversité. Paradoxalement si la société moderne est considérée comme en train d’appauvrir la biodiversité, c’est la ville, en fait, qui appelle une nouvelle biodiversité. C’est bien la ville actuelle qui recrée l’agriculture urbaine. Dans l’appel à projets innovants cité auparavant « réinventer Paris, n’y a-t-il pas des projets de fermes urbaines ? Il y a de plus une concomitance directe entre les circuits courts et les produits locaux. Citons le retour dans les villes des espèces agricoles locales de qualité et d’origine et qui arrivent à maturité au bon moment. L’essor de la production agricole urbaine n’est pas une mode ; c’est un plaisir nouveau offert aux habitants des villes.
Ainsi, la civilisation urbaine devient paradoxalement plus que la campagne, le théâtre de la reconquête de la biodiversité. Le bipole monde rural, monde urbain change de rôle ; désormais, c’est la ville qui devient le moteur positif et attractif de la biodiversité. En attendant que le monde rural se rééquilibre et prenne le relais.
Après la récolte des photons, c’est le temps de la récolte des fruits et légumes locaux urbains qui arrive !
Chers lecteurs,
L’été sera propice à la réflexion et aux vacances, aussi, je vous donne rendez-vous pour de nouveaux « regards » dès Septembre sur le sujet des « externalités ». Nous découvrirons quelles sont ces nouvelles externalités enrichissant la valeur même du bâtiment.
Alain Maugard