Par Dominique BIDOU, président d'honneur de l'Alliance HQE-GBC France le 19 Janvier 2021
Parmi les bonnes résolutions que nous pouvons prendre en ce début de décennie, une décennie capitale selon tous les experts, privilégions ce que nous pouvons faire, ici et maintenant.
La rénovation énergétique des logements, un chantier colossal en investissement et accompagnement
Changements importants et investissements
Nous savons que si nous devenions tous sages, du jour au lendemain, nous serions encore loin du compte. Il faut plus que la somme des changements individuels pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique et la chute de la biodiversité. Il faut des investissements importants, de manière à obtenir des changements structurels, pour dépasser les résultats de nos efforts personnels.
Beaucoup d’argent, les centaines de milliards qui peuvent faire peur mais qui ne sont pas hors de portée. D’une part parce que, comme le sauvetage des banques en 2008 et la crise sanitaire de la COVID le montrent, l’argent est une création humaine, et par suite gérable, et ensuite parce qu’il ne s’agit pas de dépenser plus mais autrement. Finies des subventions aux énergies fossiles, qui se chiffrent en pourcents de PIB mondial, pour ne prendre qu’un exemple. C’est au contraire l’absence ou la faiblesse d’investissements dans les transformations attendues qui coûtent cher, 100 milliards d’euros par an en France pour la seule pollution atmosphérique pour, là encore, ne prendre qu’un exemple.
Ces investissements sont largement rentables, et les coûts du statu quo ne cesseront de s’accroître.
Mais il faudra du temps pour que ces changements structurels voient le jour et atteignent l’ampleur nécessaire pour donner des résultats tangibles. Ce sont d’énormes paquebots qui ne se manœuvrent pas aisément. Il faudra des dizaines d’années pour mettre à niveau le parc de logement, il en faudra autant pour transformer nos territoires, les rendre plus autonomes, réduire le besoin de mobilité et offrir d’autres modes de transport, de personnes et de marchandises.
La refonte de nos systèmes de production et de distribution d’énergie est aussi une affaire de longue haleine. Les exemples sont multiples de domaines où des bouleversements sont à attendre, avec d’importants bénéfices pour chacun comme pour la société. Faut-il attendre passivement ces transformations, ou bien anticiper, s’y préparer activement ?
Le cas du logement nous apporte une réponse dans le temps
La rénovation des logements qui ne doit pas être que thermique et doit assurer à la fois plus de bien-être et des économies de ressources, est aussi lente à démarrer que la vaccination contre la COVID.
Les objectifs quantitatifs annoncés sont loin d’être atteints, et même s’ils l’étaient, les bénéfices attendus arriveront bien tard. A l’inverse, diverses opérations comme les familles à énergie positive de l’ADEME ou d’autres conduites par des ONG, montrent qu’un gisement d’économies est disponible dès maintenant, à la condition de monter un accompagnement des ménages. Des « ambassadeurs » du même type que ceux qui ont été imaginés pour le tri des déchets.
Un accent mis sur le fonctionnement, en prélevant une infime part des sommes consacrées aux travaux lourds, permet d’obtenir des résultats immédiats de réduction des émissions de CO2, tout en faisant faire des économies aux personnes concernées.
C’est une culture des économies d’énergie qui peut être stimulée dès maintenant
Avec un double dividende, immédiat comme nous venons de le voir, mais aussi pour l’efficacité des travaux à venir, qui seront compris et attendus au lieu d’être imposés, et donneront de ce fait une bien meilleure performance.
Un raisonnement qui pourrait être étendu à d’autres domaines, comme la mobilité.
Pour beaucoup, la voiture est aujourd’hui inévitable. Mais chacun peut faire des économies en adoptant l’éco-conduite et en entretenant son auto. Ne serait-ce qu’avec le bon gonflage des pneus, il y a 10% de consommation à gagner.
La grande période d’investissement que nous allons connaître pour transformer nos économies donnera ses pleins effets si elle est comprise, attendue et accompagnée par chacun d’entre nous.
L’effort personnel à fournir, et qui doit être soutenu par les pouvoirs publics, ne donne pas les résultats qu’un changement structurel apportera, mais il doit s’inscrire dans une politique d’acculturation de tous aux enjeux du développement durable, gage de l’efficacité de la transformation à conduire.
Un peu d’argent pour le fonctionnement, c’est un sérieux coup de pouce pour les investissements.
Tous mes vœux pour une bonne année 2021 !
À propos de l'auteur
Dominique Bidou
Ingénieur et démographe de formation, Dominique Bidou a été directeur au ministère de l’Environnement et est Président d’Honneur de l’association HQE (désormais Alliance HQE – GBC). Il est consultant en Développement Durable, a écrit de nombreux ouvrages tels que « Le développement durable, une affaire d’entrepreneurs », anime son blog...